Terminés les atermoiements de ces dernières années: l'équipe du Brésil a enclenché une nouvelle marche et réussi son premier tour dans la Coupe des Confédérations, avec le bon équilibre entre assise défensive et jeu conquérant.

La convaincante victoire contre l'Italie samedi (4-2), à l'issue d'une rencontre enlevée malgré son faible enjeu (les deux nations étaient déjà qualifiées), a confirmé les nets succès enregistrés face aux équipes moins huppées du groupe A, le Japon (3-0) et le Mexique (2-0).

Un avant-goût de cette montée en régime avait affleuré lors des deux derniers matches de préparation avant le tournoi, contre l'Angleterre (2-2) et la France (3-0). En battant les Bleus, certes dans une configuration expérimentale, puis l'Italie, certes diminuée par la fatigue et le forfait de Pirlo, le Brésil a enfin réussi à battre des nations de premier plan après des années marquées par des échecs dans ce type de confrontations, et une litanie de nuls.

Et le Brésil s'est révolté

Il s'agissait déjà d'assurer ses arrières, une obsession chez le sélectionneur Luiz Felipe Scolari. «Nous progressons beaucoup dans la question du marquage, ça ne me préoccupe plus autant qu'il y a trois ou quatre mois», a-t-il lâché après la victoire sur les Mexicains.

Son capitaine, Thiago Silva, avait lui aussi fait part de ses doutes, avant le match contre la France. «Je mentirais si je disais que ça ne nous préoccupe pas, avait dit le défenseur parisien. Si on peut gagner tous nos matches par un but à zéro, sans encaisser, je préfère! Notre jeu requiert plus d'équilibre».

«Golaços» de Neymar

Après moult tâtonnements, «Felipao» a trouvé son équipe-type, avec notamment le duo de milieux récupérateurs formé par Luiz Gustavo et Paulinho, parfois remplacé par Hernanes, au profil plus relayeur. Les automatismes se sont affinés et la discipline tactique, mantra du coach, a fini par s'imposer.

Jusque chez Neymar. Mais l'attaquant, s'il apporte son écot à la bataille du milieu, quitte à en faire trop (31 fautes et un carton jaune en trois matches de «Coupe des Conf»), était attendu dans l'efficacité offensive. Et la vedette a tenu son rang, en dépit de la lourde pression représentée par son nouveau N.10 et son transfert au Barça pour 57 millions d'euros.

Neymar, trois fois élu homme du match, a marqué trois «golaços» (beaux buts), alliant spectacle et efficacité. Un temps chahuté par les manifestants («Un professeur vaut plus que Neymar !»), il a épousé la cause des protestataires et répondu sur le terrain, jusqu'à s'attirer les éloges publics de «Felipao», qui est même allé jusqu'à parler de «génie».

L'ailier gauche de 21 ans s'entend bien avec ses partenaires offensifs. «Permuter est très important pour toute l'équipe, on le travaille beaucoup à l'entraînement, ça permet de rendre fous les adversaires», a-t-il relevé. Hulk, côté droit, constitue une menace permanente et Fred a mis fin à son «jejum» (jeûne, c'est-à-dire disette de buts) en savourant un doublé contre l'Italie dans son pur style de renard. Seul Oscar paraît encore un ton en dessous.

Les défenseurs latéraux participent grandement aux offensives, Marcelo en repiquant dans l'axe et Dani Alves en débordant. Contre l'Italie, le premier a été à l'origine de trois buts, deux pour son équipe et un contre elle, lorsque Giaccherini a pu s'engouffrer dans son couloir pour égaliser. Le revers de la prise de risques.

«Je pense que le Brésil arrive prêt pour les demi-finales», a estimé Scolari, qui pense cependant que son groupe n'est pas encore «prêt pour la Coupe du monde». En attendant, la Seleçao a retrouvé sa voie.