Malgré ses deux beaux champions, cet Omnium des États-Unis passera davantage à l'histoire pour ses nombreuses controverses. Au-delà des frasques de Serena Williams, c'est la «révolte» des joueurs de premier plan qui risque d'avoir les plus grandes conséquences pour l'avenir du tournoi.

Contraints par la pluie de disputer plusieurs matchs sans journée de repos, Rafael Nadal, Andy Murray et Andy Roddick ont pris d'assaut le bureau de l'arbitre en chef du tournoi, Brian Early, et ils ont obtenu la prolongation du tournoi jusqu'à hier, au grand dam des diffuseurs de l'événement.

Dans la foulée, les joueurs ont rappelé qu'ils s'opposaient à l'horaire habituel du tournoi, qui oblige les joueurs à disputer les demi-finales le samedi et la finale le dimanche, au détriment évident du finaliste qui aura joué la deuxième demi-finale.

«C'est injuste, mais cela fait des années que c'est comme cela, a souligné Nadal. Le problème, ce ne sont pas les organisateurs, c'est que nous n'avons pas assez de pouvoir lors des grands tournois. Cela devra changer et j'espère que ce sera bientôt...»

Avantagés par le tirage au sort, Novak Djokovic et Roger Federer ont néanmoins apporté leur appui à Nadal. «Nous tentons tous de rendre le tennis un meilleur sport, mais je suis heureux de voir que les joueurs se sont regroupés, a souligné Djokovic vendredi dernier. C'est peut-être un tournant, le moment où nous avons décidé de nous faire entendre.»

Dans les coulisses, on a reparlé d'un «syndicat» des joueurs, une vieille idée, qui remonte à l'époque de John McEnroe et Jimmy Connors. On a aussi évoqué la nomination possible d'un «commissaire» du tennis, qui pourrait défendre les intérêts de tous avec impartialité.

On peut douter du réalisme de telles propositions, qui se sont toujours heurtées à l'individualisme des athlètes et aux écarts importants de revenus entre les joueurs et joueuses du top 10, d'une part, et les dizaines d'autres qui vivent une tout autre réalité.

On ne peut toutefois plus douter de la volonté des joueurs d'obtenir des changements, surtout à l'Omnium des États-Unis.

Samedi, à la fin de sa conférence de presse, Roger Federer a oublié quelques instants sa déception d'avoir perdu contre Djokovic pour rappeler aux organisateurs leurs responsabilités.

«Nous ne voulons pas mettre de pression sur eux, mais c'est évident qu'il doit y avoir des changements. Le programme actuel est injuste. Ce n'est même pas matière à débat, c'est l'évidence! Nous espérons donc que le programme sera corrigé l'an prochain; sinon, nous devrons nous faire entendre à nouveau, même si n'est pas quelque chose que nous aimons faire...»

Plus largement, le tournoi a été marqué par une quinzaine de retraits en simple, un autre indice des exigences trop grandes d'une saison interminable. Les quelques semaines de répit entre Wimbledon et la saison nord-américaine ne servent en fait qu'à préparer le passage sur surface dure et les joueurs arrivent habituellement à New York dans un état physique amoindri.

Ce sera encore pire en 2012 avec la tenue du tournoi olympique sur le gazon de Wimbledon, juste avant la Coupe Rogers moins d'un mois avant l'US Open.

Les organisateurs new-yorkais n'ont pas vraiment le choix.