La génération Drogba abat sa dernière carte pour la conquête d'une Coupe d'Afrique des nations qui échappe à la Côte d'Ivoire depuis 1992, l'absence de nombreux favoris renforçant encore un peu plus l'obligation de résultat des Éléphants.

Sur le papier, le potentiel des Ivoiriens ne se discute pas et aucune équipe africaine ne peut rivaliser avec les individualités dirigées par le sélectionneur François Zahoui.

Drogba (Chelsea), Gervinho (Arsenal), Kalou (Chelsea), Doumbia (CSKA Moscou), Kolo et Yaya Touré (Manchester City): autant de noms qui ont de quoi faire frémir les participants d'une CAN délestée de plusieurs de ses traditionnelles places fortes.

Sans l'Égypte, le Cameroun, l'Algérie, le Nigeria et l'Afrique du Sud, la Côte d'Ivoire peut difficilement occulter ses ambitions même si ses dernières apparitions continentales ont souvent tourné au fiasco (finaliste en 2006, demi-finaliste en 2008, quart de finaliste en 2010).

«La victoire n'est pas négociable, c'est une exigence !», a ainsi déclaré le ministre des Sports, Philippe Legré, mettant une belle pression sur une sélection nationale qui n'a visiblement pas le droit de revenir au pays bredouille.

Dans une Côte d'Ivoire toujours déchirée par des divisions politiques après la crise postélectorale qui a fait près de 3000 morts entre décembre 2010 et avril 2011, la sélection fait figure de ciment de l'unité nationale et la responsabilité de la bande à Drogba dépasse de loin le cadre sportif. Une donnée que François Zahoui a parfaitement en tête.

L'âge du capitaine

«Notre objectif prioritaire est de gagner le trophée, a ainsi affirmé le sélectionneur. L'attente est énorme tant au niveau du peuple que des autorités. Nous ferons tout pour remplir cette mission».

Après un parcours qualificatif expédié de main de maître (6 matches, 6 victoires), la Côte d'Ivoire a hérité d'un premier tour à sa main avec le Soudan, le Burkina Faso et l'Angola. Ces obstacles paraissent largement franchissables, mais le principal danger se situera en interne, les Ivoiriens ayant souvent sabordé leurs chances par manque de cohésion.

«Il faut que tout le monde mouille enfin le maillot», prévient l'ex-attaquant lyonnais Kader Keita, actuellement au Qatar (Al Saad), en référence aux problèmes d'ego qui ont souvent handicapé et paralysé les Éléphants.

Autre souci, l'âge avancé des cadres ivoiriens, dont la plupart a dépassé la trentaine (Drogba, Kolo Touré, Zokora, Keita, Barry). L'interrogation vaut surtout pour Drogba, l'âme de la sélection et son leader charismatique.

L'ancien Marseillais a beau s'être refait une petite santé avec les Blues de Chelsea ces dernières semaines, il aura tout de même 34 ans le 11 mars et ne peut plus autant peser que par le passé sur les défenses adverses.

Mais en cas de défaillance du monument Drogba, François Zahoui pourra toujours compter sur Seydou Doumbia. L'attaquant du CSKA Moscou a éclaté à la face de l'Europe en inscrivant cinq buts en Ligue des champions, à une unité du duo Messi-Gomez, qualifiant son équipe pour les 8e de finale de la C1.

La relève ivoirienne est donc prête à reprendre le flambeau, mais Drogba, buteur sur pénalty lors de la victoire en amical sur la Tunisie vendredi (2-0), et les autres grognards aimeraient bien repousser un petit peu l'échéance.