Gros plan sur le Brazuca, le ballon qui roulera sur les pelouses brésiliennes dès demain.

Gestation: deux ans et demi

Date de naissance: 3 décembre 2013

Poids: 437 grammes

Les parents, Adidas et la FIFA, sont fiers d'annoncer que le petit Brazuca volera de ses propres ailes à partir de demain sur les terrains brésiliens. Comme dans toutes les familles nombreuses, le cadet n'échappera pas, par contre, aux comparaisons avec les plus vieux. Et cette fois, elles sont largement à son avantage.

Petit frère du controversé Jabulani, le Brazuca est dans la lignée des ballons-éprouvettes, soit le produit d'un travail effectué autant sur le terrain qu'en laboratoire. Pendant une trentaine de mois, près de 600 joueurs et ex-joueurs (dont Lionel Messi et Zinedine Zidane) ont ainsi pu tester le ballon dans toutes les conditions possibles aux quatre coins du globe. Puis, en décembre dernier, Adidas a procédé aux premières livraisons aux 32 fédérations qui se sont donné rendez-vous au Brésil, pour le Mondial. Quelques compétitions, telles la Coupe du monde des clubs, la Coupe d'Allemagne ou la saison 2014 de la MLS, ont également mis en vedette le Brazuca. Ainsi, les joueurs de l'Impact ont pu taper dedans dès le début du camp d'entraînement, en janvier.

Avant de recevoir quelques missiles de la part de l'entraîneur des gardiens, Youssef Dahha, Maxime Crépeau lui a fait passer un test maison. «J'ai regardé comment il réagissait quand je le frappais, que ce soit avec une courbe ou en puissance. Ensuite, je l'ai lancé dans les airs pour voir comment il rebondissait, puis j'ai testé l'adhérence avec mes gants», détaille le troisième gardien du club. Son verdict? «C'est un ballon qui est bon au contact avec une surface plus molle. Selon moi, le ballon part deux fois plus vite. Par contre, il peut aussi aller de gauche à droite, mais cela fait partie des éléments d'un match. Je l'aime mieux que le Jabulani, et on voit qu'Adidas a corrigé les défauts même s'il en reste encore.»

Premier changement: le Brazuca est composé de six panneaux courbés en polyuréthane alors que le Cafusa, utilisé lors de la Coupe des confédérations, en contenait 32. Même si le collage des panneaux a encore été effectué par chaleur thermique, les coutures sont plus importantes, rendant le ballon moins lisse. Par rapport au Jabulani et ses huit panneaux, il est aussi recouvert d'une structure d'agrippement - imaginez une multitude de petits points en relief - qui permet au ballon d'avoir des trajectoires moins imprévisibles.

En Allemagne (Teamgeist) et en Afrique du Sud, les gardiens avaient en effet déploré l'effet «ballon de plage» des deux dernières créations sphériques d'Adidas. Au département des plaintes, le gardien brésilien Júlio César avait été l'un des plus virulents en parlant du Jabulani comme d'un «ballon acheté en supermarché». La NASA avait même calculé qu'il devenait totalement imprévisible au-delà de 72 km/h.

Du coup, Adidas s'est penché sur le problème avec un résultat satisfaisant, selon les tests effectués par les scientifiques. D'après une étude de l'Université de Tsukuba (Tokyo), réalisée en soufflerie, le Brazuca offre des trajectoires plus stables et moins de résistance à l'air. En clair, il est plus facile à juger pour les gardiens même s'il avance plus rapidement. «Avec la manière dont les joueurs frappent le ballon, cela peut toujours aller gauche-droite ou plonger devant toi, nuance Crépeau. Mais c'est certain qu'il y aura moins de ballons flottants et que ce sera plus évident pour les gardiens. En plus des tirs, j'inclus aussi les centres et les phases arrêtées qui sont des aspects du jeu très importants.»

Les caractéristiques du ballon influent aussi sur les tireurs de coup franc et les joueurs dotés d'une bonne frappe. Pour Wandrille Lefèvre, défenseur de l'Impact qui a l'un des tirs les plus lourds de l'équipe, il ne fait aucun doute que le Brazuca représente une nette amélioration. «Je le trouve supérieur à celui qu'il y avait dans la MLS l'an dernier et beaucoup mieux que le Jabulani d'il y a quatre ans. Le Jabulani était un extrême et, à la limite, ce n'était plus agréable. Même quand tu faisais une diagonale à l'un de tes coéquipiers, il avait du mal à la juger. C'était problématique.»