Des associations françaises d'homosexuels ont dénoncé dimanche auprès de l'AFP une application pour les téléphones dotés du système Android de Google, destinée aux mères qui voudraient savoir si leur fils est gai.

«Votre fils aime-t-il bien s'habiller? Aime-t-il bien le foot? S'est-il déjà battu? A-t-il une meilleure amie?»... L'application «Mon fils est-il gay?», consultée par l'AFP, propose aux mères 20 questions.

À l'issue du questionnaire, deux solutions: «Vous n'avez pas de souci à vous faire, votre fils n'est pas gai» ou «Inutile de vous voiler la face. Votre fils est gai. Acceptez-le, sachez que ce n'est pas un choix de sa part».

«C'est un outil idiot et odieux, avec des questions caricaturales», pour Louis-Georges Tin, du Comité IDAHO (International day against homophobia & trans). «Si l'enfant est gai, c'est la catastrophe, sinon, c'est le soulagement», analyse-t-il. Pour lui, «ça donne un outil de surveillance aux homophobes».

Pour Christine Le Doaré, du centre LGTB (lesbien, gai, bi et trans), «c'est stupide et scandaleux». «C'est très triste que des parents préfèrent télécharger cette application plutôt que de parler avec leurs enfants», a-t-elle dit.

«Je pense qu'elle va être retirée assez vite, sinon, il va falloir envisager de porter plainte», poursuit-elle.

«C'est hallucinant qu'on voit encore en 2011 une telle série de clichés, comme s'il y avait une façon d'être gai», a dénoncé de son côté Bartholomé Girard de SOS Homophobie.

Avec le résultat du questionnaire, «on bascule dans une hiérarchie des orientations sexuelles, et là, on tombe dans l'homophobie», déplore-t-il.

Interrogée par l'AFP, une porte-parole de Google France a expliqué que «les applications ne sont pas filtrées avant d'être publiées sur Android Market», «une plate-forme ouverte sur laquelle les concepteurs peuvent publier leurs applications facilement et rapidement».

«Elles ne sont retirées qu'après avoir été signalées et revues au cas par cas, ce qui est le cas de cette application, qui est en train d'être revue par nos équipes», a-t-elle ajouté, sans pouvoir dire quand les équipes de Google décideront de supprimer ou non cette application.

Mi-septembre, une application du téléphone d'Apple iPhone baptisée «Juif ou pas juif?», permettant d'avoir une liste de 3500 personnalités d'origine ou de religion juive, avait suscité l'indignation d'associations antiracistes, avant d'être supprimée.