À quelques heures du premier match Canadien-Flyers, les joueurs des deux équipes admettaient candidement qu'il y a une part de surprise à retrouver ces deux formation en finale d'Association.

C'est normal: c'est la première fois dans l'histoire de la LNH que deux équipes classées septième et huitième se retrouvent en demi-finale de la Coupe Stanley.

«J'ai entendu les commentaires de gens qui trouvent ça plate que ce soit les septième et huitième équipes qui s'affrontent, mais les deux méritent d'être là et n'ont pas volé leur place», a observé Daniel Brière.

Le chemin vers les séries a été cahoteux pour les Flyers.

Un changement d'entraîneur en cours de saison, une valse de gardiens de but blessés, des rumeurs de dissension dans le vestiaire. C'est à croire que, durant toute l'année, les Flyers ont été à la recherche de quelque chose, et qu'ils l'ont trouvé tout juste avant les séries éliminatoires.

«On a trouvé notre cohésion dans les deux dernières semaines de la saison, a reconnu Daniel Carcillo. On avait le dos au mur, nos gardiens tombaient comme des mouches et les blessures à nos joueurs-clés se succédaient.

«Sauf qu'on s'est regroupé. Et le fait que l'on soit encore dans la course témoigne du fait que l'on est un groupe tissé serré.

«Tout le monde veut jouer son meilleur hockey en séries, mais il n'y a rien de mal à avoir trouvé ses repères tout juste avant d'y arriver. On est quand même entré en séries lors du dernier match grâce à une victoire en tirs de barrage»

Des congés pour des gars amochés

En effet, il s'en est fallu de peu pour que les Flyers ne puissent disputer au Tricolore le titre d'équipe Cendrillon.

Une victoire in extremis face aux Rangers de New York a permis de départager les deux équipes, et les Flyers se sont faufilés en séries avec 88 points - le même nombre que le Canadien.

Ils ont ensuite surpris en cinq petits matchs les Devils du New Jersey, qui les avaient vraisemblablement pris à la légère.

Puis, un étonnant défi les attendait dans le détour: maintenir le niveau d'intensité qu'ils venaient d'atteindre tout en négociant avec neuf journées de congé.

«Trois ou quatre jours nous auraient permis de reprendre nos énergies, a noté Brière. Or, quand on est revenu, on avait un peu perdu notre instinct du tueur, et ça a pris quelques matchs avant qu'on le retrouve.

«Si on me donne le choix entre dix jours de congé et jouer immédiatement (comme les Flyers le font entre la deuxième et la troisième ronde), j'aime mieux jouer tout de suite. On est sur un «high», les choses vont bien et l'on est confiants.

«Sans compter que, tranquillement, l'équipe est de plus en plus en santé». Le retour de Simon Gagné au milieu de la série face aux Bruins de Boston a galvanisé les troupes, marquant quatre buts en quatre matchs.

L'ailier québécois admet volontiers qu'il n'est pas à 100%, mais il est là pour le début de la confrontation face au Canadien.

«Durant toute la série contre les Bruins, j'ai profité des journées entre les matchs ainsi que des entraînements du matin pour reposer mon pied et l'aider à guérir plus vite», a indiqué Gagné.

Mais les Flyers demeurent amochés, avec des joueurs tels que Carcillo, Chris Pronger et Blair Betts qui traînent des blessures.

Quant au centre Jeff Carter, qui s'est blessé à un pied en première ronde, les chances de le revoir face au Tricolore sont plutôt faibles, tout comme celles d'Ian Laperrière, victime d'une contusion au cerveau le 27 avril dernier.

Laperrière le guerrier

Atteint par une rondelle à la tête, le soir où les Flyers ont éliminé les Devils, Laperrière a reçu 70 points de suture au-dessus de l'oeil droit.

«Ils sont obligés de dire que j'ai eu une commotion parce que j'ai eu une contusion au cerveau, mais je n'en ai pas eu les symptômes, a expliqué le robuste attaquant.

«J'ai eu des vertiges il y a environ trois semaines car des cristaux s'étaient déplacés dans mon oreille suite à l'impact. Mais les médecins ont fait une procédure qui a duré cinq minutes et les étourdissements ont disparu.» Le vétéran québécois a patiné avec ses coéquipiers, dimanche, lors de la séance matinale. Il portait un chandail jaune signalant qu'il ne devait recevoir aucun contact.

«Je vais me garder dans la meilleure forme possible au cas où les médecins me donnent le feu vert. J'espère avoir un examen d'imagerie par résonance la semaine prochaine qui me dira où j'en suis. Mais c'est un bleu au cerveau, personne ne peut prendre le risque de me renvoyer sur la glace à 50% de mes capacités.

«Je me sens très bien depuis dix jours et j'espère que la blessure a disparu - ce dont je doute. J'adore mon métier, mais je ne veux pas mourir sur la glace non plus.» Il y a six ans, a raconté Laperrière, Bob Gainey avait fait savoir au vétéran québécois qu'il n'était pas intéressé à ses services en raison de ses commotions cérébrales.

Cette saison, Laperrière a fini au deuxième rang de la LNH avec 26 punitions majeures. Il a perdu plusieurs dents lorsqu'il a reçu une rondelle dans la bouche.

Qu'il songe à revenir après cet autre épisode en dit long sur ce dont il est fait.

Mais l'idée de faire regretter au Canadien qu'il ait levé le nez sur lui à l'époque passe bien loin dans ses priorités.

«Ma motivation, c'est de revenir au jeu, a-t-il dit. Que ce soit contre le Canadien ou contre n'importe qui.

«J'ai 36 ans et je ne sais pas si je vais passer aussi proche d'une finale que cette année. Ça m'a pris 15 ans avant d'être proche de même, et c'est ça qui me motive.»