Pour la première fois, Geneviève Simard doit jongler avec le mot «retraite». Son entraîneur et son chirurgien l'ont récemment évoqué. Mais la skieuse au genou amoché refuse d'abandonner. Elle s'accroche au fragile espoir de participer à ses troisièmes Jeux olympiques, devant les siens, à Vancouver.

Après une pause forcée de trois semaines, Geneviève Simard reprend la compétition aujourd'hui. Pas en Coupe du monde, mais sur le circuit de développement Nor-Am, à Panorama, en Colombie-Britannique, où un slalom géant est à l'horaire aujourd'hui et demain.

Ce n'est pas exactement de cette façon que l'athlète de 29 ans avait planifié sa saison olympique. Mais son genou gauche, soumis à une opération majeure au printemps 2007, est revenu la hanter lors d'un camp d'entraînement en Alberta, à la fin novembre. Incapable de skier ou même de faire du vélo stationnaire, Simard a entendu Jim Pollock, entraîneur-chef de l'équipe technique féminine, évoquer une éventuelle retraite.

Même si son entraîneur était compatissant, Simard avoue que le choc a été brutal. En pleurs, elle a dû être consolée par ses coéquipières Brigitte Acton et Emily Brydon. «C'est la première fois où je sentais que la fin était vraiment proche, a dit Simard, hier, au téléphone. J'avais un pied dans ma carrière et un pied dans la retraite. Je me suis dit: «Wô, je ne suis pas prête à me retirer.»»

L'athlète de Val-Morin a demandé un peu de temps aux dirigeants de l'équipe. Elle est rentrée au Québec pour retrouver la santé, refaire ses forces et se ressourcer auprès des siens.

Elle s'est aussi rendue à London, en Ontario, pour rencontrer le chirurgien qui avait procédé à son ostéotomie, il y a deux ans et demi. Expérimentale pour une skieuse active, la procédure nécessitait le sectionnement d'un gros morceau du tibia pour réaligner le genou.

Le hockeyeur Steve Yzerman, ancien grand capitaine des Red Wings de Detroit, avait subi pareille intervention avant d'être forcé de se retirer après un retour plus ou moins concluant.

Simard s'est laissé dire par son chirurgien qu'elle était peut-être, elle aussi, arrivée «au bout du chemin». La Québécoise a préféré écouter ses quelques suggestions de traitement, sans savoir s'ils pourront être efficaces. Rongée par l'arthrite, elle sait qu'elle ne peut maintenant que «gérer» son genou et la douleur. «Je suis à un point de ma carrière où ce n'est pas la forme, l'intensité ou la motivation qui manquent. C'est la vraiment la santé. Mon genou est magané.»

Après 14 années au sein de l'équipe nationale, marquées par cinq podiums en Coupe du monde, dont une victoire en super-G, Simard est incapable de se résigner à ranger ses skis, surtout en cette saison olympique. «J'aurais de la misère à me lever demain matin, me dire: «O.K., c'est terminé», sans avoir le feeling que j'ai tout essayé.»

Simard a donc rappelé ses entraîneurs pour leur proposer un plan de retour. Sa cible: le géant de Lienz, en Autriche, le 28 décembre. Après deux journées de ski libre, elle testera réellement son genou aux géants Nor-Am de Panorama.

Le temps presse. Il ne reste que trois slaloms géants de Coupe du monde avant les JO de Vancouver et Simard n'a réalisé aucun des deux critères de qualifications (top 12). «C'est sûr que si ce n'était pas des Jeux, je ne me sentirais pas aussi pressée de revenir, a-t-elle reconnu. Mais j'essaie de penser à ma santé en premier. Si les choses vont bien, je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas une chose possible. J'y vais étape par étape. J'essaie de me donner une chance.»