Les matchs truqués sont monnaie courante dans les tournois de tennis de niveau inférieur et le phénomène n'est pas suffisamment combattu, a déclaré mercredi à l'AFP Chris Eaton, responsable du Centre international pour la sécurité du sport à Doha.

«Au deuxième niveau ou plus bas, les indices de trucage de matchs sont lourds et fréquents. Nous ne sommes pas les seuls à faire cette constatation», a expliqué par email M. Eaton, ancien responsable de la sécurité à la FIFA.

En revanche «aucune manipulation» de match ne transparaît dans l'analyse des matchs des grands tournois, où les joueurs sont bien rétribués et donc moins exposés à la corruption, a ajouté M. Eaton.

Selon lui, le tennis est le troisième sport sur lequel on parie le plus dans le monde et, en conséquence, il est aussi le troisième pour le nombre de matchs suspects.

«La corruption n'est pas aussi lucrative dans le tennis que dans le soccer ou le cricket, mais il est plus facile de truquer un match de tennis», a-t-il ajouté.

M. Eaton a qualifié d'«opaque et secrète» l'Unité pour l'intégrité du tennis (UIT), l'instance chargée par l'ATP de lutter contre la corruption dans ce sport. «L'intégrité nécessite par définition de l'ouverture et de la transparence. L'UIT n'a ni l'une ni l'autre. En opérant dans l'ombre, elle ne met pas en oeuvre ce qu'elle prône», a-t-il estimé.

La BBC et le site BuzzFeed ont affirmé dimanche que seize joueurs, dont huit sont inscrits aux Internationaux d'Australie, étaient soupçonnés d'être impliqués dans des matches truqués au cours de la dernière décennie. Ayant eu accès à des documents confidentiels, ces médias accusent également l'ATP, instance dirigeante du tennis professionnel, d'avoir cherché à étouffer plusieurs affaires.

À Melbourne, le président de l'ATP Chris Kermode a démenti lundi toute tentative d'escamotage. «Les autorités du tennis rejettent toute allégation selon laquelle des preuves de trucage de matchs auraient été cachées ou ne feraient pas l'objet d'une enquête approfondie», a-t-il dit.