«Un projet pour la MLS». C'est en ces termes que Marc Dos Santos a qualifié Mignane Diouf lors de ses premiers entraînements avec l'Impact. Recruté sous forme de prêt au début du mois de mai, l'attaquant sénégalais a depuis étonné par la rapidité de son adaptation.

Buteur contre le FC Edmonton et les Silverbacks d'Atlanta, Diouf a apporté du tonus à une attaque en panne sèche depuis le début de la saison.

Inutile par contre de demander aux deux protagonistes s'ils font partie du clan des surpris. L'entraîneur montréalais vante ses qualités depuis un voyage effectué pendant l'hiver au Sénégal tandis que le numéro 14 brandit l'universalité du soccer pour expliquer ses bonnes performances.

«Si on sait jouer au ballon, il n'y aura aucun souci au sein de n'importe quelle équipe, explique-t-il. Il faut juste encore un peu de temps pour connaître mes coéquipiers. Avec le temps, cela ira de mieux en mieux, Inch'Allah.»

Que ce soit à l'entraînement ou lors des matchs, deux choses frappent à chacune de ses enjambées: cette sensation de facilité et sa rapidité. Comme celle qu'il a de résumer son parcours depuis son Saly natal, à 75 kilomètres au sud de Dakar, jusqu'à Montréal. Comme si tout s'était déroulé sans le moindre obstacle.

«Comme tous les Africains, j'ai commencé à jouer au football dans les rues. Puis, mon père m'a trouvé une école et cela a commencé comme ça. Après, je suis allé faire les essais à Diambars à l'âge de 14 ans et j'ai été choisi. Je suis resté huit ans, puis je suis venu à Montréal.»

Entre ces différentes étapes, il y a bien entendu des rêves, des idoles («Thierry Henry, Ronaldinho, Cristiano Ronaldo») et des moments marquants dans la vie du joueur de 22 ans. Le passage à Diambars en constitue un gros pan.

Inauguré en 2003 par quatre joueurs ou ex-joueurs, dont Patrick Vieira, l'Institut sert de tremplin aux jeunes Sénégalais en les plaçant dans de bonnes conditions sportives et académiques.

Son arrivée au centre est survenue un an après la bonne tenue de l'équipe nationale sénégalaise en Coupe du monde 2002. Après une victoire contre la France en ouverture, elle a atteint les quarts de finale où elle a été éliminée par la Turquie. Le visage de Diouf s'illumine lorsqu'on lui rappelle cet épisode.

«Je m'en souviens très bien. On était tous contents. Cette victoire contre la France nous a beaucoup inspirés et nous a motivés pour travailler encore plus.»

Tromso et... Montréal

Et tout ce travail est dirigé vers un seul objectif: jouer en Europe. Diouf l'a brièvement atteint en août 2010 en rejoignant le club de Tromso, en Norvège.

«Chaque joueur rêve d'y aller et de faire des bonnes choses. On doit aller en Europe, sinon, on n'est pas si populaire que ça...

«Je suis resté trois mois en Norvège. Ça s'est bien passé, mais le club a eu des problèmes financiers. Je n'étais pas sous contrat avec eux et, du coup, ils n'ont pas pu me recruter.»

De retour à Diambars, donc, où tous les pensionnaires rêvent de marcher dans les pas d'Idrissa Gueye. Le milieu défensif a été le premier joueur à rejoindre un championnat européen majeur, en juin 2009. Il a disputé 10 matchs cette saison avec Lille, sacrée championne de France.

Régulièrement, des dépisteurs lillois, mais également de Sochaux ou de l'Atletico Madrid se rendent à Diambars pour trouver la perle rare. Dos Santos l'a trouvée en Diouf grâce à sa vitesse et à sa technique. De l'Impact, le joueur ne connaissait rien. Du Canada, seulement les conditions météorologiques.

«Une copine me disait qu'il faisait -30o C. C'est tout ce que je savais. Mais c'est la perspective de la MLS qui m'a le plus poussé à venir. Je ne sais pas encore ce qui va se passer l'an prochain, mais j'espère rester ici. J'aime bien être dans un pays francophone et les gens sont sympas. Je suis content ici.»

Ses employeurs et ses partisans aussi.