Quand elle s'est aperçue que ses recrues s'envoyaient des textos en pleine séance de formation, Hélène Bélanger n'en revenait tout simplement pas.

«Il faut vraiment s'ajuster!» lance-t-elle.Mme Bélanger est directrice du Centre de relations avec la clientèle de Services Québec.

Cet été, elle a recruté une cinquantaine de jeunes âgés de 18 à 24 ans pour travailler au centre d'appels. Même si les textos s'échangeaient librement pendant la formation, les nouveaux employés n'avaient rien manqué.

«Ils donnaient toujours les bonnes réponses lorsqu'on les interrogeait. Ils nous ont fait comprendre que la formation magistrale, c'est dépassé. Pour eux, c'était plate!»

Mme Bélanger cherche donc des moyens d'adapter la formation à cette nouvelle génération, qui carbure aux exercices pratiques et au multitâche. «On en en train de regarder les possibilités d'apprentissage en ligne», dit-elle.

Lorsqu'on demande aux jeunes quels sont leurs critères lorsqu'ils recherchent un emploi, il y a des choses qui ne changent pas : 51 % répondent la stabilité du poste et 42 %, le salaire. Mais 4 jeunes sur 10 évoquent la flexibilité des horaires et le choix du lieu de travail.

«Un jeune qui a appris à être efficace en travaillant à distance ne comprendra pas pourquoi il doit être au bureau de neuf à cinq alors qu'il peut rédiger son rapport à partir de la maison ou d'un café. Les gestionnaires vont devoir apprendre à gérer selon la tâche, plutôt que le temps de présence au bureau», affirme Réjean Roy, conseiller principal au CEFRIO.

Et ils seront aussi appelés à assouplir leurs règles concernant l'usage de Facebook et d'autres réseaux sociaux au travail. Plusieurs gestionnaires l'interdisent, alors que d'autres commencent à penser qu'il s'agit d'une autre façon de faire du réseautage. «On n'a pas le choix de vivre avec, alors aussi bien l'exploiter avantageusement», lance Lyne Bouchard, ex-cadre chez DMR aujourd'hui vice-rectrice à l'Université de Sherbrooke.

De son côté, Hélène Bélanger n'est pas encore prête à lever l'interdiction d'utiliser Facebook au boulot. «Pour les jeunes, qu'on ne leur donne pas accès à Facebook au travail est in-con-ce-va-ble. Disons que je suis en réflexion...», lance-t-elle.