Andre Agassi reste, à 41 ans, l'un des athlètes les plus charismatiques du tennis. La publication de son autobiographie, Open, en 2009, a révélé les multiples facettes sombres du personnage, tout en lui valant de nombreuses inimitiés.

De retour en force sur le circuit des vétérans après une opération à la hanche qui lui a donné une nouvelle jeunesse, Agassi sera à Montréal vendredi dans le cadre du Rendez-vous des Maîtres. En conférence téléphonique, hier, celui qu'on surnommait le «Kid de Las Vegas» n'a pas hésité à revenir sur les épisodes heureux et malheureux de sa carrière.

«Plus jeune, je n'avais pas choisi de jouer au tennis et je ne le faisais sûrement pas pour les bonnes raisons, a-t-il confié. J'ai donc été complètement déconnecté de ma carrière pendant de longues années et cela m'a mené dans des situations très sombres.

«Je ne pouvais entendre ma propre voix, je ne savais même pas ce que je voulais. En fait, je n'ai vraiment décidé de jouer au tennis et de tout faire pour y réussir que très tard dans ma vie. J'ai eu la chance de jouer encore sept ou huit ans et de connaître encore du succès bien après la trentaine, mais les 25 premières années ont été très difficiles.»

Agassi a reconnu dans son livre qu'il détestait certains adversaires; Pete Sampras, par exemple, mais aussi Michael Chang, qu'il affrontera vendredi soir au Centre Bell.

«J'ai commencé à l'affronter quand nous étions encore des enfants et notre rivalité a été très vive, a reconnu Agassi. Michael, qui est sérieux, rigoureux dans sa préparation et qui n'abandonne jamais sur le court, représentait plusieurs choses auxquelles j'aspirais et je lui en voulais pour cela.

«Nous sommes toutefois devenus de bons amis l'automne dernier à l'occasion d'une tournée de matchs de vétérans. Nous avons longuement parlé de mon livre, de ce que j'avais dit de lui, et j'ai pu le rassurer sur le fait que je ne lui en avais jamais voulu personnellement, mais bien parce que je me croyais incapable d'atteindre ses standards. Parce que j'étais trop faible mentalement...

«En un sens, il m'a beaucoup aidé à changer. Aujourd'hui, nous partageons plusieurs choses, nous sommes pères de famille et nous avons un grand plaisir à nous retrouver. Je suis convaincu que le public montréalais pourra le constater, vendredi.»

Un nouveau corps

Ce sont des maux de dos qui ont forcé Agassi à mettre un terme à sa carrière en 2006, mais le problème se situait en fait aux hanches. «Je n'avais pratiquement jamais eu une mobilité complète au niveau de la hanche droite, a-t-il expliqué. Cela n'était pas vraiment douloureux, mais ça avait fini par miner d'autres parties de mon corps, et surtout mon dos.

«J'ai subi la même intervention que Milos Raonic après sa blessure à Wimbledon. Il m'avait dit avoir pu reprendre l'entraînement quelques semaines seulement après l'opération et c'est aussi ce que j'ai pu faire.

«La procédure est très simple, non invasive et elle m'a redonné toute ma mobilité. Je suis capable aujourd'hui de faire des mouvements sur un court que je n'avais jamais faits auparavant. Mon dos va aussi beaucoup mieux, tout le reste aussi. En fait, je n'ai jamais été aussi jeune!»

Agassi ne se fait toutefois pas d'illusions sur ses chances de tenir le coup devant les champions actuels. «Ce qu'accomplit Novak Djokovic depuis un an est vraiment phénoménal. Et c'est incroyable de constater que seulement trois joueurs ont remporté pratiquement tous les tournois majeurs depuis 2004.

«Selon moi, dans le futur, nous considérerons la période actuelle comme l'âge d'or du tennis. À mon meilleur, je pouvais tenir trois heures à un très haut niveau et c'était assez pour vaincre la plupart de mes adversaires. En Australie, Djokovic et Nadal ont évolué à un niveau extraordinaire pendant plus de cinq heures!»

Agassi s'implique beaucoup dans des oeuvres caritatives avec sa conjointe Steffi Graf et répare avec une grande honnêteté les erreurs de son passé. Et si, au contraire d'autres anciens joueurs, il ne croit pas avoir la patience pour devenir entraîneur, il assure être toujours disponible pour partager son bagage d'expérience avec les plus jeunes.

À coup sûr, ses leçons méritent d'être écoutées.