La finale féminine des Internationaux de France opposera demain la tenante du titre, Francesca Schiavone, et l'étonnante Li Na. L'Italienne partira avec la faveur des pronostics en raison de son aisance sur la terre battue ocre de Roland-Garros.

Schiavone, cinquième favorite, s'est imposée logiquement hier face à la Française Marion Bartoli, invitée-surprise des demi-finales, en deux manches de 6-3, 6-3. Elle a encore démontré ses qualités de battante sur une surface qui lui convient à merveille, ne se laissant pas déconcentrer par les cris du public entièrement acquis à la cause de sa rivale.

«Ce lieu m'inspire», a raconté l'Italienne, émue, en conférence de presse. Elle a d'ailleurs frotté sa main sur la terre, après le match, pour l'embrasser. «Quand j'étais petite, je rêvais toujours de ce tournoi, ça doit venir de loin. Et chaque fois que j'arrive, je ressens quelque chose de spécial...»

Après avoir remporté la première manche, Schiavone était menée 0-2 en début de deuxième manche, à un point du 0-3, mais elle a renversé la situation, s'ajustant mieux au vent tourbillonnant qui soufflait sur le court Philippe-Chatrier.

«Ici, la balle rebondit haut et quand le soleil brille, quand il vente comme aujourd'hui, c'est mieux pour moi, a expliqué la joueuse de 30 ans. Je peux déclencher mes frappes lourdes et profondes, je peux varier et cela déstabilise mes adversaires.»

Bartoli, qui tentait de devenir seulement la deuxième Française de l'ère moderne à atteindre la finale à Paris (après Mary Pierce), n'était pas de taille face à sa rivale sur la terre battue. «Elle joue très haut avec son lift et je pense qu'elle était plus avantagée que moi, avec mon jeu à plat, sur cette surface, a expliqué Bartoli.

«C'est décevant, bien sûr, car j'aurais aimé gagner. Mais j'ai été comblé cette semaine, par mon jeu bien sûr, mais aussi par tout cet amour que m'a envoyé le public. Cela me donne envie de continuer le travail et de revenir l'an prochain, pour un match de plus...»

Sharapova a craqué

Dans l'autre demi-finale, la Chinoise Li Na a profité des erreurs à répétition de la Russe Maria Sharapova pour s'imposer 6-4, 7-5 et accéder à sa deuxième finale du Grand Chelem consécutive.

Sharapova, huitième favorite, tentait d'enlever le seul titre majeur qui manque à sa collection, mais elle a commis pas moins de 10 doubles fautes et 28 fautes directes. «Il y a des moments où je n'ai pas très bien servi, c'est vrai, a reconnu la Russe en conférence de presse. Je me pressais un peu trop alors que je n'en avais pas besoin.

«Étant donné les conditions, je me suis dit: «Mes deuxièmes services, je vais essayer de les passer un peu en force», mais ce n'était pas une bonne idée.»

Li (sixième favorite) a aussi commis plusieurs fautes directes (23), en raison notamment du vent, mais elle a su garder sa concentration lors des points décisifs. «Cette finale à Roland-Garros, c'est une superbe expérience dans ma carrière, a souligné la gagnante en conférence de presse.

«C'est aussi quelque chose d'important pour le tennis chinois. Sans doute qu'on a montré le match en Chine, alors... peut-être que des enfants l'ont vu, et qu'ils pensent qu'ils pourront faire la même chose un jour - ou même encore mieux.»

Li espère faire mieux que lors de sa première grande finale, en janvier, aux Internationaux d'Australie, quand elle s'est inclinée devant Kim Clijsters. «À Melbourne, c'était ma première finale en Grand Chelem et je n'avais aucune expérience, a rappelé la Chinoise. Je ne savais pas du tout ce que je devais faire. Cette fois, c'est ma deuxième finale et je sais davantage comment je devrai me préparer.»

Schiavone s'est réjouie d'affronter une rivale qui lui ressemble en finale. «Il faudra que je joue bien, car Li est vraiment forte. Elle joue le meilleur tennis de sa carrière. Elle est devenue très régulière. Il faudra que je sois à 100%.

«On est deux fortes personnalités, deux styles de jeu différents. On a pratiquement le même âge (Li Na a 29 ans). On est un peu comme le bon vin, on vieillit bien!»