La dernière fois qu'un Canadien a atteint la finale des Internationaux du Canada, le match a été disputé avec des raquettes en bois sur un terrain en gazon, à Vancouver. Et non, Robert Bédard n'a pas été payé pour sa victoire en 1958.

«C'était le jour et la nuit avec le tennis d'aujourd'hui», se rappelle Robert Bédard, invité hier par Tennis Canada pour procéder au tirage au sort de la finale. «À l'époque, il n'y avait que 30 ou 50 bons joueurs sur le circuit. Maintenant, ils sont des centaines. Nous n'avions pas de bourses, on nous remboursait plutôt nos dépenses. Nous jouions dans des clubs de tennis, pas dans des stades. Et si on perdait, c'était quelque chose de personnel. Pour Milos, hier, c'était l'affaire de tout le pays...»

Jusqu'à l'éclosion de Milos Raonic, Robert Bédard était considéré comme le meilleur joueur de l'histoire du tennis canadien. Dans les années 50, l'athlète originaire de l'Estrie faisait partie des 30 meilleurs joueurs au monde. Il a battu Roy Emerson, détenteur de 12 titres du Grand Chelem, sur le gazon anglais. Il a atteint les quarts de finale à Wimbledon, un exploit toujours inégalé presque 60 ans plus tard. Après sa retraite sportive, ce sportif talentueux - il avait refusé un contrat des Rangers de New York avant de se consacrer au tennis - est devenu enseignant, continuant de gagner des tournois partout au pays, dont les Internationaux du Canada en 1958.

Comme tous les amateurs de tennis au pays, Robert Bédard a suivi avec intérêt les exploits des Raonic, Pospisil et compagnie la semaine dernière. «Ça fait longtemps que je voulais qu'il y ait des Canadiens très forts», dit Robert Bédard, qui joue toujours au tennis quatre fois par semaine, à 81 ans.

Robert Bédard est très optimiste pour la suite de la carrière de Raonic, qu'il connaît depuis plusieurs années pour l'avoir vu jouer contre ses fils adultes dans des ligues à Toronto. Mais comme tout champion de tennis, il remarque les aspects de son jeu à améliorer. «Il se fie trop sur son service et doit aussi travailler sa mobilité sur le terrain, dit Robert Bédard. Sa plus grande faille [hier] fut son retour de service. J'ai été surpris de voir qu'il ne pouvait pas retourner les services brossés de Nadal. Il est jeune et il va apprendre. Vous allez voir un nouveau joueur la prochaine fois.»