« Nous sommes championnes olympiques ! », s’est exclamée l’entraîneuse-chef du Canada, Bev Priestman, à la mi-temps du match contre l’Irlande à la Coupe du monde féminine de soccer, mercredi. C’était visiblement un rappel dont ses joueuses avaient besoin.

Médusées, complexées et angoissées, les Canadiennes voyaient peu à peu une catastrophe se rapprocher : celle d’une autre élimination hâtive en Coupe du monde. C’était une menace qui a commencé à planer après qu’elles ont été blanchies et limitées à un verdict nul contre les Nigérianes en lever de rideau. Une couche a été ajoutée quand le Canada a concédé un but dès la quatrième minute contre les Irlandaises.

L’alarme s’est aussitôt fait retentir dans le camp canadien quand la capitaine irlandaise, Katie McCabe, a trouvé le fond du filet directement avec un coup de pied de coin – un olimpico dans le jargon. C’était la panique pour les 40 minutes suivantes. Les patrons de jeu ? Aux poubelles.

C’est un but contre leur camp des Irlandaises quelques secondes avant la mi-temps, des changements appropriés et, peut-être, un discours à point de la coach qui ont permis au Canada de venir de l’arrière et de l’emporter 2-1, mercredi, au HBF Park. Adriana Leon a marqué le but décisif à la 53e minute de jeu. Les Canadiennes se sont ainsi virtuellement emparées de la tête du groupe B.

Ce but avant la mi-temps n’a pas changé mon discours. J’ai été assez ferme. Je savais qu’il en fallait davantage pour passer à la vitesse supérieure. Il fallait plus d’audace pour montrer la qualité avec laquelle on est capables de jouer. Les filles avaient besoin d’entendre qu’elles sont meilleures que ce qu’elles avaient montré.

Bev Priestman, entraîneuse-chef du Canada

Et comme l’entraîneuse-chef l’a elle-même souligné, ce serait « le tournant de cette compétition » pour ses troupes. Cette fois, c’est l’apport des remplaçantes comme Sophie Schmidt et Cloé Lacasse, encore, qui a aidé le Canada à prendre l’ascendant. Les entrées des vétéranes Christine Sinclair et Shelina Zadorsky ont aussi contribué au succès.

« C’est leur expérience qui a fait toute la différence, a conclu la sélectionneuse irlandaise, Vera Pauw. Nous, on n’a pas ça. Cette expérience a montré comment il faut réagir à ces bons moments. »

Malgré les efforts sans relâche de McCabe, vedette d’Arsenal, cette défaite sonne le glas de la première participation de l’Irlande à la Coupe du monde. Elle avait baissé pavillon 1-0 contre l’Australie en lever de rideau.

Les Irlandaises ont toutefois donné bien du mal aux Canadiennes. En première mi-temps, les services ne se rendaient tout simplement pas vers l’attaquante de pointe québécoise Évelyne Viens, qui a été isolée de ses coéquipières.

C’était le même constat pour Jessie Fleming, l’étoile de l’équipe canadienne. Celle qui faisait un retour au jeu n’a pratiquement pas touché au ballon jusqu’à l’entrée de Schmidt. Cependant, la deuxième mi-temps a été fort convaincante et le Canada pourra assurément tirer des leçons de ces 45 minutes bien plus concluantes.

C’est de ce genre de performance qu’on aura besoin pour la suite.

Bev Priestman, entraîneuse-chef du Canada

Et surtout pas celle de la première mi-temps. Ce type de prestation contre les Australiennes, pays hôte de la compétition, ne sera pas suffisante. Le sort du Canada n’est toujours pas réglé pour la phase éliminatoire, mais une victoire lui assurerait de se qualifier et de viser le premier podium de son histoire à la Coupe du monde.

En effet, s’il y a bien une chose que les Canadiennes ont prouvée dans les dernières années, c’est qu’elles « savent comment gagner » et qu’elles le font quand cela « compte le plus », comme l’a dit Priestman. Il faudra le prouver encore et encore dans les prochaines semaines.

En hausse

Sophie Schmidt

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Sophie Schmidt

Son entrée pour la deuxième mi-temps a complètement renversé la vapeur. Le milieu de terrain avait eu de gros ennuis en première mi-temps pour faire le lien entre la défense et l’attaque. C’est alors que Schmidt a comblé cette lacune. Elle a aussi servi un caviar pour Adriana Leon pour le second but des Canadiennes. La vétérane sera difficile à déloger pour le match contre les Australiennes.

En baisse

Kadeisha Buchanan

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Kadeisha Buchanan (3) a reçu un carton jaune de la part de l’arbitre Laura Fortunato.

Un match très complexe pour l’une des meilleures défenseures centrales au monde. Il faut noter son absence lors de l’entraînement la veille en raison d’un virus. Visiblement, elle n’était pas au sommet de sa forme et ça a profité à plusieurs, dont Kyra Carusa qui a facilement débordé Buchanan à quelques reprises. La leçon sera qu’une Buchanan éclopée ne vaut pas une Shelina Zadorsky en santé.

Le chiffre du match

508

C’est le nombre de minutes qui s’étaient écoulées depuis le dernier but marqué par une Canadienne en phase de jeu lors d’un tournoi d’envergure. Depuis le but d’Adriana Leon contre le Royaume-Uni en phase de groupes aux Jeux olympiques en 2021, le Canada avait uniquement touché la cible grâce à des pénaltys lors de la phase à élimination directe. Puis, rien depuis le début de cette Coupe du monde. C’est finalement Leon, encore elle, qui a mis fin au supplice et à cette séquence qui s’étalait sur l’équivalent de plus de cinq matchs à la 53minute.