Le Kazakhstan, la Croatie, la Suisse, l’Allemagne, la Suède… Kevin Poulin a vu du pays au cours des cinq dernières années. Mais la saison prochaine, c’est l’uniforme du Rocket de Laval qu’il enfilera. Le Québécois est de retour à la maison.

Le gardien a signé un contrat d’un an à un volet avec le Rocket, la semaine dernière.

« La seule équipe à qui j’aurais dit oui pour revenir, c’est Laval », affirme le cerbère en entrevue avec La Presse.

« Jouer au Québec, ça fait depuis le junior que je n’ai pas fait ça, sauf contre le Canadien, ajoute-t-il. Ça va être plaisant de jouer devant ma famille, mes amis et les fans québécois. Ce sera une belle expérience. »

À 31 ans, Poulin a bien des années de hockey professionnel dans les jambières.

Choix de 5e tour des Islanders de New York en 2008, il a joué 50 matchs dans la LNH et 156 dans la Ligue américaine jusqu’en 2015. Il a ensuite été réclamé au ballottage par le Lightning de Tampa Bay, qui l’a relégué au Crunch de Syracuse avant de l’échanger aux Flames de Calgary. Ceux-ci l’ont par la suite assigné à leur club-école, à Stockton, où il a joué 29 matchs.

Ça en fait, du voyagement, en seulement quelques mois. Et à l’époque, sa femme était enceinte de leur deuxième enfant.

« Je me suis dit : “C’est trop compliqué, j’ai besoin de stabilité”, se souvient-il. Avec l’Europe, il n’y a pas de ups and downs. Tu arrives à une place une année, tu restes là toute l’année. »

Ainsi, en 2016, il traversait l’océan Atlantique pour entamer un autre chapitre de sa carrière. Premier arrêt : le Kazakhstan.

D’une ville à l’autre

Là-bas, Poulin portait les couleurs du club de Barys, dans la Ligue de hockey continentale (KHL), l’une des meilleures ligues au monde.

« C’est sûr que, pour le Kazakhstan, elle [sa femme] m’a posé la question quelques fois : “T’es sûr, là ?” C’était quand même dur d’aller jouer là-bas parce qu’on venait juste d’avoir notre deuxième enfant. Tu as un enfant de 3 mois et tu déménages au Kazakhstan, tu n’as pas de famille, pas d’amis… C’était quelque chose. Mais, moi, j’ai bien aimé », raconte-t-il.

Il est plutôt rare pour un gardien de but importé de jouer plusieurs saisons dans une même équipe, explique-t-il. Ainsi, chaque année, il s’assoyait avec son agent afin de décider quelle serait sa nouvelle destination.

En 2017-2018, Poulin a joué en Croatie et en Suisse, avant de transférer en Allemagne la saison suivante.

À Berlin, c’était incroyable. On voit Berlin d’une façon ici, mais quand tu l’expérimentes, que t’es là-bas, c’est un autre monde complètement. Il y a tellement d’histoire là-bas. On a vraiment tripé.

Kevin Poulin

« Ils adorent le hockey, c’est comme un gros party, se souvient-il. Ça boit de la bière, c’est festif durant les matchs. On avait un bel aréna d’environ 10 000 personnes, et c’était plein. Il y a toujours une section pour les super fans. Il n’y a même pas de bancs. Ils sont debout tout le match. Ils ont des drapeaux, des drums, des haut-parleurs… »

L’homme masqué a aussi fait partie de l’équipe nationale qui a remporté la Coupe Spengler en 2017, puis le bronze aux Jeux olympiques en 2018. Des expériences « irréalistes », affirme-t-il.

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Kevin Poulin aux Jeux olympiques de PyeongChang

L’année suivante, il a obtenu un essai avec le club-école des Red Wings de Detroit, les Griffins de Grand Rapids, pour qui il a gardé les buts à trois reprises. Puis, en février 2020, il s’est entendu avec les Kings de Los Angeles. Il a joué quatre matchs avec le club affilié, le Reign d’Ontario, avant que la pandémie vienne mettre un terme à la campagne.

Puis on en arrive à la saison qui vient de se terminer, alors qu’il est retourné en Europe. En Suède, plus précisément.

« Le gros avantage de jouer en Suède, c’était qu’il n’y avait aucune restriction sur le plan de la COVID-19. On a vécu une vie normale là-bas. Donc, on s’est un peu sauvés de tout ça, en même temps. »

Un vétéran

Poulin est de retour au Québec avec sa femme et ses deux enfants depuis le 17 mai. Le Montréalais avait reçu des offres en Europe, mais a opté pour le Rocket. Il ignore cependant quel sera son rôle. Logiquement, il devrait être le second du jeune Cayden Primeau.

« En ce moment, il y a tellement de “si” et de “on va voir” que pour moi, en ce moment, mon but est de m’entraîner, d’arriver en santé, prêt à jouer. En tant que joueur, on n’a pas de décision [à prendre]. La seule chose qu’on peut contrôler, c’est plate à dire, mais c’est d’arriver prêt. 

« La seule chose qu’ils m’ont dite, c’est qu’ils voulaient avoir un gardien de but expérimenté dans les mineures, poursuit-il. C’est là qu’on en est. »

Montréal ou Tampa Bay ?

Lors de son stage junior avec les Tigres de Victoriaville, de 2006 à 2010, Poulin a côtoyé deux joueurs dont on entend beaucoup parler dernièrement : Phillip Danault et Yanni Gourde. L’un évolue pour le Canadien de Montréal, l’autre, pour le Lightning de Tampa Bay. Les deux s’affrontent en finale de la Coupe Stanley en ce moment même. Est-il surpris de leur cheminement respectif ?

« Si tu m’avais dit ça quand j’étais junior, j’aurais été surpris, surtout pour Yanni Gourde, admet-il. C’est un gars qui était sur la quatrième ligne, il était in and out de l’alignement. Il fallait qu’il travaille fort. Encore là, il n’a jamais changé : c’est un gars qui travaille fort, il met l’équipe en avant, il va tout faire pour gagner.

« Même chose pour Danault, poursuit-il. Mais il avait un talent un peu plus naturel. C’est un choix de première ronde. Je voyais qu’il avait un beau potentiel quand il avait 16 ans. »

Alors, pour qui prend Poulin dans cette série, lui qui a en plus appartenu aux deux organisations finalistes ? Le choix est facile.

« Je suis un gars de Montréal, j’ai grandi à Montréal, je viens de signer avec Laval. Donc, c’est sûr que j’espère grandement que Montréal va l’emporter. »