Les lions n’en avaient que faire de l’accumulation de voitures stationnées devant eux. Leur regard semblait plutôt porté vers le petit groupe de hyènes que nous venions de passer, à une centaine de mètres. Ou alors analysaient-ils leurs options de chasse contre le troupeau d’antilopes qui broutaient un peu plus loin.
C’était d’ailleurs la théorie de cet homme, seul, dans son Jeep rempli de matériel de camping. Il avait décidé de mettre son bolide à l’arrêt devant les proies potentielles des lionnes et du mâle, plutôt qu’à proximité de ces derniers. Il espérait assister à une traque épique.
Celui qui avait tous les airs d’un habitué du safari du parc Kruger, en Afrique du Sud, nous avait expliqué la raison de cet attroupement de voitures devant. Une courtoisie sympathique et courante lorsqu’un animal est aperçu, qui permet aux visiteurs arrivant sur l’entrefaite de savoir où et quoi chercher du regard.
Le parc Kruger, un des safaris les plus populaires d’Afrique, est reconnu pour son accessibilité en conduite autonome. Le parc national est situé à environ quatre heures de route de Johannesburg, endroit généralement choisi pour prendre possession de sa voiture de location.
Profiter de la vie sauvage abondante du parc coûte 34 $ CAN par jour, par adulte. Grâce à un assortiment d’hébergements pour tous les budgets au sein même de ses frontières, Kruger permet de profiter du big five africain (lions, éléphants, léopards, buffles d’Afrique, rhinocéros) — et bien plus — sans vider sa tirelire. Et de vivre des moments magiques avec des animaux aussi mythiques que diversifiés. Le tout avec ou sans tours guidés, lesquels peuvent faire augmenter considérablement la facture.
Profiter du moment
Pour ce journaliste en voyage avec sa conjointe, ces quelques minutes à proximité de lions, actifs au petit matin, ont été le fait saillant de quatre journées mémorables au parc Kruger, début février. On éteint le moteur de la voiture. On laisse le son de la nature en action emplir nos oreilles. Pendant que les félins — ou les éléphants, ou les girafes, ou les zèbres, ou les kudus, ou les babouins — font leur chemin à travers la carrosserie silencieuse vers l’herbe haute, le temps semble s’arrêter.
Une partie du plaisir du parc Kruger, avant même d’y pénétrer, est d’organiser son propre itinéraire. Les routes bordées par des plans d’eau sont à privilégier. Les animaux viennent s’y abreuver, ou alors s’y baigner. Comme ces imposants hippopotames, dangereux de proche, mais sympathiques de loin.
Tous les campements sont équipés de stations-service, de restaurants, de boutiques et de marchés pour se réapprovisionner. Les grandes routes sont bétonnées, en excellent état. On est loin, très loin de l’avenue Papineau, à Montréal. La vitesse maximale est de 50 km/h. Mais ça, c’est si vous êtes pressé. Pour maximiser vos chances de belles rencontres, partez tôt et n’avancez pas à plus de 30 km/h. Et n’hésitez pas à faire marche arrière si une branche a l’allure d’un lion assis au loin. Si une grosse roche semble lisse comme le dos d’un hippo. Si le feuillage a la couleur de la fourrure d’un léopard couché dans un arbre. On y a tellement cru, à celui-là.
Surtout que pendant l’été et la saison des pluies, soit de novembre à avril, la végétation est plus dense. L’observation des animaux se fait donc plus compliquée. Mais n’ayez pas de doute : ils sont bel et bien présents, même pour des yeux non aguerris de touristes vivant leur baptême de safaris. La basse saison offre en outre un excellent avantage, soit celui d’un afflux de visiteurs moins élevé. Nous avons pu réserver le tout à quelques jours d’avis, alors que pour la haute saison (mai-octobre), il faut prévoir son périple jusqu’à un an d’avance.
Hakuna matata
La nature, c’est la nature. Vous pouvez jouer de chance en apercevant le big five à votre toute première journée (nous pouvons en témoigner !). Accumuler les arrêts lors d’un trajet particulièrement satisfaisant. Ou alors passer des heures et des heures à rouler sans ne jamais rien déceler (cela aussi, nous pouvons en témoigner).
Pas de souci. Ou hakuna matata, comme chantaient Timon et Pumbaa. Le souvenir de ces rencontres vaut à lui seul le détour. À vos jumelles !
L’Afrique du Sud en trois semaines… ou plus
À moins de voyager à des vitesses extrêmes comme Maverick dans Top Gun, on ne va généralement pas en Afrique du Sud que pour quelques jours. Le Cap est, à nos humbles yeux, une des plus belles villes au monde. Ses montagnes, ses excursions et ses vignobles rempliront amplement une bonne semaine d’activités. Roulez ensuite sur la Garden Route, du Cap à Port Elizabeth, pour profiter des plages de la côte et du parc d’éléphants d’Addo (qui accueille aussi le big five, quoiqu’en moins grand nombre), entre autres. Et qui dit Afrique du Sud dit histoire récente liée à l’apartheid. À ce chapitre, le township historique de Soweto, en banlieue de Johannesburg, est à ne pas manquer. Sans oublier qu’en entrant ou en sortant du parc Kruger, la route panoramique menant au Blyde River Canyon figure parmi les plus beaux paysages d’Afrique.