On a toujours l'impression de devoir aller au bout du monde pour s'offrir le dépaysement propre aux croisières de luxe. Or, l'exotisme est au bout du quai, qu'on parte de Montréal ou de Québec! À preuve, cette virée faite la semaine dernière à bord d'un des nombreux paquebots qui desservent Montréal chaque automne, remplis de touristes attirés par la féerie des feuilles.

Jour 1

Comme toute bonne croisière, celle-ci commence... à quai! Dans le Vieux-Port de Montréal, plus précisément, où le Symphony, un paquebot de la compagnie Crystal, est arrivé le matin même. Il se transformera en hôtel de luxe pendant une journée et demie, le temps de voir les clients arriver les uns après les autres. Des Américains, en très grande majorité, à qui on offre diverses excursions depuis les grands classiques - Jardin botanique, Biodôme, tours en calèche - jusqu'à des activités tout à fait originales: le design dans la métropole, la mode et même un cours de cuisine chez Ateliers et Saveurs. «On ne veut faire travailler les croisiéristes qu'avec des produits locaux, comme du saumon du Québec aux canneberges ou un croque-monsieur au bison», explique Frédérique Fiemeyer.

 

Jour 2

Le crachin qui enveloppe Montréal ne décourage pas les visiteurs, qui sillonnent les rues avec une belle énergie et sans regarder à la dépense. Quand le soir tombe, que tout le monde est enregistré, les valises défaites, on commence à décrocher. Tellement que c'est en regardant par la fenêtre de la salle à manger que j'aperçois passer la tour de l'horloge, puis le pont Jacques-Cartier. Ça y est, on est partis! Et si doucement que je ne m'en suis même pas aperçu...

 

Photo: Mario Fontaine, La Presse

Le port de Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, jouxte le centre-ville et ses nombreux immeubles et commerces bien rénovés.

Jour 3Réveil à Québec, qui grouille de vie avec l'arrivée de ce navire et d'un autre paquebot encore plus gros. Les touristes sont littéralement partout, surtout, on s'en doute, sur la terrasse Dufferin et dans la basse ville. Plusieurs passagers iront aussi aux chutes Montmorency et à Sainte-Anne-de-Beaupré. Le soleil sort enfin en milieu d'après-midi, faisant ressortir les couleurs magnifiques du mont Sainte-Anne et de l'île d'Orléans.

Jours 4 et 5

Deux jours entiers à longer la côte sud du Saint-Laurent puis le Cap-Breton. Le navire est assez loin au large, mais des panoramas spectaculaires sont tout de même au rendez-vous.

C'est le temps de rencontrer Frantz Noël et Florent Gosselin. Le premier, tout jeune, est déjà chef concierge. Quatre mois de travail suivis de deux mois de congé, où il peut retourner chez lui, en banlieue de Québec. Il adore! Surtout le fait de devoir tout connaître du fonctionnement du navire afin de pouvoir répondre à des demandes parfois particulièrement... exotiques de la part de clients qui ont tout vu. Acadien, Florent Gosselin est responsable des sept bars et des sommeliers. Pas moins de 48 employés sont sous sa direction, dont la moitié de femmes, un virage récent dans ce monde réputé conservateur.

Jour 6

Réveil à Halifax. Les quais ont été complètement aménagés, avec de très nombreux panneaux explicatifs bilingues, des commerces et des restaurants à profusion. Il émane une douceur de vivre dans la patrie d'Alexander Keith, qui y a ouvert sa brasserie en 1820. Impossible de ne pas céder à la tentation d'une pinte bien fraîche, surtout pour accompagner un bon fish and chips local. On dirait que la ville dort un peu ce jour-là, comme figée par une sorte de langueur. Peut-être à cause des nuages trop bas. 

Photo: Mario Fontaine, La Presse

Le Vieux-Québec vu du pont du Crystal Symphony.

Jour 7Comme pour chaque destination, on navigue de nuit et visite de jour. Nous voici à l'aube à Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick. Une ville qui a réussi à recycler ses vieux entrepôts pour les transformer en commerces, en restos, voire en bureaux. D'étonnantes statues de John Hooper sont éparpillées un peu partout, avec entre elles assez de place pour s'y asseoir. Sympathique. Le soleil daigne de nouveau se montrer, les couleurs avec lui.

Jour 8

Pas de quai pour paquebots à Bar Harbor. Les canots de sauvetage serviront donc de navette pour nous emmener dans ce mignon village du Maine, jadis la coqueluche des richards américains qui venaient y passer l'été. Le parc national Acadia nous envahit de sa présence. Et la vue du haut du mont Cadillac est tout simplement spectaculaire. Rencontre, le soir, d'une Australienne montée à bord à Montréal et qui ne quittera le bateau qu'en... septembre prochain, après avoir réalisé un autre tour du monde! On n'a pas parlé d'argent...

Jour 9

J'ouvre les yeux pour découvrir ce qui semble être une centrale thermique de l'autre côté du bassin. Il n'y a pas grand-chose de laid à Boston, où on a accosté au petit matin, mais de tous les ports de cette tournée, c'est le seul où les navires de croisière sont aussi mal situés. Heureusement que la ville n'est pas trop loin, toujours aussi vibrante, sophistiquée. Le lendemain, samedi dernier, le temps était venu de revenir à Montréal. Au moment même où mon avion décolle, le bateau quitte le quai pour Newport puis New York. Sans moi. Snif...

Les frais de ce voyage ont été payés par le groupe Crystal Cruises.

REPÈRES

Avec qui partir?

Des 28 bateaux de croisière qui viendront à Montréal cette année, 20 l'auront fait à l'automne. Parfois de petits, mais luxueux navires, et aussi de grands paquebots qui accueillent environ 1000 passagers. Le Deutschland (636 passagers) quitte la métropole ce soir même, tandis que le Crystal Symphony fermera la saison des croisières par une ultime escale entre les 29 et 31 octobre.

Les prix

Quelques milliers de dollars. Impossible d'être plus précis: tout dépend du choix de la cabine, du luxe du bateau, de la durée de la croisière et des promotions. Un bon agent de voyages peut être d'un précieux secours.

Les plus

> De sa cabine, on découvre un Montréal exotique, inattendu.

> Une façon ultra-confortable, douillette, d'apprécier de belles villes et des paysages spectaculaires sur des milliers de kilomètres de côtes.

Les moins

> L'embarquement, dans le Vieux-Port de Montréal, se fait au quai Iberville. C'est lugubre, désorganisé. L'accueil des préposés à la sécurité est en anglais seulement.

> Le beau temps n'est jamais garanti.

Photo: Mario Fontaine, La Presse

Halifax a complètement aménagé les quais du port de plaisance, où on peut marcher et découvrir la capitale de la Nouvelle-Écosse de façon très agréable.