Les Beatles y ont séjourné lors de leur première tournée aux États-Unis, Michael Douglas et Catherine Zeta-Jones y ont célébré leur mariage et les lieux ont servi de décor à une panoplie de films, dont North by Northwest, d'Alfred Hitchcock, et la comédie Home Alone 2.

Cet endroit, c'est l'hôtel Plaza, une véritable légende à New York.

Depuis son ouverture, en 1907, cet hôtel de style renaissance française, situé sur la Fifth Avenue, face à Central Park, accueille les stars et les visiteurs fortunés de passage, ce qui en fait l'un des deux hôtels les plus célèbres de New York, avec le Waldorf-Astoria. Deux établissements considérés comme des «monuments historiques». Les prix, à partir de 700$ par nuitée, sont évidemment à la hauteur de la réputation de l'endroit. L'hôtel a subi une cure de rajeunissement grâce à un investissement de 450 millions de dollars et des travaux réalisée entre 2005 et 2008.

Au cours de cette transformation extrême, l'hôtel a réduit le nombre de chambres de 800 à 282, tandis qu'une partie de l'hôtel a été convertie en 152 luxueuses copropriétés, dont les prix, avant récession, atteignaient les 5000$ le pied carré, un record absolu à New York. Des oligarques russes et des gens d'affaires de la mode et de la Formule 1 se sont précipités pour acquérir une parcelle de ce symbole.

Un rêve qui s'est cependant transformé en cauchemar pour certains d'entre eux, insatisfaits du produit livré. Les querelles judiciaires entre les acheteurs mécontents et le promoteur, El-Ad (bien connus des Montréalais comme étant le propriétaire des pyramides olympiques), font encore le bonheur de la presse new-yorkaise, qui suit de près cette saga.

La rénovation de la section hôtelière s'est également faite dans la controverse. Craignant la destruction des éléments-clés de son architecture, les protecteurs du patrimoine (dont Madame Sex in the City elle-même, Sarah Jessica Parker) ont demandé, et obtenu, de la part du maire de New York, Michael Bloomberg, la protection des espaces communs.

Un résultat mitigé



La Grande Dame de la 5e Avenue a-t-elle perdu son âme dans les rénovations? Oui, clament plusieurs spécialistes du patrimoine. Les promoteurs ont voulu en faire l'adresse la plus prestigieuse de New York: à force d'en faire trop, le Plaza s'est finalement donné des airs semblables à ceux des grands hôtels de Dubaï. L'opulence de la décoration ferait passer Donald Trump pour un adepte du style minimaliste ...

Du côté des chambres, on a fait table rase avec le passé afin de mieux répondre au goût du jour. Pour faire luxueux, on a plaqué «or» tout ce qui pouvait l'être: robinetterie, murs et planchers en céramique, lustre et tête de lit, etc. Ça frôle l'indigestion. Côté mobilier, le style aurait séduit Louis XV, mais est-ce vraiment ce qu'on attend d'un hôtel dans une ville à l'avant-garde comme New York?

Qui fréquente le Plaza? «On voit de tout ici. Une famille du Midwest peut côtoyer des princes arabes», dit Amanda Schinder, relationniste de l'hôtel.

Les frais d'hébergement de ce reportage ont été payés par Fairmont.

Chronologie

1907 - Ouverture du Plaza

1925 - Le classique de F. Scott Fitzgerald, The Great Gatsby, comporte des scènes se déroulant au Plaza.

1953 - Frank Lloyd Wright s'installe dans une suite pendant six mois, lors de la construction du musée Guggenheim.

1958 - Miles Davis, Duke Ellington et Billie Holiday donnent un concert. Un album, Jazz at the Plaza, sortira plus tard.

1986 - Le Plaza devient un «National Historic Landmark».

1988 - Donald Trump acquiert l'hôtel pour 390 millions US.

1992 - Woody Allen y déclare son amour à sa fille adoptive.

1995 - Fortement endetté, Donald Trump vend le Plaza à un prince saoudien pour 325 millions US.

2004 - El-Ad achète le Plaza pour 675 millions US.

2005 - L'hôtel ferme pour des rénovations majeures.

2008 - Réouverture de l'hôtel le 1er mars.

Photo: fournie par Fairmont