Entendu toute la journée vendredi par le Tribunal arbitral du sport (TAS), à Lausanne (Suisse), Michel Platini saura le 9 mai au plus tard si sa suspension de six ans est levée et s'il pourra ouvrir l'Euro 2016 le 10 juin au stade de France comme président de l'UEFA.

«Une décision devrait être rendue d'ici au lundi 9 mai, c'est ce qui a été annoncé aux parties, donc je pense que le tribunal va s'y tenir», a précisé Matthieu Reeb, le secrétaire général du TAS, juste avant la sortie de l'ancien no 10 des Bleus des murs du tribunal.

Méthode Coué? L'ancien capitaine des Bleus s'est en tout cas déclaré confiant à sa sortie, devant la presse: «Je suis encore plus optimiste» après cette audition, a-t-il plaidé.

«Je n'ai rien fait, je n'ai fait aucune erreur. Après, dans l'éthique, vous pouvez mettre ce que vous voulez, on peut trouver tout ce qu'on veut comme conflit d'intérêt, c'est facile», a insisté M. Platini au sujet du paiement litigieux de 2 millions de francs suisses (2,6 millions $ CAN) reçu de la FIFA en 2011, pour des travaux de conseiller auprès de Joseph Blatter, alors président de la FIFA.

L'UEFA réunie à Budapest

Cette date butoir du 9 mai donnera donc un mois à l'UEFA, qui se réunit en Congrès lundi et mardi à Budapest, pour organiser l'élection d'un nouveau président avant l'ouverture de l'Euro en France, si la suspension de l'ancien meneur de jeu de la Juventus Turin devait être maintenue.

Contraint par cette affaire à renoncer à sa candidature à la tête de la FIFA, pour l'élection du 26 février dernier, Platini n'a jamais caché qu'il entendait retrouver son poste à la tête du soccer européen et, à ce titre, ouvrir l'Euro 2016 le 10 juin.

Au total, M. Platini a été entendu pendant près de neuf heures par les trois arbitres du TAS dans le cadre de l'appel de sa suspension, avec ses conseillers et avocats, dont Mes Yves Wehrli et Thibaud d'Alès.

Après le TAS, «la dernière étape possible sera un recours au Tribunal fédéral (suisse), qui ne sera pas un recours sur le fond», mais seulement sur les questions de droit, avait précisé M. Reeb vendredi matin à la presse.

Le 21 décembre, le Français avait été suspendu huit ans par la justice interne de la FIFA, et donc privé de toute activité liée au soccer, peine réduite à six ans en appel en février.

Blatter témoin à charge?

Mis en cause à la suite de la révélation de ce paiement de 2 millions de francs suisses, Platini avait été jugé coupable par la FIFA «d'abus de position», de «conflit d'intérêts» et de «gestion déloyale». Seule la charge de «corruption» avait été écartée.

Ce paiement suspect avait été dévoilé en septembre dernier, sur la lancée du vaste scandale de corruption qui ébranle la FIFA. Suspect car très en retard: le paiement était en effet intervenu neuf ans après un travail effectué en 2002, sans aucun contrat écrit.

MM. Blatter et Platini, qui étaient alors les deux hommes les plus puissants de la planète soccer, ont toujours affirmé qu'il s'agissait d'un solde de tout compte sur la base d'un contrat oral, engagement reconnu en Suisse.

Blatter, lui aussi suspendu six ans par la FIFA, pour ce dossier mais aussi pour une affaire de droits de télévision cédés à un tarif jugé trop bas, est arrivé aux alentours de 10h40 locales (4h40 heure du Québec) entre les murs du TAS vendredi. Mais en tant que témoin, appelé à la barre à la demande de la FIFA.

«J'espère avoir pu donner des informations importantes dans ce dossier qui m'intéresse également. (...) J'espère que ma participation a aidé à trouver une solution à ce problème», a déclaré Blatter à sa sortie du TAS vers 12h10 locales (6h10 heure du Québec).