Dans le cadre du camp de l'Impact de Montréal en Californie, notre collaborateur a suivi le personnel d'entraîneurs avant, pendant et après le match de mardi dernier contre le Galaxy de Los Angeles.

Lundi 15h30 (19 heures avant le match)

Le soleil californien est de retour après un avant-midi pluvieux. Tandis que les joueurs profitent de quelques heures de liberté à la veille du match contre le Galaxy de Los Angeles, le personnel d'entraîneurs s'affaire sans relâche dans le lobby de l'hôtel Belamar.

Comme Jesse Marsch et ses collègues se plaisent à le dire, leur travail ressemble à une longue réunion dont ils ne viennent jamais à bout. On essaie parfois de décrocher et de parler d'autre chose, mais tôt ou tard, la conversation revient au soccer et à l'Impact, plus particulièrement.

Contrairement à ce qu'on pourrait penser, à moins de 24 heures du match, on ne discute pas de l'alignement partant ni de stratégies particulières pour contrer David Beckham et compagnie. On réserve ce sujet pour la réunion d'avant-match, qui aura lieu en soirée, tout de suite après le souper d'équipe. De toute façon, il semble que Marsch ait déjà une bonne idée de la composition de l'équipe.

Pour l'instant, les entraîneurs utilisent cet après-midi loin du terrain pour travailler sur une multitude de dossiers qui affecteront le club dans les prochains jours, voire les prochaines semaines.

Au menu: visionnement d'une vidéo de Matteo Ferrari en Süper Lig turque, formation sur un nouveau logiciel d'analyse de match, rencontre avec les thérapeutes de l'équipe à propos des blessés du jour. «Qu'en est-il de Justin Mapp?» demande Marsch à Jean-Sébastien Rondeau, thérapeute en chef du club. Mapp a subi une blessure lors du dernier match amical contre Portland, mais il a pris part à l'échauffement de la séance du matin. «Pourra-t-il jouer quelques minutes vendredi?» N'ayant pas de réponse claire au sujet du milieu américain, Marsch convient avec Rondeau d'en reparler le lendemain. Mapp a finalement quitté le camp de façon prématurée pour des raisons personnelles et il devrait retrouver ses coéquipiers la semaine prochaine à Orlando.

Lundi 18h37 (moins de 16 heures avant le match)

Le personnel se rencontre en prévision de la réunion d'équipe.

«Ce match sera différent de ceux que nous avons disputés contre Houston et Portland. Ces deux équipes essaient de dominer l'adversaire physiquement, dit Marsch en s'adressant à ses collègues. Los Angeles est une équipe qui «pense» et qui tente de s'imposer sur le plan «footballistique».»

Il y a eu beaucoup de mouvements de personnel depuis le début du camp, mais Marsch semble généralement satisfait du groupe de joueurs sur lequel il compte. Or, il reconnaît que celui-ci ne sera pas toujours en mesure d'imposer son style de jeu à ses adversaires. «Physiquement, notre équipe doit absolument égaler et même surpasser nos rivaux de la ligue. Cela dit, nous avons la chance de compter sur un groupe qui saura jouer au soccer. Nous serons capables de nous passer le ballon. Il faut seulement que nos joueurs comprennent que ce ne sera pas toujours suffisant.»

Pendant près d'une heure, l'entraîneur montréalais, debout à côté d'un tableau de présentation, passe méthodiquement en revue l'alignement partant du lendemain, les remplacements prévus et les stratégies à utiliser sur coups de pieds arrêtés. Durant l'exercice, il sollicite l'opinion de ses adjoints, qui sont assis dans la salle, en remettant en question ses choix. «Corners: est-ce qu'on demande encore à Gardner de les tirer? Lors du dernier match, il en a eu un bon et un mauvais... Qui place-t-on devant le gardien? Je vois bien Arnaud.»

On sent que Marsch valorise l'avis de ses collègues, mais il lui arrive assez souvent de répondre lui-même à ses questions. Au bout du compte, c'est toujours lui qui prend les décisions finales.

Lundi 19h22

On s'attarde maintenant à l'adversaire, dont le protagoniste sera David Beckham. «Ce qui se passe avec Beckham, c'est qu'il aime décrocher de sa position de milieu pour recevoir le ballon et commencer à le distribuer», nous dit Marsch, qui a eu sa propre part de duels avec le joueur anglais lorsqu'il était joueur.

«Avec Beckham, ce qu'on veut, c'est l'obliger à dribler en le mettant sous pression, car s'il a le temps d'ajuster ses passes, il sera efficace.» La discussion entre entraîneurs se poursuit sur les ajustements à apporter pour contrer le milieu de terrain du Galaxy. En gros, les demis montréalais devront le cadrer rapidement lorsqu'il aura le ballon et les défenseurs latéraux, porter une attention particulière aux appels en profondeur de leurs adversaires.

Mais c'est sans aucun doute sur les coups francs que Beckham est le plus dangereux. Y a-t-il moyen d'y échapper? «Au minimum, il faut qu'on ait un mur le plus «grand» possible. Qu'en pensez-vous? On met Sebrango, Wahl, Montaño... qui d'autre?»

Mardi 10h30-12h30 Galaxy c. Impact (0-3)

Avec une victoire de trois buts contre l'équipe championne en titre de la ligue, tout semble s'être déroulé comme sur des roulettes pour l'Impact et l'équipe technique. Pourtant, le ton qu'emploie Marsch après le match est loin d'être euphorique: «J'ai trouvé qu'on avait mis du temps à dicter le rythme en première mi-temps. C'est un peu comme si on avait baissé notre intensité vu que le Galaxy jouait sans réel engagement.»

Après 30 minutes de jeu, à la suite d'une discussion au banc des joueurs avec Mike Sorber et Mauro Biello, Marsch a demandé à Montaño et à Nyassi de changer de position, ce qui a permis au Gambien d'être plus engagé en attaque. Quelques minutes plus tard, Nyassi a ouvert la marque à la suite d'un beau drible dans la surface. «On croit qu'il est possible pour Nyassi de nous en donner plus sur les flancs, dit Marsch. Cela dit, il aime jouer comme attaquant. On s'est consultés et on a décidé de lui donner sa chance.»

Pourtant, durant la seconde mi-temps, Montaño et Nyassi ont semblé encore changer de position. «Oui, je ne sais pas s'ils l'ont fait de façon concertée ou bien si c'était accidentel, répond Marsch. Je ne leur ai pas demandé de le faire.»

Il faut dire que l'architecte du projet montréalais a une vision assez holistique de son système de jeu. Marsch n'insiste pas pour que ses joueurs s'en tiennent rigoureusement aux positions qu'il leur assigne. Il importe plus que les joueurs soient responsables et capables de s'organiser en transition quand on prend des risques en attaque.

Sur le plan défensif, le onze montréalais a rarement été mis en danger lors du match, si ce n'est d'un coup franc de David Beckham qui a échoué sur le poteau. Malgré sa hauteur, le mur n'aura finalement pas été suffisant. La chance était au rendez-vous cette fois-ci. Mais de l'avis du gardien Donovan Ricketts, il n'y avait pas lieu de s'inquiéter: «Je connais mes angles, man!»

Mercredi 10h (un peu moins de 24 heures après le match)

Avant d'amorcer une séance d'entraînement axée sur la récupération, Marsch et le personnel réunissent les joueurs pour faire un retour sur le match. En ce matin frisquet à Los Angeles, l'essentiel de la discussion repose sur l'importance de relativiser le résultat de la veille. Au lieu de monopoliser la discussion, il sollicite l'opinion de quelques joueurs pour savoir si l'état d'esprit du groupe correspond à ce qu'en pensent les entraîneurs.

Marsch explique qu'il sent que les joueurs s'investissent davantage dans le projet quand ils sentent que leur opinion compte. Il ne cache pas son souhait de créer un espace de dialogue ouvert. «J'aime qu'on ait de vraies discussions.»

Pendant les heures qui ont suivi le match, les membres du personnel technique se sont accordé un peu de temps pour décrocher de leur tâche absorbante. Une courte pause - où on fait de la course à pied! - et on reprend la «réunion» là où on l'avait laissée...

Pour être certain de ne rien oublier, après le visionnement du match sur DVD, le personnel passe en revue la performance de chaque joueur de l'équipe. La direction établit ensuite un consensus sur la situation actuelle de l'équipe et sur la direction à prendre pour aller de l'avant. Les fondations semblent solides, on passe aux prochaines étapes de la construction. J'imagine qu'on en parlera lors de la prochaine réunion...