Le scénario était parfait, voire trop parfait. La meilleure buteuse internationale de l’histoire, la légendaire Christine Sinclair avait une opportunité en or de donner le coup d’envoi au Canada à cette Coupe du monde. Mais, c’était trop beau pour être vrai.

Celle qui a fait vibrer les Canadiennes et Canadiens à tant de reprises dans les 20 dernières années avec ses buts spectaculaires et opportuns pouvait donner les devants aux siennes en début de deuxième demie. La joueuse de 40 ans, qui en est à un sixième Mondial, a elle-même gagné le penalty suite à de superbes actions de Cloé Lacasse à l’orée de la surface.

Toutefois sa frappe a manqué d’ambition. Peu appuyé et mal placé, ce tir a été stoppé par Chiamaka Nnadozie et le sort des Rouges a été scellé du même coup. C’est ainsi que pour son premier match à la Coupe du monde, disputé jeudi soir au Melbourne Rectangular Stadium, le Canada a dû se contenter d’un verdict nul de 0-0 contre le Nigeria.

« C’est Christine Sinclair ! On s’attendait tous à ce qu’elle marque, mais Christine a marqué but, après but et après but pour ce pays. Je suis certaine que les partisans et les joueuses vont pardonner Christine d’avoir raté. Elle a fait bien plus que ça pendant la rencontre », a lancé l’entraîneuse-chef Bev Priestman au micro de la compétition après le duel.

Dans les dernières années, c’était plutôt Jessie Fleming qui se prêtait à l’exercice. Toutefois, la millieu de terrain s’est blessée lors d’un entraînement et a été laissé sur le banc pour la partie. Priestman a confirmé après la rencontre qu’elle ne « prévoyait pas » l’utiliser pour ce match, mais qu’elle devrait être de retour pour la suite.

C’est une bonne nouvelle pour les Canadiennes puisque l’absence de Fleming s’est assurément fait sentir contre des Nigérianes qui ont été quasi parfaites.

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Cloé Lacasse et Deborah Abiodun

Les Super Falcons n’auront rien à se reprocher, elles qui ont été compactes et efficaces pour non seulement contenir le siège canadien, mais aussi pour en profiter en contre-attaque. Le Nigeria, qui évoluait devant une pléthore de ses partisans, n’aura assurément pas à rougir de cette performance. Il a pratiquement échangé coup pour coup avec une puissance en règle.

Il a toutefois perdu les services de Deborah Abiodun, qui a écopé d’un carton rouge dans les arrêts de jeu après un tacle sévère sur Ashley Lawrence.

Les Canadiennes reprendront le collier mercredi matin contre l’Irlande pour leur deuxième match de phase de groupe. Un match d’une importance capitale pour les femmes de Bev Priestman, en quête d’un premier podium à la Coupe du monde.

L’offensive n’a pas cartonné

Avant le début du tournoi, il y avait une sorte de consensus que l’équipe canadienne devait apprendre à marquer des buts si elle voulait émuler le succès qu’elle a eu à Tokyo, lors des Jeux olympiques. Que la défensive, certes impériale – et ç’a été le cas de nouveau contre le Nigeria –, ne peut pas tout faire.

On est donc de retour à la case de départ. Les partantes Jordyn Huitema et Deanne Rose n’ont pas su créer beaucoup d’occasions. Un constat qui s’applique un peu moins à Adriana Leon, également titulaire.

Néanmoins, les entrées de Lacasse et Évelyne Viens ont dynamisé le front offensif qui a eu de la difficulté à percer le bloc rival.

Nous avons eu des chances qu’on n’a pas été en mesure de profiter, mais c’est ça les tournois. On ne peut pas rester accroché à ça trop longtemps. On a réalisé de belles choses, mais on doit le faire de façon constante pendant 90 minutes.

Bev Priestman

C’est ici que le casse-tête s’impose de force. Est-ce que Priestman confiera les rênes de l’attaque à Huitema, Rose et Leon ou voudra-t-elle récompenser les remplaçantes qui ont fait du bon boulot ? « Toutes les joueuses qui sont entrées ont laissé leur marque sur la partie », a répondu Priestman au sujet du travail de la Québécoise Viens et la Franco-ontarienne Lacasse.

Le hic, c’est que le rythme devra être trouvé rapidement. Les Irlandaises sont déjà acculées au mur après leur défaite en lever de rideau contre les Australiennes et voudront faire mal. Seules les deux meilleures équipes du groupe progresseront à la phase éliminatoire et mine de rien, ce nul contre l’équipe la moins bien classée du groupe vient donner un œil au beurre noir aux Canadiennes.

Mais avant de céder à la panique, Priestman a rappelé que son équipe avait démarré avec un verdict nul aux JO, contre le Japon.

C’est bien beau, mais l’équipe vient de laisser filer deux précieux points et elle n’aura pas de temps à perdre si elle a de grandes ambitions. La victoire devient presque impérative contre les Irlandaises.