À 40 ans, Nestor a signé samedi la 45e et plus importante victoire de sa longue carrière en Coupe Davis. Avec Vasek Pospisil - un joueur qui pourrait être son fils -, le vétéran est allé au bout d'un duel homérique de 4 heures et 27 minutes pour l'emporter en cinq manches de 6-4, 6-3, 3-6, 3-6 et 15-13 contre les Italiens Daniele Bracciali et Fabio Fognini.

Habituellement stoïque, dans la victoire comme dans la défaite, Nestor a abandonné sa réserve après le match, quand il a entraîné son coéquipier avec lui pour aller saluer et remercier la foule, tout particulièrement le groupe bruyant et chahuteur qui a souvent déconcentré les Italiens.

«Après tout ce que nous avons enduré au cours des années devant les foules hostiles en Amérique du Sud, je trouvais très injustes les plaintes des Italiens à l'endroit de nos partisans. S'ils ne sont pas capables d'endurer les moqueries, ils n'ont qu'à faire autre chose!»

Longue traversée

C'est que Nestor en a beaucoup enduré, justement, pas seulement de la part des spectateurs étrangers. Depuis 21 ans, il est l'épine dorsale d'une équipe canadienne de Coupe Davis qui a connu beaucoup plus de périodes creuses que de présences en Groupe mondial. Et, à de très rares exceptions près, il a toujours répondu présent.

L'explosion de Milos Raonic sur la scène mondiale et la progression de Vasek Pospisil lui offrent, au crépuscule de sa carrière, la chance de jouer au plus haut niveau dans cette compétition qui lui tient à coeur.

Samedi soir, et hier encore après la victoire de Milos Raonic, son sourire était beau à voir. «Dans les circonstances, c'est l'une de mes plus belles victoires, a estimé Nestor. La foule a été extraordinaire et elle nous a aidés à trouver de nouvelles ressources, à la fin, quand le match s'étirait. À mon âge, je suis heureux de voir que je jouerai encore quelques rencontres en Coupe Davis...»

Humble dans le triomphe, Nestor a rendu hommage à son partenaire. «Vasek a été incroyable. C'est lui qui nous a relancés quand les Italiens ont égalisé et, en cinquième manche, c'est lui qui est allé chercher la victoire. Moi, je m'accrochais...»

Blessé à l'aine, le spécialiste du double avait bien failli déclarer forfait. «Il s'est étiré quelque chose à Miami, la semaine dernière, a expliqué le capitaine canadien Martin Laurendeau. On en a encore parlé hier soir [vendredi] et Daniel était prêt à céder sa place. Mais même à 80% physiquement, son expérience et son talent sont tels que je n'ai pas hésité...

«Lui et Vasek ont démontré une force de caractère incroyable, a poursuivi Laurendeau. Le match a tourné si souvent, mais ils n'ont jamais abandonné, y ont toujours cru. Nous savions que le double serait déterminant et ils ont répondu à l'appel au-delà de toutes nos attentes.»