À ses premières années comme directeur général, il était impressionnant de constater à quel point Marc Bergevin semblait avoir une relation avec à peu près tout le monde au hockey. Parce qu’il a joué 20 ans dans la LNH, pour 8 équipes différentes, parce qu’il a ensuite occupé plusieurs rôles à Chicago, il avait ses entrées un peu partout.

Le hockey est effectivement un petit monde, mais il arrive parfois que deux individus se connaissent seulement de nom ou de réputation. C’est le cas de Dominique Ducharme et de Jeff Gorton, respectivement entraîneur-chef et nouveau vice-président des opérations hockey du Canadien.

« Je sais ce qu’il a fait, je lui ai parlé quelques minutes, mais je ne le connais aucunement. J’ai hâte de le rencontrer », a candidement répondu Ducharme lundi après-midi, lors de sa première rencontre avec les médias depuis le Grand Schisme de la rue Saint-Antoine.

On constate en effet que leurs destins ne se sont jamais croisés. Avant d’arriver à Montréal, Ducharme a œuvré pour Hockey Canada. Mais Gorton est Américain. Ducharme a aussi été entraîneur-chef des Mooseheads d’Halifax et des Voltigeurs de Drummondville, en plus d’avoir été adjoint chez les Juniors de Montréal. Mais le nouveau patron hockey du Canadien n’a jamais repêché de joueur dans les équipes de Ducharme pendant ses années à Boston et à New York.

Ce qu’il connaît de Gorton ? « C’est quelqu’un d’intelligent, posé, qui a de l’expérience. Mais j’ai parlé deux minutes au téléphone avec lui. Je vais le connaître plus dans les prochains jours et semaines. »

C’est donc notamment avec cet homme que Ducharme connaît très peu qu’il devra maintenant s’entendre. Tôt ou tard, la question de l’avenir du Joliettain se posera, puisque l’arrivée d’une nouvelle administration s’accompagne souvent de changements derrière le banc.

Ce n’est pas un automatisme non plus, cependant. Le prédécesseur de Ducharme, Claude Julien, avait par exemple survécu 21 mois après que Don Sweeney eut remplacé Peter Chiarelli comme directeur général des Bruins de Boston. Jeff Blashill est toujours en poste à Detroit, deux ans et demi après l’arrivée de Steve Yzerman.

Blashill n’a pas une fiche reluisante, mais son équipe est au cœur d’un processus assumé de reconstruction, contrairement au Canadien. Ducharme a vu son équipe atteindre la finale de la Coupe Stanley l’été dernier, mais en saison, Montréal vient au 28rang de la LNH pour le pourcentage de points obtenus (,418) depuis son arrivée derrière le banc.

Ducharme, rappelons-le, a signé une prolongation de contrat de trois ans l’été dernier. En bon entraîneur, il a refusé de placer son avenir personnel au cœur de la situation actuelle.

« Je reste le même. Je n’ai jamais joué dans la Ligue nationale, j’ai fait mon chemin dans le coaching et j’ai affronté des défis, j’ai eu à me prouver à tous les niveaux, a répondu Ducharme. Ce sera la même chose. Il va apprendre à me connaître, je vais le connaître. L’équipe va embaucher un directeur général. On va voir où ça ira. »

Un effet sur les joueurs ?

Il sera maintenant intéressant de voir si la fin de l’épineux dossier Bergevin aura un effet sur les joueurs du Tricolore.

Pas mal toutes les pistes ont été utilisées pour essayer de comprendre pourquoi cette équipe a été incapable de gagner deux matchs de suite jusqu’ici et montrait une fiche de 6-15-2 avant la rencontre de lundi contre les Canucks de Vancouver. L’une de ces pistes : la distraction causée par l’incertitude au 7étage. À l’exception d’une mention de Josh Anderson, les joueurs n’ont jamais vraiment laissé entendre qu’il s’agissait d’une distraction. Ducharme non plus.

« Dans le hockey, il faut que tu te prouves tous les jours, surtout dans la Ligue nationale. C’est la même chose pour les joueurs. Geoff a parlé d’un nouveau départ. Sans que ce soit un changement dramatique, on est un peu habitués de se prouver quotidiennement.

« Ce n’est pas une journée habituelle, mais en même temps, quand la rondelle tombe, il faut être prêt à jouer. »

Des mots pour Bergevin

Avec le départ de Bergevin, Ducharme voit donc partir l’homme qui lui a donné sa première chance comme entraîneur-chef dans la LNH, en congédiant Julien en février dernier.

« Je lui ai parlé quelques fois hier [dimanche]. Voir quelqu’un qui part, ce n’est jamais plaisant. Il y a le hockey, mais il y a aussi les personnes avec qui on travaille tous les jours. »

« Dans les 10 derniers mois, on se parlait au moins une fois par jour, des fois deux ou trois. Il est passionné, intègre. J’ai toujours eu une bonne relation avec lui. »