C'est connu, le père Noël porte une longue barbe blanche, s'habille en rouge et aime bien qu'on lui laisse des biscuits sur le comptoir lorsqu'il fait la tournée des maisons du monde entier, le 24 décembre au soir. Toutefois, maintenant que la vie des adultes et des petits se passe aussi sur l'internet, l'industrie de Noël s'est adaptée. Le voici maintenant qui atterrit sur Facebook. Un emploi 100% techno qui réunit web, réseaux sociaux et magie.

Quand Virginie Pichet a commencé son stage comme gestionnaire de communautés internet à l'agence Codmorse, en janvier dernier, elle n'aurait jamais cru que ses journées seraient remplies de lutins, de rennes et de pôle Nord. C'est pourtant le cas, à son grand plaisir, huit heures par jour et sept jours sur sept en ce temps des Fêtes.

Accompagnée de trois autres stagiaires, la jeune finissante en communications publiques à l'Université du Québec à Montréal, du haut de ses 22 ans, est pour des milliers d'enfants l'incarnation du père Noël sur Facebook. Des parents lui écrivent des messages, parfois très personnels, et des enfants tentent de découvrir avec des questions parfois pointues si elle habite réellement au pôle Nord.

«Les enfants qui doutent vont tenter de me surprendre avec leurs questions. Ils vont me demander quel temps il fait au pôle Nord, si je peux Skyper ou clavarder avec eux. Je dois utiliser toute mon imagination pour trouver des réponses originales, magiques, qui ne détruiront pas leurs rêves, mais en gardant la conversation sur la page Facebook», raconte Virginie d'une voix énergique pendant l'entrevue accordée à La Presse.

Les enfants, dit-elle, sont prêts à tout pour découvrir qui est le vrai père Noël. Que fait-il, par exemple, une fois que la soirée du 24 décembre est terminée?

«L'été dernier, le père Noël et la mère Noël ont passé leurs vacances estivales en Caroline-du-Sud, explique Virginie d'un ton solennel. Ce sont les fans de notre page Facebook qui ont décidé de notre destination de voyage, lors d'un sondage. Ils ont passé la plupart de leur temps à se faire bronzer à la plage.»

La page Facebook du père Noël est ouverte toute l'année. Les enfants peuvent poser des questions été comme hiver. C'est un service unique, croit Virginie, car son équipe et elle répondent personnellement à tous les parents et enfants qui écrivent. Un par un.

«On reçoit beaucoup de messages privés. Certains sont vraiment touchants. Une fois, une dame m'a écrit pour me dire que son enfant était autiste et qu'elle voulait une recette du père Noël pour écrire un livre. Elle a ensuite vendu le livre au profit d'une fondation. J'ai fouillé sur la page Facebook et j'ai trouvé une bonne recette de biscuits, les préférés du père Noël. On sent qu'on fait partie de la vie des gens», dit-elle.

Les valeurs de Noël sont importantes pour Virginie et c'est ce qu'elle tente de transmettre lorsqu'elle répond à des statuts Facebook ou à des messages privés.

«Le père Noël est généreux, il est toujours de bonne humeur. Il considère tous les enfants du monde comme ses propres enfants. Il veut encourager tous ceux qui lui écrivent, même s'ils sont sur la liste des enfants polissons», raconte la jeune finissante de l'UQAM.

«C'est vraiment comme si j'étais au pôle Nord. Je sais que ce que je réponds, la façon dont je considère les demandes peut avoir un impact sur la vie des enfants. Je n'aurais franchement jamais cru occuper ce rôle, devenir le père Noël. Mais c'est tripant», raconte Virginie.

La plupart des messages qu'elle reçoit sont écrits en anglais. Ils viennent d'aussi loin que la Grande-Bretagne, l'Australie ou plus près d'ici, aux États-Unis. Les enfants francophones sont pour la plupart Français ou Québécois. Si la clientèle est internationale, les gestionnaires de la page Facebook ont tous du sirop d'érable qui coule dans leurs veines. Ils sont Montréalais et parfaitement bilingues.

Si certaines personnes utilisent la page pour écrire des insultes, ils représentent une minorité. D'autres enfants, raconte Virginie, ont des demandes farfelues. C'est difficile de trouver le mot juste pour répondre à un rêve impossible à réaliser.

«Hier, un enfant m'a demandé en cadeau Justin Bieber. Je lui ai demandé s'il ne voulait pas dire la musique du chanteur? Mais non, il voulait Justin Bieber, dit-elle en éclatant de rire. La semaine dernière, un autre petit garçon voulait que je lui apporte un château. Là, je lui ai dit que ça ne pouvait pas rentrer dans mon traîneau. Il y a des limites.»

La gamme d'émotions que vit l'équipe du père Noël 2.0 est vaste. Il faut écrire à des enfants qui ont de mauvaises notes à l'école, qui passent un mauvais moment ou qui sont malades. L'important pour l'équipe est de leur apporter la magie qu'ils méritent, dit Virginie, pour le temps des Fêtes.

«Quand je travaille, je deviens le père Noël. Je ne porte pas encore la barbe, ni le costume rouge, mais je dois m'imaginer que je suis lui. Je dois penser comme lui, rire dans mes messages en écrivant «Ho! Ho! Ho!» et retrouver la magie qui m'habitait, moi aussi, quand j'étais enfant. Tout le monde autour de moi trouve ça drôle, mais je ne changerais jamais d'emploi.»