Qui achète une nouvelle télévision pense d'abord à la qualité de l'écran et au prix. Pourtant, il est un autre argument exploité à qui mieux mieux par les champions de l'électronique nippons, celui de l'électricité consommée.

«Dans un foyer japonais, un quart du courant sert à alimenter la climatisation (99% des maisonnées en ont), 16% le réfrigérateur et autant l'éclairage», explique une porte-parole de Matsushita, au centre d'exposition de ce groupe d'électronique à Tokyo.

Suivent la télévision, qui est responsable de 10% de l'électricité absorbée, les tapis chauffants (4%) et les toilettes électroniques (4%), selon la même source. Autant de produits que fabrique le groupe Matsushita (marques Panasonic et National).

«Il est de notre devoir d'améliorer les performances de nos appareils, puisqu'ils sont les principales causes de la consommation d'électricité des foyers», ajoute la démonstratrice.

Dépourvu de ressources, le Japon a pris conscience de sa grande vulnérabilité énergétique lors du premier choc pétrolier en 1973. Il mise depuis sur ses innovations technologiques pour contrôler sa consommation, sans pour autant perturber le quotidien des citoyens.

De fait, les industriels japonais de l'électronique et de l'électro-ménager se battent incessamment pour améliorer le rendement de leurs appareils, afin d'éviter les déperditions d'énergie ou l'usage excessif d'autres ressources comme l'eau dans le cas d'une machine à laver, d'une chasse d'eau ou d'un lave-vaisselle.

«Sho-ene» («économie d'énergie»), expression vedette depuis trois décennies, est ainsi en passe d'être supplantée par «cho-sho-ene» («super-économie d'énergie»), grâce à une nouvelle vague de technologies. Un combat d'autant plus impérieux qu'un appareil moins gourmand, c'est aussi moins de production électrique en amont et donc moins de rejets de dioxyde de carbone (CO2).

Tous rivalisent en produits vantés comme «super-économes», qu'il s'agisse de téléviseurs ou d'autres appareils domestiques.

Matsushita a ainsi mis en vente en 2007 un téléviseur à écran à cristaux liquides (LCD) de 32 pouces qui, au moment de sa sortie, affichait une consommation de 128 kilowatts-heure par an, contre 131 kWh/an pour le produit concurrent le mieux placé.

Son compatriote Sharp a répliqué cette année avec un modèle de même taille qui n'engloutit que 120 kWh par an. Sony vient de son côté d'annoncer «sho-ene number one» une TV de dimensions identiques qui fait encore beaucoup mieux: 86 kWh par an.

«Il faut se souvenir qu'en 2004, un téléviseur LCD de format similaire consommait 238 kWh par an. Autrement dit, en quatre années, nous avons divisé par deux la quantité d'énergie absorbée», se félicite une porte-parole de Sharp.

«Et nous par trois», renchérit Sony.

Du coup, l'argument de la consommation électrique pèse lorsqu'il faut remplacer une télévision, qu'il s'agisse d'un des premiers modèles à écran plat ou a fortiori d'une vieille lucarne à tube cathodique.

Les hypermarchés de l'électronique de Tokyo n'hésitent pas à placer un compteur à côté des téléviseurs allumés pour afficher leur voracité électrique et permettre aux clients de comparer non seulement le rendu des images, mais aussi le rendement à l'usage.

La course aux performances à grand renfort de technologies se poursuit.

Sharp, spécialiste des cellules photovoltaïques, imagine en effet de coupler l'écran du téléviseur avec un panneau solaire pour que le poste s'auto-alimente.

«Cela pourrait aussi permettre aux 1,6 milliard d'humains qui n'ont pas l'électricité de profiter quand même de la télévision», espère le groupe.