Pour la toute première fois, le premier ministre Stephen Harper a utilisé YouTube, hier, pour diffuser en direct une allocution prononcée à la Chambre des communes en réponse au discours du Trône.

Lorsqu'il a annoncé cette diffusion sur le web, mercredi, l'attaché de presse du premier ministre, Dimitri Soudas, a expliqué: «Les médias sociaux permettent aux Canadiens d'avoir accès à l'information immédiatement et sans filtre.»

Mais l'idée de «diffusion sans filtre» du message officiel a fait sourciller l'opposition.

«C'est une dangereuse philosophie, a jugé le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe. C'est dire, en d'autres mots, que ça lui convient mieux parce que les journalistes sont contre lui. Ça démontre bien cette compulsion instinctive qu'il a de tout contrôler.»

L'utilisation croissante que font les politiciens des nouveaux médias, y compris Twitter, soulève des critiques.

«YouTube, c'est un format que j'aime beaucoup. Mais je préfère rencontrer les Canadiens en chair et en os, a estimé le chef libéral, Michael Ignatieff. M. Harper emploie YouTube pour éviter le contact direct avec les citoyens. C'est un homme politique qui essaie de contrôler tout.»

Mais au jeu des médias sociaux, la concurrence est féroce. Court-circuitant son adversaire, le chef du Bloc québécois a placé sur YouTube quelques minutes avant lui une vidéo dans laquelle il invite les internautes québécois à «bien écouter» le discours de M. Harper, qui «n'a rien à offrir au Québec». Il les encourage à compléter l'exercice démocratique en commentant et en posant des questions après la diffusion.

À 18h hier soir, 726 questions au premier ministre avaient été mises en ligne sur le site Talk Canada. M. Harper entend répondre le 16 mars à celles qui auront reçu le plus grand nombre de votes des internautes.