Pendant longtemps, les joueurs ont demandé ce qu'il y avait pour eux dans les différentes offres de la LNH. Mais la question n'est plus de savoir où ils pourront faire des gains, mais simplement combien de pertes ils sont prêts à encaisser.

«Les propriétaires n'ont fait que nous remettre un peu de ce qu'ils nous avaient volé, a soutenu Maxim Lapierre à propos des négociations des derniers jours. C'est comme si je vous volais vos vêtements et que je vous redonnais vos petites culottes. Ce n'est pas une concession que de faire ça.»

Lapierre est émotif. Trois mois plus tard, ce lock-out décrété par une ligue qui affiche des revenus records de 3,3 milliards demeure injustifié à ses yeux.

N'empêche, les joueurs présents à la table de négociations, cette semaine à New York, ont cru qu'une entente était à portée de main. Si les gains étaient maigres (une restructuration du fonds de pension), les concessions faites par les joueurs semblaient acceptables.

«Il n'y a rien qu'on gagne par rapport à la dernière convention collective, mais je ne pense pas qu'on perde tout non plus», a précisé Mathieu Darche. On est allé de leur côté en leur offrant une convention collective de huit ans et une limite de huit ans sur les contrats. On est allé vers eux aussi sur l'aspect monétaire.

«On est tellement proches, je ne peux pas croire qu'on ne puisse pas s'entendre...»

Un confrère du Denver Post soutient que Donald Fehr a suggéré aux joueurs de refuser l'offre patronale de mercredi sous prétexte qu'il pouvait encore en soutirer davantage.

«On était prêts à faire un deal, oui, mais que Don nous ait dit de refuser l'offre, ce n'est pas vrai, a confié Darche. Et il ne s'agit pas d'aller en chercher plus ; c'est de ne pas en donner trop.»

Jouer le bluff?

En dépit de ce qu'a dit Gary Bettman en conférence de presse, jeudi, plusieurs joueurs continuent de croire que la LNH a ciblé une date de retour au jeu et qu'elle manoeuvre en attendant d'y arriver.

Mais n'y a-t-il pas un risque que l'Association des joueurs, croyant à un bluff des propriétaires, ne finisse par en pâtir comme en 2004?

«C'est certain que si on essaie de jouer le bluff et d'aller en chercher plus en se disant que les propriétaires vont signer la semaine prochaine, ça peut revirer contre nous », a reconnu Guillaume Latendresse, qui patinait seul avec Lapierre aux 2 Glaces de Candiac, vendredi.

L'avenir nous dira si c'est ce qui s'est produit jeudi à New York.

Les joueurs se sont dits proches d'une entente, mais les compromis des propriétaires étaient assujettis à trois conditions sur lesquelles ils se disent inébranlables: une convention collective d'une durée de dix ans, une limite des contrats des joueurs fixée à cinq ans, et certaines modalités liés au rachat des contrats et aux dépôts en fiducie.

Les joueurs ont voulu négocier ces trois éléments, ce qui a soulevé l'ire de la LNH.

«Les contrats à long terme permettent de prendre moins d'argent pour en avoir plus longtemps, a rappelé Mathieu Darche. En maintenant le même salaire pendant cinq ans, le contrat prendrait plus de place sur le plafond salarial et il en resterait moins pour les autres joueurs. Ça coincerait la classe moyenne.»

Cela dit, autant les contrats de cinq ans qu'une convention collective de dix ans sont des idées avec lesquelles d'autres joueurs sont prêts à vivre.

«Un contrat de cinq ans, qu'est-ce que tu veux de plus, a demandé Guillaume Latendresse. Combien de joueurs dans la ligue ont un contrat de cinq ans ? Ce point-là est peut-être une bataille inutile.

«Quant à la longueur de la convention collective, si on est pour retomber en lock-out dans cinq ans et perdre une autre saison... Le plus long sera le mieux, en autant que l'argent est séparé comme du monde.

«Cela dit, je demeure derrière les personnes qui sont en place pour négocier.»

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, LA PRESSE

Maxim Lapierre (en blanc) et Guillaume Latendresse se réunissent à l'aréna de Candiac pour se pratiquer.