«Ici, tout est à 30 minutes de voiture», m'a-t-on répété à plusieurs reprises pendant mon séjour à Houston. C'est vrai... à quelques exceptions près.

La métropole du Texas, dont la population est la quatrième des États-Unis, est gigantesque. Tentaculaire. Sa superficie couvre trois fois celle de l'île de Montréal. En incluant toutes ses banlieues et régions limitrophes, le monstre atteint 22 700 km2. Plus que l'État du New Jersey!

 

Pour bien visiter Houston, donc, mieux vaut louer une voiture. Les différentes attractions sont éparpillées et d'autres villes dignes d'intérêt (dont Austin et San Antonio) sont à moins de trois heures de route.

Si la région a beaucoup à offrir, les Houstoniens savent aussi qu'elle n'est pas facile à vendre. Avec sa jeune histoire et son architecture parfois déroutante (il n'y a aucun règlement de zonage!), la métropole n'a pas le charme et le cachet de New York, Boston ou Chicago. Loin de là.

De nombreux projets ont néanmoins été lancés pour embellir et verdir la ville depuis quelques années. Une ligne de train léger de 12 km est entrée en fonction en 2004 au centre-ville et un nouveau parc, le Discovery Green, recouvre aujourd'hui un ancien terrain de stationnement qui cicatrisait le coeur de la cité.

«Houston est une ville où la beauté est parfois difficile à trouver, mais ce parc a aidé à la faire ressortir», fait valoir Susanne Theis, directrice de programme de Discovery Green, pendant une promenade dans cet îlot de verdure niché à l'ombre des gratte-ciel.

Houston mise aussi de plus en plus sur la culture pour attirer les visiteurs. Avec raison. La ville s'est bâti au fil des ans un vaste «quartier des musées», qui compte des établissements de haut calibre.

Et qu'en est-il des cow-boys armés que certains s'attendraient à voir partout en ville? Invisibles... à moins de sortir des limites de Houston pour visiter les petites bourgades de la campagne environnante. Le seul moment où la cité devient 100% western, c'est en mars, pendant le Houston Rodeo, qui attire bon an, mal an 2 millions de visiteurs en 20 jours.

«En vérité, Houston s'est transformée pour devenir une ville très cosmopolite», affirme Jorge Franz, vice-président à l'office de tourisme local. Les Toyota Prius, Audi et autres voitures européennes qu'on voit partout sur les routes (elles sont plus nombreuses que les gros pick-up, en fait), tout comme les 11 000 restaurants multiethniques, semblent lui donner raison.

La maison... de bière

On entend ses cliquetis dès le coin de la rue. Puis, en arrivant, elle se dresse là, étrange et bruyante: la Beer Can House.

Cette maison singulière porte bien son nom. Il s'agit en fait d'un modeste bungalow de banlieue, recouvert en entier de canettes de bières dépliées, et orné de rideaux métalliques qui se font entendre au moindre coup de vent.

Cette singulière demeure est l'oeuvre de John Milkovisch, un retraité des chemins de fer qui a passé une bonne partie de ses temps libres à orner sa maison, ses clôtures, son garage... Il a utilisé plus de 50 000 canettes pour créer son «oeuvre» entre 1968 et 1986.

«C'était un gars qui aimait deux choses: travailler de ses mains... et boire de la bière!» raconte Stephen Bridges, de l'Orange Show Center for Visionary Art, qui organise des visites de la petite demeure.

Encore aujourd'hui, des gens viennent déposer des canettes vides dans l'entrée, «comme une offrande», même si M. Milkovisch est mort depuis bien des années.

Une attraction inusitée à visiter si le temps le permet.

Le quartier des musées

Houston est célèbre pour sa riche industrie pétrolière, mais pas nécessairement pour ses musées. Pourtant, la ville en compte 18 dans un seul et même quartier, qui totalisent plus de 46 000 m2 d'exposition.

La Menil Collection est l'une des plus importantes du XXe siècle. Logé dans un discret immeuble longiligne signé Renzo Piano, le musée présente en alternance quelque 16 000 peintures, sculptures et autres objets amassés par les fondateurs, Jean et Dominique de Menil, depuis les années 40. On peut notamment y admirer des oeuvres de Magritte, Matisse, Picasso et Warhol.

À quelques coins de rue, le Museum of Natural Sciences est plus terre à terre et hautement instructif. La section sur les dinosaures plaît beaucoup aux enfants. Et l'expo sur l'exploration pétrolière et gazière permet d'en apprendre énormément sur cette industrie qui fait encore aujourd'hui la richesse de la région.

Tragédies et renaissance à Galveston

L'histoire de Galveston est riche... et tragique. La petite île située à une heure de Houston, dans le golfe du Mexique, a été presque rayée de la carte en 1900 par un ouragan alors qu'elle trônait au faîte de sa renommée. Puis Ike a frappé en septembre 2008, inondant cette fois une bonne partie du territoire.

Fidèles à leur habitude, les insulaires ont retroussé leurs manches pour vite retaper Galveston après ce nouveau désastre. En priorité, les plages ont été regarnies de sable fin au coût de 10 millions.

Plusieurs maisons et immeubles du centre-ville historique, dont la superbe Grand Opera House, ont aussi été réparés au cours de la dernière année. Galveston reprend vie peu à peu, mais Ike a tout de même laissé des traces, comme en témoignent les établissements placardés ou en rénovation le long du SeaWall Boulevard, en front de mer.

Et Galveston, important port de croisière, mérite le détour pour une brève escapade. Les plages attirent des hordes l'été dans l'eau trouble et chaude du Golfe. Et le petit centre-ville, charmant et tranquille avec ses balustrades en fer forgé, se remplit pendant les nombreux festivals.

À ne pas manquer: la visite des manoirs historiques bâtis à la fin du XIXe siècle, dont Bishop's Palace et Moody Villa. Des exemples éclatants de l'opulence favorisée par les riches familles de la région.

Le complexe Moody Gardens, à l'entrée de l'île (reliée au continent par un pont) est pour sa part devenu emblématique de Galveston pendant les années 90. Ses trois pyramides de verre renferment un musée, un aquarium et la reproduction d'un écosystème, avec animaux et plantes tropicales. On y trouve aussi un golf et un spa.

Jamais sans mon steak!

Houston compte 11 000 restaurants. Et le steak, orgueil des Texans, y demeure sans contredit LE grand favori. Pour une expérience 100% locale, une soirée au populaire Taste of Texas s'impose. Cet établissement ouvert en 1977 est bondé tous les soirs d'amateurs de viande rouge, qui viennent déguster les immenses t-bones et autres pièces de boeuf Angus qu'on peut choisir soi-même en cuisine. On y sert aussi d'immenses crevettes du golfe du Mexique fourrées de fromage et de jalapeño, puis frites (un plat très apprécié dans la région). Comme dans tous les restaurants visités à Houston, les portions sont très généreuses.

Incontournable NASA

«Houston, vous m'entendez?» Cette petite phrase, prononcée de l'espace, a rendu la métropole texane reconnaissable partout sur la planète.

Encore aujourd'hui, les installations de la NASA constituent un incontournable pour quiconque visite la région. Situé à environ 45 minutes du centre-ville de Houston, le Johnson Space Center emploie plus de 14 000 personnes qui se consacrent au programme spatial des États-Unis.

Au centre d'interprétation ouvert au public, des expos bien structurées présentent beaucoup de matériel original utilisé dans l'espace. On y relate en détail l'histoire rocambolesque - et coûteuse - du programme spatial, en insistant sur le premier alunissage réalisé il y a 40 ans.

Point fort de la visite: le centre d'entraînement des astronautes. On peut voir, dans un vaste immeuble, tout le matériel utilisé par ces hommes et femmes surentraînés en vue de leurs missions. Notamment une reproduction en format réel de la Station spatiale internationale.

Une fusée Saturn V, haute de 110 mètres et pesant plus de 3000 tonnes, impressionne aussi. Le modèle exposé à la NASA a été entièrement restauré après 20 années à rouiller sous la pluie et les éléments. L'engin avait été cloué au sol après l'abandon du programme Apollo, dans les années 70. On le décrit comme un «trésor américain», et avec raison.

La visite requiert un minimum de trois à quatre heures.

S'y rendre

Air Canada offre maintenant un service quotidien entre Montréal et Houston. Le vol dure environ trois heures.