En ski sur les sommets de Whiteface Mountain, en patin sur l'ovale extérieur, en ski de fond ou en dévalant la piste de bobsleigh, on est toujours sur les traces des athlètes olympiques à Lake Placid, sauf en fin de journée, dans une auberge de charme où l'on redevient gourmet et pantouflard.

Alors que Whistler et Vancouver angoissent encore sur la valeur et l'utilité de l'héritage des Jeux olympiques d'hiver, Lake Placid vit toujours sur la lancée des Jeux olympiques de 1980 et de 1932. Les Jeux ont effectivement été présentés deux fois à Lake Placid, petit village de 2600 habitants niché au coeur des Adirondacks, au bord de Mirror Lake, dans l'État de New York.

 

«Chaque nouvelle échéance olympique ravive l'intérêt des visiteurs pour Lake Placid», affirme Kim Rielly, directrice des communications de l'Office régional du tourisme durable.

Car 30 ans plus tard, la flamme olympique reste vive dans ce hameau où les anneaux olympiques sont visibles partout et qui dispose toujours d'infrastructures sportives de calibre international.

Tourisme olympique

Précisons cependant que les installations sportives ont été prises en charge par l'État de New York dès 1981, ce qui a permis de maintenir en fonction des équipements spécialisés comme les pistes de bobsleigh ou les rampes de saut à ski, dont les tours monumentales se dressent dans la forêt comme des chevalets de mine géants au sommet desquels les visiteurs se hissent en ascenseur pour admirer le panorama.

Le Centre olympique, où les hockeyeurs américains ont défait les Russes en 1932 et en 1980, pour emporter l'or les deux fois, est toujours en activité. Il abrite même un musée qui relate l'histoire des Jeux d'hiver en mettant en relief ceux qui se sont déroulés ici ainsi que les nombreux champions issus de la région des Adirondacks. Même la longue piste ovale de patinage de vitesse, qui s'étire sur 400 m et brille de tout son lustre au coeur du village, est accessible au public tous les soirs.

Quant au centre alpin Whiteface, la montagne olympique qui a accueilli les compétitions de ski, il s'agit certainement de l'une des plus agréables stations de sports de glisse au sud du Saint-Laurent.

Le Lake Placid olympique est devenu un attrait touristique majeur et tout à fait incontournable en hiver. Au Complexe de sport olympique, sur le mont Van Hoevenberg, une foule de skieurs de fond s'élance sur les 50 km de pistes alors que plus de 400 personnes par jour vivent l'expérience ultime d'une descente en bobsleigh sur la piste olympique.

D'autre part, comme le souligne Cristina Lussi, vice-présidente du Crowne Plaza Resort and Golf Club, femme d'affaires issue d'une famille hôtelière associée de près à l'olympisme depuis trois générations: «L'économie de Lake Placid a connu une mutation de l'olympisme vers les manifestations sportives, avec la tenue d'une multitude de compétitions nationales et internationales. C'est ce qui fait tourner notre hôtel et c'est ce qui mobilise la population locale, qui a compris l'importance du bénévolat et de l'engagement individuel depuis les premiers Jeux.»

Une tradition

Ce ne sont pas les Jeux olympiques qui ont amené la villégiature à Lake Placid. C'est plutôt le contraire puisque, dans la seconde moitié du XIXe siècle, les estivants commencent à affluer dans la région, attirés par la pêche et la montagne. Grâce à l'enthousiasme de certains visionnaires, dont Melvil Dewey, Lake Placid devient dès 1914 le premier centre de villégiature hivernale aux États-Unis.

Toujours sous l'impulsion de la famille Dewey, Lake Placid accueille les troisièmes Jeux olympiques d'hiver en 1932, battant Montréal et sept autres villes américaines candidates. Les Jeux réunissaient alors 17 pays, qui rivalisaient dans neuf disciplines seulement.

Depuis, la villégiature a connu un essor prodigieux autour de Mirror Lake. Hôtels et motels ont poussé comme des champignons, la plupart adoptant l'architecture montagnarde inspirée de Saint-Moritz, où les Jeux s'étaient déroulés en 1928.

Dans la rue principale, les restaurants succèdent aux boutiques de souvenirs, antiquaires, cinéma, bars et églises.

Mirror Lake Inn

Le Mirror Lake Inn, une splendide auberge de style colonial dont l'histoire remonte à 1924, nous ramène aux débuts des sports d'hiver, quand les femmes skiaient en robe longue et que les hommes escaladaient les pics escarpés en pantalon bouffant, coiffés de chapeaux de feutre.

Le qualificatif chaleureux prend tout son sens dans le décor ouaté de ce havre de quiétude où tout le monde chuchote et d'où le téléphone cellulaire est banni. Dans les petits salons aux boiseries sombres, les grands foyers de pierre dispensent une chaleur apaisante au son du carillon qui résonne tous les quarts d'heure. L'odeur piquante de la cannelle, sous le regard fixe des têtes empaillées d'orignaux ou de caribous, se mêle aux effluves du thé de 16h.

À ces doux plaisirs s'ajoutent ceux du spa et des bains, la gentillesse remarquable du personnel ainsi que la table gastronomique du View Restaurant, à laquelle le CAA a attribué quatre diamants. Pour le repas du midi ou une soirée décontractée, l'auberge propose le Cottage, un pub relax qui donne sur le lac et sur la patinoire, où se disputent amicalement les joueurs de ballon-balai. Confort, détente, jouissance et bonheur...

Loisirs d'hiver au menu

Les amateurs d'escalade sur glace, de traîneau à chiens, de ski hors piste, de patinage, de longue randonnée sur les sommets avec coucher en refuge et de toute autre activité de plein air extrême ou modérée vont trouver leur compte à Lake Placid.

Pour ma part, j'ai d'abord voulu goûter au ski alpin en découvrant une montagne qui m'a fait tomber sous son charme: Whiteface. Le lendemain, je suis parti en raquettes derrière Jeffrey Murray, un guide professionnel qui m'a conduit à quelques minutes du village, sur Cobble Hill, pour une ascension plutôt sportive et très plaisante jusqu'à d'impressionnants points de vue sur Lake Placid et les High Peaks.

Jeffrey Murray est l'un des instigateurs du regroupement High Peaks Mountain Guides, qui vient de restaurer une maison dans la rue principale pour en faire un café et un point de service pour tous les adeptes de plein air en quête d'information et d'équipement.

On ne devrait d'ailleurs pas partir en nature sans guide dans le secteur, à moins de maîtriser parfaitement le GPS. Et encore...

 

À savoir

L'hôtel Crowne Plaza est une institution de Lake Placid. Ici comme ailleurs, il faut être à l'affût des forfaits. Le Crowne Plaza en offre un à moins de 100$US par jour par personne en semaine. www.lakeplacidcp.com 1-800-874-1980

>Mirror Lake Inn and Spa: www.mirrorlakeinn.com 1-518-523-2544

>High Peaks Mountain Adventures (guides): www.highpeakscyclery.com 1-518-523-3764

>Station Whiteface: www.whitefaceplacid.com Altitude au sommet: 1337 m; dénivellation: 1045 m; nombre de pistes: 76; remontées: 11, dont des télécabines.

>Le réseau de ski de fond olympique ainsi que la piste de bobsleigh sont regroupés au Complexe des sports olympiques. Descente en bobsleigh: 75$US.

>Information: www.lakeplacid.com

 

46 sommets

Adirondack, c'est la chaise de parterre qui incarne à elle seule tout le charme de la villégiature. Mais c'est surtout une chaîne montagneuse et une région qui, même si elle se trouve tout près du Québec, reste méconnue. Le nord-est des États-Unis compte plusieurs chaînes de montagnes, mais seules les Adirondacks ne font pas partie de l'ensemble géologique des Appalaches. Sur ce territoire parcouru de 3000 km de sentiers et parsemé d'autant de lacs et d'étangs, on dénombre 46 sommets de plus de 1200 m (4000 pieds), dont le mont Marcy, le plus haut de l'État de New York, à 1629 m. Et même si quatre de ces sommets ont été déclassés lors d'une mesure récente, ils demeurent quand même du nombre des fameux High Peaks, qui constituent la marque de commerce de Lake Placid et qu'on admire tout autour.