Avec son plafond en verre jauni, ses gradins rétractables et son tableau indicateur vieillot, le Lavietes Pavilion est typique de l'ensemble du campus de l'Université Harvard. C'est là que nous avons rencontré Laurent Rivard, étudiant en sciences de l'informatique et garde de l'équipe de basketball de l'Université.

Laurent avait fait parler de lui le printemps dernier quand le Crimson de Harvard avait remporté le championnat de la Ivy League et participé au fameux March Madness, le championnat national de basketball de la NCAA.

Cette saison, la disqualification de quatre vétérans - dont les trois séniors de l'équipe - dans une affaire de tricherie académique (on ne lésine pas avec ça à Harvard) a propulsé le jeune homme de Saint-Bruno au premier plan et il l'assume avec un aplomb remarquable.

Rivard a opté pour Harvard en raison du prestige académique de l'institution, bien sûr, mais aussi de la qualité du programme de basketball. «Je voulais surtout être certain de bien m'entendre avec l'entraîneur (Tommy Amaker) et c'est toujours le cas. L'équipe n'avait jamais remporté le championnat de la Ivy League et nous l'avons fait l'an dernier.

«C'est un peu plus difficile cette saison, reconnaît Laurent. Nous avons une équipe très jeune, mais de bons joueurs-recrues et nous progressons à chaque match.» Le Crimson est d'ailleurs présentement en lutte pour le premier rang du classement, tout près d'une autre participation au March Madness.

La vie à Harvard

Laurent habite sur le campus, non loin de Lavietes Pavilion. «La première année, tous les étudiants habitent dans des résidences (dorm) au centre historique de l'Université. Ce n'est que la deuxième année qu'on peut choisir ses colocataires et ses voisins.

«Cette année [sa troisième à Harvard] je suis vraiment choyé parce que j'habite dans le dorm qui est situé tout près du complexe sportif, de l'autre côté de la Charles River. C'est un peu le rendez-vous de tous les athlètes. Il y a toujours du monde à la cafétéria et c'est l'un des endroits où je suis vraiment très souvent.

«Mon autre spot, c'est ici, dans le vestiaire de l'équipe. Nous avons accès à un petit salon où on peut faire nos devoirs, étudier, nous détendre et regarder la télé. L'horaire d'un étudiant de Harvard est très chargé, encore plus s'il est un athlète. Je ne vais pas souvent en ville, je n'ai assisté qu'à un match des Celtics depuis que je suis ici...»

Laurent trouve quand même le temps de développer des applications pour les appareils mobiles. «J'ai créé une petite entreprise pour commercialiser une application pour les iPhone, explique-t-il. Mais ce n'est rien en comparaison avec certains de mes collègues du département d'informatique, qui ont déjà de grosses entreprises et font pas mal d'argent.»

Jour de match

Pour l'instant, il accorde la priorité au basketball et espère mener encore le Crimson au championnat de la Ivy League. Homme de confiance de l'entraîneur-chef Amaker, il encadre ses jeunes coéquipiers sur le terrain. À 6' 4, c'est un garde polyvalent, habile en défensive, mais aussi dans les tirs de trois points, une spécialité où il pourrait battre plusieurs records de l'équipe.

Samedi, jour de match, on parle beaucoup français dans les gradins du Lavietes Pavilion. «On essaie de venir chaque fois que l'équipe joue ici la fin de semaine, raconte le père de Laurent, Alain, qui est arrivé le matin en voiture avec son épouse. Boston n'est pas très loin, c'est une belle ville et nous sommes toujours contents de retrouver notre fils.»

Un oncle, une tante, des cousins et cousines, son ancien entraîneur aussi, avec ses enfants. Après la victoire du Crimson, le temps de prendre sa douche, Laurent rejoint sa famille et sa copine, étudiante à Harvard elle aussi. Même s'il dépasse tout le monde d'au moins une tête, il redevient pour quelques heures le p'tit gars de Saint-Bruno.