La finale féminine des Internationaux d'Australie opposera la nuit prochaine deux joueuses qui peuvent légitimement prétendre au statut de «reine du tennis» et la gagnante accédera effectivement au premier rang mondial.

Actuellement troisième et quatrième du classement, Victoria Azarenka et Maria Sharapova flirtent avec le plus haut sommet depuis quelques mois déjà, mais elles ont emprunté des chemins très différents pour y arriver.

Sharapova compte en effet déjà trois titres en Grand Chelem (Wimbledon 2004, US Open 2006 et Australie 2008), mais son élan a été brisé net par une grave blessure à l'épaule en 2008. Une longue convalescence et sans doute aussi une carrière très chargée hors des courts ont ralenti son retour parmi l'élite, mais c'est chose faite depuis la saison dernière, comme l'a montré sa finale perdue à Wimbledon devant la Tchèque Petra Kvitova.

«Ça signifie tant pour moi d'être de retour en finale d'un tournoi du Grand Chelem, a souligné Sharapova en conférence de presse. Ça fait du bien d'y revenir ici, où j'ai gagné mon dernier titre majeur, mais où j'ai toujours perdu assez tôt ces dernières années...»

La Russe, qui a seulement 24 ans, a pris sa revanche sur Kvitova dans une demi-finale gagnée 6-2, 3-6, 6-4.

«Je me suis battue jusqu'au dernier point, a-t-elle souligné. Je lui ai donné beaucoup d'opportunités dans la troisième manche, je me suis juste accrochée et j'ai tout donné. Il y a eu tellement de jeux où j'étais à 15-40 ou 0-30 sur mon service, mais sur ces points j'ai sorti de gros services, et après, dans le dernier jeu, de gros retours.»

Sharapova a mis le doigt sur son plus gros handicap: elle n'a jamais retrouvé son service après sa blessure et commet toujours un nombre astronomique de doubles fautes (encore 10 en demi-finale). Azarenka (qui l'a déjà affrontée six fois) ne manquera pas d'en profiter.

«J'ai réussi à me rendre là avec ce service et je suis sûre de pouvoir gagner encore, a pourtant assuré Sharapova. Victoria n'a jamais été à ce stade d'un tournoi du Grand Chelem avant, mais elle a déjà gagné de grands titres et a l'expérience. Elle espère ce moment depuis longtemps et je m'attends à ce qu'elle joue un très bon tennis.»

Une «attardée mentale»...

Grande, blonde et très «bruyante» sur les courts, comme sa rivale, identifiée très jeune comme une future championne, Azarenka a longtemps eu de la difficulté à gérer le stress des grandes compétitions.

«Vous pensiez tous que j'étais une «attardée mentale», mais j'étais juste jeune et je me laissais emporter par mes émotions», a-t-elle confié au public du court central après sa victoire de 6-4, 1-6, 6-3 contre la Belge Kim Clijsters en demi-finale.

«Je ne sais pas si c'est le plus dur, mais c'est vraiment l'un des matchs de ma carrière où il y a eu le plus d'émotion. Elle était si dominante en deuxième manche, elle me faisait tellement courir. Mais je me disais qu'il me restait une manche, 30 ou 40 minutes, pour faire la différence.

«À la fin, j'avais l'impression que mes mains pesaient 200 kilos, que mon corps en pesait 1000! Et tout ce poids s'est envolé quand j'ai réalisé que j'avais gagné, a raconté la Biélorusse de 22 ans, les larmes aux yeux. Ce sera ma première finale en Grand Chelem et ce sera vraiment important pour moi de rester positive et bien concentrée.»

Caroline Wozniacki, numéro 1 mondiale depuis octobre 2010 - à l'exception d'une semaine en février 2011 - cédera donc un premier rang que plusieurs contestaient en raison de ses insuccès en tournois majeurs. Encore battue en quart de finale par Clijsters, la Danoise a promis de revenir au sommet et de faire taire ses critiques.