Vous vous souvenez des gros casques Itech, lancés au tournant des années 2000? Premiers casques fabriqués avec de l'EPP (Expanded Poly Propylene), ces casques avaient l'air de bols à salade, de l'aveu même de leurs concepteurs, et ils n'ont pas réussi à percer le marché.

Bauer a toutefois retenu la leçon et son casque 9500, conçu avec la même technologie de base, mais plus «élégant», est devenu l'un des meilleurs vendeurs de l'histoire du hockey. Quoi qu'on dise, la commercialisation des casques de hockey est autant déterminée par des impératifs évidents de sécurité que par la nécessité de plaire aux consommateurs.

«Même les joueurs de la LNH sont sensibles à ce qu'ils ont l'air avec un casque sur la tête, explique Guillaume Bélanger, ingénieur chez Easton. Ils préfèrent les casques plus petits et n'hésitent pas à s'observer dans un miroir quand ils font leur choix.»

Laura Gibson, directrice de produit chez Reebok-CCM, ne doute pas que les succès récents du casque Vector V10 soient dus en partie à son style. «Il est confortable et son profil bas plaît aux joueurs, souligne-t-elle. Ça explique sa popularité au test du miroir!»

Bélanger, qui est ingénieur mécanique et travaille depuis plus de 10 dans la conception et la réalisation des casques de hockey (chez Hi-Tech, Reebok-CCM, puis Easton), est parfaitement au fait des qualités... et des défauts de ses casques et de ceux de ses concurrents.

«Aucun casque n'est parfait, reconnait-il. On parle beaucoup des commotions cérébrales depuis quelques années, mais aucun casque ne peut assurer une protection parfaite contre de telles blessures.

«À la base, les casques sont conçus pour éviter les fractures du crâne, les lacérations et autres blessures superficielles. Ils sont d'ailleurs très efficaces pour cela; il n'y a pratiquement plus de fracture du crâne au hockey.»

Des technologies de pointe

Easton est partenaire de Riddell, de Bell et de Giro - tous des fabricants réputés de casques de sport - et mise comme eux sur un concept monocoque pour son produit haut de gamme, le S19 Z-Shock. Lancé lors des Jeux de Vancouver, en février 2010, ce casque ultraléger se démarque par une coquille très mince (0,5 mm) et une protection intérieure d'EPP.

Durant toute la conception de ce modèle, Bélanger et son équipe ont travaillé avec leurs collègues des autres sociétés du groupe, utilisant les mêmes technologies de pointe, notamment le système «H.I.T.S.», un appareil sophistiqué de mesure des impacts qui a d'abord été intégré aux casques de football, mais qui est maintenant monté de façon expérimentale sur des casques de hockey.

«Ce système relaie toute une série de données sur les impacts auxquels sont soumis les casques et nous permet de mieux comprendre ce qui se passe vraiment dans le feu de l'action, explique Bélanger. Nous sommes encore en phase de recherche, mais je ne doute pas que cela nous aidera à produire de meilleurs casques dans l'avenir.»

Chez Bauer, le casque 9900 a été conçu à Saint-Jérôme, avec la collaboration de chercheurs de l'Université McGill. «Nous travaillons étroitement avec des partenaires de plusieurs secteurs pour nous assurer d'avoir les meilleures technologies et d'être à la fine pointe des recherches. Ce casque est sûrement le plus sophistiqué que nous ayons jamais produit», explique Craig Desjardins, directeur de programme chez Bauer Hockey, leader du marché.

Tous les types d'impacts

Les spécialistes des blessures à la tête notent depuis quelques années que la puissance de l'impact n'est pas toujours le facteur déterminant dans une commotion. Les mouvements de la tête et leur vitesse sont aussi importants et des chocs en apparence anodins ont souvent des conséquences tout aussi graves qu'une collision de plein fouet.

«Nous travaillons beaucoup sur ce qu'on appelle les low energy impacts, souligne Guillaume Bélanger. Les normes actuelles imposent des tests pour les chocs à haute énergie, mais nous étudions ce qui arrive au casque quand il subit un choc plus léger. Sans dévoiler les secrets de nos prochains casques Easton, je peux vous dire qu'ils intégreront des nouveautés dans ce domaine.»

Craig Desjardins ne cache pas que Bauer travaille sur les mêmes caractéristiques. «Les casques de hockey doivent offrir une protection multi-impacts à différentes intensités. Notre prochain casque haut de gamme, qui sortira sans doute en 2012, devrait être encore plus performant aussi bien pour les coups violents que pour les chocs à basse intensité.»

L'avenir est déjà presque là chez Reebok puisque le tout nouveau casque HT11K sera commercialisé au printemps. «Il dispose d'un système de sécurité en cinq points que nous estimons le plus perfectionné du marché», explique Laura Gibson.

«Le défi est le même pour tout le monde: fabriquer un casque qui offre une excellente protection à tous les chocs.»

Tout est dans l'ajustement

Le Dr Ruben Echemendia, directeur du groupe conjoint LNH/AJLNH sur les commotions, ne croit pas qu'un casque puisse protéger parfaitement un joueur contre les blessures à la tête.

«La technologie anticommotion n'existe tout simplement pas, note-t-il. Par contre, les casques peuvent assurer une protection importante... s'ils sont bien ajustés. C'est là la question la plus importante qu'un joueur ou ses parents doivent se poser quand ils choisissent un casque. C'est triste de voir des joueurs de la LNH évoluer avec des casques trop grands qu'ils perdent au premier contact...»

Laura Gibson, directrice de produit chez Reebok-CCM, explique: «Plusieurs critères doivent être considérés pour choisir un casque sécuritaire. Tous les fabricants offrent une gamme étendue de casques et ils améliorent constamment leurs produits. C'est important d'essayer plusieurs casques avant de faire son choix; chaque modèle a une forme particulière et il faut trouver celui qui adopte le plus parfaitement possible la forme de votre tête.»

Le Dr Echemendia rappelle également qu'il ne sert à rien de faire porter à un enfant un casque «un peu» trop grand en songeant qu'il va grandir. «S'il y a une pièce d'équipement pour laquelle aucun compromis n'est acceptable, c'est bien le casque», avertit le spécialiste des commotions.

La croisade de Mark Messier

Dans le cadre de son Messier Project, l'ancien joueur étoile de la LNH Mark Messier s'est associé à Cascade Sports pour concevoir et commercialiser un casque plus efficace. «Au contraire de celle des patins ou des bâtons, la technologie des casques avait relativement peu évolué au cours des dernières décennies, rappelle Messier. Avec Cascade et le casque M11, je crois que nous avons redéfini ce que doit être un bon casque. Notre rembourrage est produit à partir d'une synthèse de sept technologies qui combine toutes leurs qualités pour offrir un casque capable de résister aux chocs répétés d'un match de hockey.»

Un grand laboratoire

Easton et Bell, deux des fabricants de casques de sport les plus réputés du monde, se sont associés récemment pour créer un grand laboratoire de recherche, le «Helmet Technology Center», surnommé The Dome, à Scotts Valley, en Californie. On y travaille aux recherches sur la conception de tous les casques de sport commercialisés par Easton et Bell, mais aussi par Riddell et Giro, deux autres sociétés du groupe. C'est là que naissent les casques de l'avenir, ceux de hockey, bien sûr, mais aussi ceux de baseball, crosse, cyclisme, football, moto, ski, surf des neiges, balle molle et plusieurs autres.