Comme les inoubliables buts de Paul Henderson, en 1972, et de Mario Lemieux, 15 ans plus tard, le filet victorieux de Sidney Crosby lors de la finale des Jeux olympiques de Vancouver face aux Etats-Unis, dimanche, demeurera gravé dans les annales du hockey canadien.

«Iggy!», a d'abord crié le fameux numéro 87 en direction de Jarome Iginla. Crosby a ensuite accepté la passe de son ailier, s'est approché du filet et a décoché un tir qui s'est faufilé entre les jambières du gardien Ryan Miller, à 7:40 de la période de prolongation, procurant une victoire de 3-2 et une 14e médaille d'or au Canada.

Crosby a ensuite lancé ses bras vers le ciel et manifesté sa joie au point d'en perdre son protecteur buccal. Ce fut dès lors le point de départ de la célébration d'un jeu que l'on risque de revoir dans les ruelles et entrées de cour, d'un océan à l'autre.

«Vous allez voir de nombreux enfants souhaitant être à la place de Crosby, marquant en prolongation pour donner la médaille d'or à son équipe», a prédit le vétéran défenseur Chris Pronger. «Et c'est quelque chose de très spécial.»

C'est bien le moins que l'on puisse dire!

Dans les mois précédant le tournoi olympique, la conquête de la médaille d'or par Equipe Canada était presque devenue une obsession nationale parmi les amateurs de hockey du pays. Et bon nombre d'entre eux avaient mis leurs attentes sur les épaules de Crosby, malgré ses 22 ans.

Déjà vainqueur de la coupe Stanley, il était le meilleur joueur d'une équipe classée à titre de co-favorite, avec la Russie, pour récolter l'or à Vancouver. Et lorsqu'il est question de hockey au Canada, rien de moins qu'une victoire peut combler les amateurs.

Faut-il se surprendre, donc, d'avoir senti une certaine consternation devant les minces contributions de Crosby lors des victoires canadiennes de 7-3 contre la Russie, en quarts de finale, et de 3-2 face à la Slovaquie, en demi-finale?

Où était Crosby au moment où l'équipe avait tant besoin de lui?

Au bout du compte, il aura été au bon endroit, au bon moment.

«Tous les enfants rêvent de profiter d'une telle occasion, a déclaré Crosby. C'aurait pu arriver à n'importe quel autre joueur dans ce vestiaire. D'avoir la chance de représenter le Canada aux Jeux olympiques et de tenter de gagner une médaille d'or sont des moments dont vous rêvez des milliers de fois lorsque vous êtes jeunes.»

Pour certains, ce rêve est né après avoir vu Henderson loger une rondelle libre derrière le gardien Vladislav Tretiak lors du huitième match de la fameuse Série du siècle de septembre 1972.

Pour les plus jeunes, c'est Lemieux qui accepte une passe arrière de Wayne Gretzky et qui fait bouger les cordages à l'aide d'un tir des plus précis, lors de la grande finale de la Coupe Canada de 1987.

Le but de Crosby a mis un terme à l'un des tournois les plus décortiqués de toute l'histoire du hockey. Avant le moment ultime, le capitaine des Penguins de Pittsburgh avait fait les manchettes en raison du peu d'impact qu'il avait généré depuis le début du tournoi. Il l'a complété avec un dossier de quatre buts et trois passes en sept matchs, et l'estime de toute l'équipe.

«Je crois qu'il a connu un excellent tournoi, a analysé Steve Yzerman, directeur exécutif d'Equipe Canada. Je tiens à vous rappeler qu'il est encore très jeune et qu'il avait tout le poids d'un pays sur ses épaules. On ne lui demande pas seulement de gagner, mais d'être un leader et de marquer trois buts tous les soirs. C'est exiger beaucoup d'un jeune joueur. Je crois qu'il s'est fort bien comporté face à tant de pression.»

Crosby était venu bien près de sceller l'issue du match avec trois minutes à jouer au temps réglementaire, et le Canada en avance 2-1, lorsqu'il s'est dirigé seul vers Miller. Mais quelqu'un a soulevé son bâton au tout dernier instant, de sorte que le filet d'assurance n'est jamais venu. Les Etats-Unis ont ensuite forcé la prolongation avec 24,4 secondes à écouler.

Crosby ne s'est jamais découragé et lorsqu'une deuxième chance s'est offerte à lui, il ne l'a pas manquée.

«C'est peu agréable de voir l'équipe adverse égaliser le score après que vous ayez raté une échappée. En prolongation, nous voulions la victoire et ne voulions ressentir aucun regret.»

Avec une médaille d'or autour du cou, il n'en a probablement aucun.