Voilà 15 ans, les rives de Burlington, au Vermont, étaient occupées par d'anciennes voies de chemin de fer, une petite base de la Marine et les ruines d'une centrale électrique. La ville située sur le bord du lac Champlain a récupéré son accès à l'eau et aménagé les berges pour la promenade, la baignade et la plaisance. Elle en a profité pour ouvrir le seul aquarium dédié au lac Champlain, une étendue d'eau si grande qu'elle constitue un sixième Grand Lac.

Le centre Echo, situé un peu à l'ouest du centre-ville piétonnier fréquenté par les étudiants et les professeurs de l'université, est un centre de sciences qui fait une belle part à cet écosystème fascinant situé à deux pas de Montréal (il faut compter deux heures pour atteindre Burlington, incluant le passage aux douanes).

Echo explique notamment comment les glaciers ont façonné le lac long de 180 kilomètres, et comment les mouvements telluriques ont fabriqué les montagnes Vertes, Blanches et les Adirondacks. Une station particulièrement éclairante expose ce qui se passe quand deux plaques tectoniques se rencontrent. On apprend que les ancêtres des Adirondacks modernes sont apparues voilà 1,3 milliard d'années (contre 400 millions d'années pour les montagnes Vertes et 100 millions d'années pour les Blanches), et qu'elles ont été adoucies par les années. Au départ, les Adirondacks étaient aussi hautes que la chaîne de l'Himalaya.

Le lac Champlain fait 1100 km2. Comme il est étroit, il est rare qu'on ne puisse pas apercevoir les rives, mais cela ne l'empêche pas d'avoir des vagues dues à une combinaison complexe de vent et d'évaporation bien expliquée à Echo.

On voit aussi les contours de l'ancienne mer qui recouvrait presque tout le sud du Québec, avec les emplacements où on a trouvé des fossiles de baleines au Vermont. Les glaciations ont touché le Vermont tout autant que le Québec, et les conservateurs affirment que les ancêtres des Abénakis ont été affectés par la dernière, qui s'est terminée voilà 10 000 ans. Les plus anciennes traces d'occupation humaine remontent en effet à 9000 ans.

Les aquariums ne sont pas légion à Echo, mais on peut tout de même y admirer des tortues, des truites, des lamproies et des esturgeons. L'histoire du lac depuis l'époque coloniale est très bien expliquée, des inondations qui frappaient les villes du Vermont avant la construction de canaux au XIXe siècle aux moules zébrées asiatiques qui ont envahi les eaux douces du Nord-Est américain, bouleversant les écosystèmes indigènes. Une exposition sur les grenouilles des quatre coins du monde nous permet de voir des spécimens vivants aux couleurs parfois surprenantes.

Les sections éducatives sont modestes mais bien faites. Une machine à boules transforme en course à obstacles les modifications négatives faites par l'homme sur l'écosystème du lac, et une station vidéo permet aux enfants de se transformer en journalistes météo en herbe, avec des fonds d'écran appropriés. Cette année, jusqu'en novembre, une exposition temporaire sur le corps permet notamment de filmer son ombre en train de faire la majorette.

Bref, un beau programme pour digérer après un bon dîner en famille dans un des excellents bistrots de la charmante rue Church.