Pour l'Angleterre, l'Euro 2016 sera un tournoi dont on se souviendra longtemps mais, malheureusement, pas pour les bonnes raisons.

Le tournoi a commencé avec la présence de hooligans hors de contrôle à Marseille et a pris fin avec l'une des défaites les plus humiliantes de l'équipe nationale.

Le revers de 2-1 contre la modeste Islande en huitièmes de finale, lundi, à Nice, a soulevé les interrogations habituelles au pays.

Les footballeurs anglais, choyés et millionnaires, manquent-ils de patriotisme? Sont-ils écrasés par des attentes irréalistes qui les incitent à jouer avec la peur au ventre? Ou ne sont-ils pas assez bons, «pas dignes de porter le maillot» comme leurs supporteurs l'ont hurlé après une autre défaite crève-coeur.

Ce sont les bilans habituels qui remontent à des décennies. À part deux demi-finales dans les années 1990, l'Angleterre n'a fait pas sensation lors d'un tournoi majeur depuis qu'elle a remporté la Coupe du monde en 1966, son unique triomphe majeur.

Le gardien Joe Hart a avoué qu'il était «à court de mots» après la défaite, mais il s'est empressé de prendre la défense de l'équipe contre toute suggestion que les joueurs n'avaient pas essayé assez forts.

«Je veux que les gens sachent à quel point nous nous sommes investis dans ce tournoi et ce n'est pas faute de volonté», a-t-il confié.

Co-entraînée par un dentiste qui poursuit sa pratique, l'équipe islandaise méritait pleinement sa victoire. Bien-préparée et habile tactiquement, elle a joué en confiance pendant la majeure partie du match.

Les joueurs anglais n'ont tout simplement pas été capables d'adapter leur plan de match et même d'avoir recours à des longs ballons au centre. Wayne Rooney, dans son nouveau rôle de milieu plus central, a peiné à contrôler le ballon et à compléter ses passes.

«Ce serait impossible de ne pas avoir les attentes que nous avions, d'avoir un état d'esprit positif en nous présentant à ce tournoi, a poursuivi Hart. Ils ont l'air fou maintenant. Nous avons été sortis par l'Islande. Nous allons devoir vivre avec.»

Peut-être que l'Angleterre devrait tout simplement accepter qu'elle ne forme pas une grande puissance du football. Après tout, ça fait un demi-siècle qu'elle a gagné la Coupe du monde.

Depuis la naissance de Marcus Rashford, le plus jeune membre de l'équipe anglaise, en 1997, l'Angleterre a remporté seulement deux matchs éliminatoires en compétition internationale. Ces victoires ont été acquises contre l'Equateur et le Danemark, deux équipes qui ne peuvent se vanter d'aligner le talent de l'Angleterre.

«En ce moment je suis dévasté, mais ce n'est pas différent des autres fois», a reconnu Rooney, qui a souvent connu cette déception depuis qu'il a fait son apparition sur la scène internationale à l'Euro 2004.

Chaque échec ajoute plus de pression sur les épaules des joueurs anglais. C'est accentué par le fait que la Premier League est le circuit le plus riche au monde et qui compte le plus important contingent de tous à l'Euro 2016 avec 106 joueurs.

Indiscutablement, la défaite face à l'Islande a provoqué la consternation et le désespoir au pays mais l'Angleterre devra apporter les ajustements, se qualifier pour la Coupe du monde 2018 et puis, peut-être, envisager d'y avoir une chance.

L'entraîneur Roy Hodgson, qui a annoncé son départ après la défaite contre l'Islande, a déjà exprimé son optimisme quant à l'avenir, compte tenu que l'équipe était l'une des plus jeunes formations à l'Euro 2016, avec des gars comme Dele Alli en milieu de terrain et Rashford lui-même. Les répercussions de la défaite contre l'Islande risquent toutefois de retarder leur carrière internationale.

«C'est difficile à voir présentement, mais l'avenir est prometteur» a insisté Rooney.

Peut-être, mais l'Angleterre a beaucoup à faire.