Certains ramènent un sombrero ou de la tequila de leur séjour au Mexique. Hassoun Camara, lui, est revenu de la capitale mexicaine avec une blessure au genou et il voit finalement le bout du tunnel. Plus de deux mois après le match aller de la finale de la Ligue des champions, le défenseur français a recommencé à s'entraîner partiellement cette semaine.

«C'est bien physiquement, mais surtout moralement de retrouver les gars et de pouvoir partager un peu le travail avec eux, lance-t-il à La Presse. Pour les matchs, il y a encore un peu de travail à faire avec le préparateur physique Paolo [Pacione] et avec le groupe afin de retrouver des sensations. Ça fait quand même 10 semaines et ça ne se fera pas du jour au lendemain.»

Depuis cette soirée au Stade Azteca (1 à 1), il s'en est passé, des choses, pour le Français et pour ses coéquipiers. À commencer par le match retour contre Club América qui n'a pas manqué d'intrigues. Tandis que la situation des gardiens monopolisait l'attention, le poste d'arrière droit a aussi forcé les entraîneurs à réfléchir, puis, en fin de compte, à modifier quelques pièces du casse-tête. Mais Camara a d'abord envisagé de participer à cette rencontre historique en essayant de s'entraîner normalement et d'accumuler les temps de repos.

«Il y avait, de mon côté, l'envie de jouer ce match retour, surtout que Victor [Cabrera] était blessé et Ambroise [Oyongo] n'était pas encore là. On n'avait pas trop de solutions, si ce n'était de déplacer Nigel [Reo-Coker] à droite, rappelle Camara. On a essayé de tout faire pendant quatre jours et de serrer les dents en se disant: «O.K., on force pour ce match-là et, après, on s'arrête trois mois s'il le faut.» Mais ce n'était pas possible.»

Même s'il se doutait déjà de la gravité de sa blessure («J'ai de suite senti que quelque chose n'allait pas», dit-il), lui-même était également prêt à explorer diverses avenues médicales. Même avec du repos, la douleur a été trop intense dans les jours précédant le match finalement perdu 4-2 par l'Impact. «On aurait peut-être fait quelque chose comme une infiltration ou de la cortisone pour endormir la douleur, mais, même avec ça, ça n'aurait pas marché, précise-t-il. J'ai même demandé quelques conseils avec mon ancien médecin chez l'O.M. [Olympique de Marseille] pour voir si on pouvait forcer le truc, mais la décision a été un peu plus sage.»

Une place à retrouver

Si aucune blessure ne survient à un moment adéquat, celle de Camara - qui a déjà vécu des absences en 2011 et 2012 - est venue le stopper dans son élan. Déjà absent lors d'une partie du camp, il avait vu Cabrera lui passer devant pendant quelques matchs. Mais lorsque l'Argentin s'est blessé à son tour, le numéro 6 avait une occasion en or de passer un message auprès de ses entraîneurs. «Dans le [soccer], il y a des hauts et des bas et c'est rare d'avoir un parcours linéaire. Il faut continuer à travailler de la même façon et ne pas se poser de questions, philosophe-t-il. Je suis le plus ancien au club et mon état d'esprit est de l'aider à atteindre ses objectifs, peu importe où je suis ou ce qui se passe. Que je sois maintenant sur le banc, pas dans la liste des 18, capitaine ou pas, ça ne change rien à mon état d'esprit.»

D'ailleurs, la concurrence sur les flancs s'est épaissie avec l'arrivée d'Oyongo, dont l'adaptation a été assez rapide. Camara n'a que de bons mots à son égard et pour le reste du secteur défensif, bien plus compétitif qu'il y a un an. «De savoir qu'il y a de la concurrence, c'est ce qui nous manquait un petit peu. Si Oyongo et Ciman jouent, par exemple, ils savent que je suis derrière et c'est la même chose quand je joue. Ça ne peut que tirer les performances vers le haut.»

Le petit écran

Durant son absence, Camara a troqué le maillot de l'Impact pour la chemise. Il s'est ainsi mué en analyste, sur les ondes de TVA Sports, pendant la finale de la Ligue des champions de l'UEFA. S'il l'a fait par plaisir, il n'écarte pas l'idée de s'y consacrer plus sérieusement quand sa carrière sera finie.

«C'est clairement quelque chose qui m'intéresse et je pense avoir toutes les qualités pour pouvoir amener mon expertise. Je vais commencer à m'y pencher dessus au fur et à mesure des années, mais ce n'est pas pressé», dit l'athlète de 31 ans. Un choix qui le pousserait à rester au Québec, sa terre d'adoption depuis un essai avec l'Impact, un jour glacial de janvier 2011. «Ce n'est pas un secret que je me sens très bien à Montréal et que je vois plus mon avenir ici qu'en France, à plus ou moins moyen terme. Ce n'est pas comme si on me forçait à rester ici, au contraire.»

Wandrille Lefèvre devient citoyen canadien

Wandrille Lefèvre a obtenu sa citoyenneté canadienne, jeudi matin, lors d'une cérémonie qui s'est déroulée dans la salle de conférence du stade Saputo.

Pour le défenseur de l'Impact, arrivé à Montréal en 2003 en compagnie de sa famille, cette étape couronne un long processus. «Au début, je n'étais pas heureux de quitter mon pays, mais, à la longue, il y a des attaches professionnelles et sentimentales qui se sont créées. Montréal est devenu ma ville et le Canada est devenu mon pays», a expliqué Lefèvre, originaire de la France.

En ce qui concerne le soccer, il est désormais disponible pour porter le maillot de l'équipe nationale canadienne. «C'est un objectif et je serais très fier de représenter le Canada à l'échelle internationale. La balle est dans leur camp, car j'ai déclaré que j'étais disponible pour la sélection.»

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, LA PRESSE

Wandrille Lefèvre