Le musicien Pedro Espi-Sanchis en est convaincu: pour le Mondial-2010, il va imposer rythme et harmonie à l'assourdissante cacophonie des vuvuzelas, les longues trompettes de plastique qui résonnent à longueur de match en Afrique du Sud.

«Le Mondial 2010 arrivait et je me sentais mal à l'idée que les gens dans le monde allaient allumer leur télé pour voir leur équipe favorite, et que tout ce qu'ils allaient entendre, c'était ce bruit!», raconte l'Espagnol Espi-Sanchis à l'AFP.

Alors il a créé un «orchestre» de vuvuzelas, dont le rôle sera d'entraîner des stades entiers aux notes et rythmes coordonnés de chansons sud-africaines connues.

La tâche n'est pas évidente. Les barrissements qu'émettent les trompettes bariolées rappellent de très loin un saxophone mal embouché...

Mais les efforts des cinq «vuvuzelistes», à l'occasion d'une répétition dans le centre de Johannesburg, finissent par entraîner une audience informelle qui, bientôt, danse et chante à l'unisson.

L'idée a germé juste avant la Coupe des Confédérations en juin 2009, lorsque le président de la Fifa, Sepp Blatter, a dû défendre la «culture du bruit» pendant les matches en Afrique.

Les décibels atteignent un tel niveau que certaines chaînes de télévision européennes se sont plaintes et que des joueurs espagnols ont demandé l'interdiction des vuvuzelas pendant les deux tournois.

Une étude de l'Université de Pretoria a appuyé les critiques, mettant en avant le risque de perte de l'audition lié à une exposition répétée au vacarme.

Bouchons d'oreille

«Il est impossible d'imaginer le football en Afrique du Sud sans les vuvuzelas», rétorque Espi-Sanchis, dont l'orchestre se produit depuis juin 2009 pour des matches nationaux comme internationaux, ou lors de l'inauguration du stade construit pour le Mondial au Cap (sud-ouest).

«Toute société à son carnaval où l'on fait du bruit», relève-t-il. «C'est rigolo de faire du bruit de temps en temps.»

Pour rendre la chose plus agréable, l'Espagnol et ses musiciens, également dotés d'instruments plus classiques, se retrouvent avant le match avec un groupe de supporteurs auxquels ils enseignent les «partitions».

L'effet de masse emporte ensuite l'ensemble des vuvuzelas dans les tribunes, un phénomène facilité par la tradition très africaine d'improvisation musicale en groupes.

Les vuvuzelas, dont l'origine viendrait des cornes d'antilopes utilisées pour rassembler les villageois, «vont atteindre leur pleine valeur en musique», estime Espi-Sanchis, que l'enthousiasme rend lyrique. «Les visiteurs vont pouvoir goûter à la culture de l'Afrique, le continent où le rythme, l'humanité et la musique sont nés».

De façon plus prosaïque, une entreprise sud-africaine affirme détenir la solution, avec des bouchons d'oreille en forme de vuvuzelas. La société African Earplug Company est catégorique: «Les vuvuzelas, c'est cool».