Si Wayne Rooney décide de mettre à jour son autobiographie publiée en 2006, il y a fort à parier que le chapitre sur l'année 2010 ne sera pas le plus joyeux du livre.

Depuis le mois de mars, l'attaquant de Manchester United est passé du statut de candidat au Ballon d'or à celui de paria insulté, voire menacé par ses propres partisans. Et s'il a finalement signé un nouveau contrat après avoir fait part de son désir de partir, il va maintenant devoir mettre les bouchées doubles pour retrouver l'aura qui l'entourait l'hiver dernier.

Cette aura a commencé à pâlir en quarts de finale de la Ligue des champions, face au Bayern à Munich, le 30 mars. Blessé à la cheville droite, le rouquin buteur devait initialement rater jusqu'à quatre semaines. Mais, à la surprise générale, il a fait partie de l'alignement sept jours plus tard pour le match retour. Il ne l'a pas terminé, aggravant plutôt sa blessure.

À partir de là, Rooney a accumulé les soucis en tout genre. Sur le terrain, il est de nouveau passé à côté d'un Mondial dont la préparation a été minée par une blessure aux adducteurs. Avec une performance archi-décevante et une élimination précoce de la sélection anglaise, son été s'annonçait difficile. Il l'a été et pas seulement pour des raisons sportives.

Au début du mois de septembre, Rooney - père d'un garçon de 11 mois - a été impliqué dans un scandale avec une prostituée de 21 ans. Les tabloïds en ont fait leurs choux gras, Rooney a durement encaissé le coup et Alex Ferguson a agi en conséquence.

Concrètement, cela a donné un joueur très loin de son meilleur niveau et un entraîneur qui l'a utilisé sporadiquement au cours des dernières semaines. Rooney a même été absent de la feuille de match pour les déplacements à Everton et Valence. Dans le dernier cas pour une supposée blessure à une cheville que le joueur a ensuite qualifiée d'inexistante.

Cette accumulation d'événements, sans compter les jeux de coulisses, a donc conduit à un ras-le-bol du joueur. Le 19 octobre, le natif de Croxteth, en banlieue de Liverpool, a lâché une vraie bombe en déclarant son intention de quitter le prestigieux club à l'expiration de son contrat, en juin 2012. «Le directeur général ne m'a donné aucune des assurances que je demandais concernant l'effectif futur. Je lui ai donc dit que je ne signerai pas un nouveau contrat.»

Manchester United n'avait alors plus qu'une solution viable: le transférer au prochain mercato. À une valeur moindre bien sûr puisque Rooney pouvait partir dès l'été prochain en rachetant son contrat en échange d'une somme équivalente à son salaire annuel plus une légère compensation.

Dès cette annonce, les médias ont dressé une liste plus ou moins crédible des clubs en lice pour l'enrôler: Manchester City, Chelsea, le Real Madrid et même le FC Barcelone. Mais personne ne s'attendait à ce que cette crise n'aboutisse vendredi dernier sur une prolongation de contrat jusqu'en 2015.

Sur le plan financier, les deux parties sont sorties gagnantes de cette entente. Manchester United a désormais l'assurance qu'un éventuel club acquéreur devra payer le plein prix pour le numéro 10. Et le joueur a doublé son salaire hebdomadaire qui frôle désormais les 300000$.

En dépit de cette hausse, Rooney n'est pas encore sorti de l'enfer. À son retour au jeu en novembre, l'attaquant aura énormément de choses à prouver. À son entraîneur, aux partisans et surtout à ses coéquipiers qu'il a écorchés au passage. Il lui faudra bien plus que de simples excuses pour regagner leur confiance.

Comme l'a indiqué l'arrière gauche Patrice Evra, Rooney a brisé un lien en laissant entendre que le groupe actuel n'avait pas le niveau. «Si un joueur dans cette équipe ne croit pas en ses partenaires, il ne doit plus jouer pour l'équipe.»

Rooney rejouera bel et bien, mais il devra surtout le mériter aux yeux de Ferguson. Car durant son absence, Dimitar Berbatov puis Javier Hernandez ont démontré qu'ils pouvaient parfaitement tenir le fort. Et s'il est vrai que Manchester United est loin du niveau qui était le sien entre 2007 et 2009, il n'en tient qu'à Rooney d'en faire un meilleur club. Chose qu'il n'a pas faite depuis le 30 mars.