Quand Marion Bartoli (n° 13) a brandi son poing rageur pour la dernière fois après avoir écarté Mariana Duque-Marino, le deuxième acte de l'affrontement entre Maria Sharapova (n° 2) et Eugenie Bouchard pouvait enfin commencer. Le premier acte avait eu lieu la veille, sous de gros nuages noirs qui avaient craché deux fois leur trop-plein d'eau.

La jeune Canadienne, on s'en souviendra, avait beaucoup insisté pour interrompre un match où la pluie avait pris la vedette. La Russe menait alors 6-2, 4-2.

Quand le jeu a repris, il y avait toujours des nuages, mais cette fois, ils se sont retenus. La Québécoise paraissait plus sûre d'elle. Elle a moins laissé la Russe dicter l'échange. On l'a vue courir plus de risques et réussir quelques beaux coups.

Eugenie a d'ailleurs gagné ses deux jeux de service, mais elle n'est pas parvenue à prendre un jeu sur l'engagement de Maria. Elle a pourtant eu deux balles de 5-5. La Russe a sauvé la première grâce à un deuxième service qui a glissé sur la ligne. La Québécoise a raté la seconde sur un coup droit trop long et sans doute nerveux. Elle venait de laisser filer sa dernière chance.

Au final, victoire donc de la championne en titre de Roland-Garros (6-2, 6-4). Le score est nettement moins gênant que celui de leur premier duel à Miami. Eugenie, moins impressionnée face à son idole de jeunesse, a fait meilleure figure, notamment à la deuxième manche.

La Québécoise a un beau coup droit. C'est son meilleur coup, celui autour duquel elle construit ses attaques. Sa volée m'avait impressionné lors de son match d'entrée contre Pironkova. Contre Sharapova, qui tape fort, Bouchard n'a pas trop osé s'aventurer au filet.

Eugenie a eu du mal aussi à imposer son service. La première balle manquait un peu de mordant et la seconde était vulnérable. Mais il faut dire que la terre battue humide ne l'a pas aidée.

Bref, elle a disputé une bonne rencontre, où elle n'a pas grand-chose à se reprocher, si ce n'est cette balle d'égalisation manquée au deuxième set. Mais elle continue sa progression.

Il sera intéressant de la voir évoluer maintenant sur le gazon anglais. Dans quelques jours, elle sera d'ailleurs à Birmingham où se tient un tournoi préparatoire à Wimbledon.

De l'expérience en banque

En conférence de presse, Bouchard n'a pas paru trop déçue de son élimination. Elle était consciente d'avoir affronté une des meilleures joueuses au monde et consciente aussi de ne pas être, pour le moment du moins, à ce niveau. «Pour rivaliser contre des joueuses comme Maria et Serena, il faut avoir de nombreuses occasions de les affronter. J'en retire une tonne d'expérience.»

Elle nous a dit avoir été plus excitée qu'impressionnée de s'être retrouvée sur le Philippe-Chatrier, court central de Roland-Garros. «C'est pour jouer sur des courts semblables que je m'entraîne si fort.» Son seul regret, c'est qu'il n'ait pas été bondé en raison du mauvais temps. Mais elle a déjà hâte d'y retourner.

Soit dit en passant, la cheville droite, qu'elle continue à protéger, va bien. En aucun cas elle n'a voulu s'en servir comme prétexte pour sa défaite.

Quant à Sharapova, impériale et laconique, elle s'est dite heureuse d'avoir bouclé son deuxième tour et n'a pas soufflé mot de son adversaire.