L'histoire de Steven Pienaar est celle d'une ascension, celle d'un enfant qui se couchait à même le sol dans sa maison des faubourgs de Johannesburg pour éviter les balles perdues et qui est devenu la vedette de l'équipe d'Afrique du Sud.

C'est dire si la pression pèse sur ses épaules: il est le seul Bafana Bafana à évoluer avec régularité dans l'un des meilleurs championnats européens, l'Angleterre. Son élection comme joueur de l'année d'Everton, la semaine dernière, a conclu une saison pleine qui a alimenté les spéculations sur une nouvelle destination possible parmi de plus grands clubs.

Tout un peuple comptera sur ce milieu offensif le 11 juin lors du match d'ouverture, contre le Mexique, au Soccer City Stadium de Johannesburg. Pienaar s'y sentira sans doute chez lui. A une vingtaine de minutes en voiture de cette enceinte se trouve Westbury, ancienne banlieue défavorisée du temps de l'apartheid, gangrenée par la violence des gangs, le trafic de drogue et les tirs quotidiens.

Enfant, le jeune Pienaar passait beaucoup de temps à terre pour regarder la télévision, sur l'injonction de sa mère qui l'a élevé seule. «On ne savait jamais si une balle allait traverser la fenêtre, raconte-t-il. A terre, on était en dessous de la fenêtre, et en sécurité».

France 1998

«Etre assis sur le canapé, cela revenait à risquer sa vie, poursuit-il. Il y avait beaucoup d'histoires de personnes touchées par des balles perdues à Westbury. C'est maintenant plus calme que lorsque j'y ai grandi».

Plutôt que de le laisser errer dans la banlieue chaude de Jo'burg, sa mère l'envoie dans une académie de football. Il intègre ensuite le club d'Ajax Cape Town, puis c'est l'Europe avec l'Ajax Amsterdam, le Borussia Dortmund (Allemagne) et Everton (Angleterre), où, d'abord prêté, il s'est engagé il y a deux ans.

Lui qui se cachait pour éviter les balles se trouve désormais dans la lumière, en pleine exposition, à 28 ans. Leader technique de Bafana Bafana peu fringants lors des premiers matches amicaux, Pienaar s'est consacré à son club depuis la reprise de l'équipe par Carlos Alberto Parreira en octobre 2009.

«Pienaar est un joueur de classe et a grandement progressé à Everton, a souligné le sélectionneur brésilien. J'ai hâte qu'il revienne car sa présence change beaucoup de choses dans l'équipe».

Mais le chantier sud-africain reste ouvert: l'équipe a notamment étalé de grosses lacunes offensives lors des premiers matches amicaux.

Pienaar relativise et se veut néanmoins optimiste: «Aucun pays organisateur n'a raté la qualification pour les 8e de finale et rappelez-vous comment la France, qui allait gagner en 1998, a eu du mal à se construire. La Corée du Sud a aussi eu des problèmes quatre ans plus tard et a finalement surpris tout le monde en atteignant les demi-finales».