L'Université Laval crée un laboratoire d'observation pour étudier le phénomène des médias sociaux. Cette nouvelle entité offrira des services de recherche et d'analyse aux organisations québécoises intéressées à partager leurs stratégies Web et sociales.

Le doyen de la faculté des lettres, Thierry Belleguic, a annoncé hier la création de l'Observatoire des médias sociaux en relations publiques, qui relèvera du département d'information et de communication (DIC).

L'Observatoire, dont les activités débuteront en janvier 2011, sera dirigé par Francine Charest, docteure en communication et professeure ajointe au DIC. Celle-ci s'est assuré les services de Nadia Seraiocco comme consultante.

Mme Seraiocco, coauteure, avec Michelle Blanc, du livre Les médias sociaux 101, a été l'une des premières à bloguer au Québec, au début des années 2000. «On était peut-être une vingtaine en tout, avec des gens comme Mario Asselin, Martine Pagé, Sylvain Carle, Carl-Frédéric DeCelles, Clément Laberge. Au début, les relationnistes n'étaient pas familiers avec les blogues, ce n'est pas avant 2005-2006 qu'on a commencé à inclure les blogueurs dans les stratégies de relations publiques. Ça a changé notre façon de travailler et d'écrire. C'est une petite révolution qui est loin d'être finie.»

Par exemple, la conférence de presse d'hier était retransmise en webdiffusion et les commentaires des internautes étaient relayés en direct. La pratique n'est toutefois pas encore intégrée dans les habitudes, observe-t-elle. «Au gouvernement, chaque fois que j'organisais un événement, personne n'était en mesure d'assurer la webdiffusion, je devais toujours faire appel à des ressources externes.»

Selon Mme Charest, l'observatoire de Laval est la première entité universitaire dédiée entièrement à l'étude et à la recherche sur les médias sociaux.

«Il jouera un rôle de conseil grâce à son expertise, de formation pour les étudiants et sera aussi un lieu d'échange d'informations avec les entreprises, qui permettra aux étudiants de travailler sur des cas réels, concrets.»

D'ailleurs, si le mandat de l'Observatoire a été restreint aux relations publiques, c'est pour permettre un démarrage rapide et lui permettre de se positionner le plus tôt possible. Mais on ne pourra pas éviter de toucher à plusieurs autres domaines, ajoute-t-elle. «Nous avons des politicologues qui font des recherches sur l'influence de ces médias, et ils ont déjà manifesté le désir de se joindre à nous. L'ensemble du corps professoral va pouvoir participer à nos travaux.

La récente pétition en ligne pour la démission de Jean Charest en est d'ailleurs un exemple.

«Ce qui fait que les médias en ont parlé, c'est la rapidité avec laquelle ça s'est propagé, grâce aux médias sociaux, observe Mme Seraiocco. Les gens ont "retweeté" la nouvelle, et cha­que fois que c'est repris, ça se multiplie par 10, par 100 et puis par 1000. Il y aura plusieurs dimensions à étudier sur la façon dont le média lui-même agit sur nos comportements.»