«Je ne peux plus me séparer de mes tablettes numériques. Elles me suivent partout à la maison, en voyage et à l'hôpital. En fait, mon iPad est toujours à portée de main, même quand je regarde la télé.» Parle-t-on d'un ado? D'un féru de technologie? D'un vendeur d'électronique? Non, Brigitte Côté est une femme de 55 ans à la curiosité insatiable.

Mme Côté personnifie les gens de son âge qui plongent dans les nouvelles technologies. Même si l'utilisation de l'internet décroît sensiblement à partir de 45 ans, les 55 à 64 ans qui sont branchés sont parmi les Québécois les plus actifs sur le réseau. Toutes proportions gardées, ce sont les internautes qui fréquentent le plus la grande Toile.

Ce sont aussi d'avides acheteurs en ligne, qu'il s'agisse d'acquérir de la musique, un appareil photo ou un ordinateur personnel.

«Dans ces cas, c'est même mieux que d'aller au magasin, car on obtient le produit recherché, sur mesure, en deux ou trois jours à peine», constate Klaus Dichmann, propriétaire de toute la gamme des produits mobiles du moment: tablette iPad et baladeur iPod, d'Apple, et téléphone Android. À l'instar de Mme Côté, M. Dichmann, 69 ans, passe plusieurs heures par semaine sur internet, à visionner des vidéos ou à consulter des sites d'information.

«Ce ne sont pas tous les gens de ce groupe d'âge qui se branchent à internet, mais on remarque que ceux qui ont le temps et les moyens plongent à fond, à tel point que proportionnellement parlant, ce sont les plus grands adeptes de l'achat sur internet», dit-elle.

À fond, dites-vous? «J'ai reçu mon premier iPad en cadeau il y a 3 ans, puis j'ai acheté un Kindle Fire et un Sony Reader, illustre Mme Côté. Je vais sur internet pour chercher des compléments d'information à propos de ce que je regarde à la télé. Je vais sur Facebook pour voir les photos publiées par mes deux grandes filles et j'achète des livres numériques. Je lis tout le temps. Il faut dire qu'à 99 cents le livre sur Amazon, c'est difficile de résister...»

Un lent rattrapage

Ces dernières années, l'ensemble du continent nord-américain a atteint un plateau alors qu'environ neuf personnes sur dix ont désormais accès au grand réseau à partir de la maison. Sans égard aux groupes d'âge, au Québec, c'est un peu moins que ça. À mesure que les Québécois atteindront l'âge de la retraite, cet écart pourrait donc graduellement se résorber.

Historiquement, le Québec est en retard sur les autres régions de l'Amérique du Nord pour le nombre de foyers ayant accès à internet. Dans le passé, ce phénomène était lié au déploiement déficient du réseau dans les régions éloignées, où les principaux fournisseurs de services internet estiment que ce n'était pas suffisamment rentable. Ce phénomène semble désormais chose du passé, les gens les moins branchés vivant pour la plupart en ville.

En fait, le problème est surtout d'ordre financier: les gens dont le revenu familial est inférieur à 60 000$ sont beaucoup moins nombreux à considérer l'internet comme une nécessité à la maison.

Pour les autres, il est évidemment beaucoup plus facile d'acheter un ordinateur personnel, ou même un téléphone intelligent ou une tablette numérique. Ironiquement, alors que ces deux produits sont considérés comme des solutions abordables pour donner accès à internet aux habitants de nombreux pays défavorisés, au Québec, comme ailleurs en Amérique du Nord, ils s'apparentent davantage à des achats de luxe.

«C'est directement lié aux revenus. Ceux qui en ont les moyens adoptent rapidement l'internet. Les autres sont laissés à eux-mêmes. Avant, il existait des programmes d'aide pour les gens au revenu inférieur, mais le fédéral les a coupés», déplore Mme Bourget.