Le lancement de la «carte musique» pour les jeunes jeudi marque une nouvelle étape dans la lutte du gouvernement contre le téléchargement illégal, après les premiers envois de courriels d'avertissement de l'Hadopi aux pirates début octobre.

Cette offre, uniquement accessible aux 12-25 ans, permet d'acquérir pour 50 euros de musique sur internet en n'en payant que la moitié. Pour pouvoir y souscrire, il est nécessaire de s'enregistrer sur un site (https://www.carte-musique.gouv.fr) afin d'obtenir un code nécessaire pour faire des achats.

Pour ce lancement, quatorze plates-formes acceptent la «carte musique»: Qobuz, CD1D, Deezer, Fnac.com, MusicMe, Amazon, Starzik.com, Orange, iTunes, My Clubbing Store, MySurround, eCompil, Disquaireonline.com et Virgin.

«D'autres les rejoindront d'ici la fin de l'année», a précisé le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, à l'occasion d'une conférence de presse présentant le dispositif, instauré pour deux ans.

Les souscripteurs, un million maximum par année, doivent acheter des tickets de 5, 10 ou 15 euros, dont le montant est doublé par l'État.

Des offres spéciales ont été mises en place par les services de musique en ligne partenaires pour séduire les jeunes internautes: doublement de la part prise en charge par l'Etat (10 euros investis permettent d'acheter pour 30 euros), promesse de recrutement de personnel si 10 000 cartes sont enregistrées sur une plate-forme...

«Les études sociologiques montrent que c'est dès 12 ans que se forment leur goûts et que se forgent les comportements de consommation de musique en ligne», a souligné M. Mitterrand à propos du choix de la tranche d'âge.

Pour éviter une concentration des achats sur une seule plate-forme et faire en sorte que plusieurs d'entre elles soient essayées, un maximum de 5 millions d'euros d'achat par an et par éditeur de services a été fixé.

La «carte musique» constitue le volet incitatif du dispositif contre le téléchargement illégal dont la Haute autorité pour la diffusion des oeuvres et la protection des droits sur internet constitue le volet répressif.

«La "carte musique" et l'Hadopi participent d'une seule et même démarche qui vise à modifier le comportement du plus grand nombre des internautes et à renforcer l'écosystème fragile de la création», a insisté le ministre de la Culture.

«L'idée de l'accès libre et gratuit à la musique en ligne par le biais du téléchargement illégal s'est imposée dans certains esprits parmi les jeunes consommateurs. Cette situation n'est pas satisfaisante», a-t-il ajouté.

La «carte musique» figurait parmi les propositions formulées par la mission Zelnik en début d'année et avait été reprise à son compte par Nicolas Sarkozy. Initialement espérée avant l'été, sa mise en oeuvre a accusé plusieurs mois de retard. Son lancement était devenu imminent depuis que la Commission européenne avait donné son feu vert le 13 octobre.

«Nous saluons les initiatives qui visent à améliorer l'accès à la musique en ligne à un prix plus attractif pour les consommateurs et par des circuits de distribution légaux», avait déclaré le commissaire à la Concurrence, Joaquin Almunia.