Les joueurs repêchés qui se développent en NCAA donnent parfois des maux de tête à leurs dirigeants dans la LNH. S'ils connaissent une brillante carrière universitaire, ils ont toujours l'option de refuser de s'entendre avec l'équipe qui les a repêchés, pour ainsi devenir joueurs autonomes.

C'est, par exemple, ce que Jimmy Vesey a fait en 2016. Après ses quatre ans à Harvard, l'attaquant a dit non aux Predators de Nashville et a profité de son autonomie pour se joindre aux Rangers de New York.

Fort d'une jolie carrière universitaire, l'espoir du Canadien Jake Evans pourrait aussi explorer cette option. Mais si on se fie à ses propos, l'attaquant des Fighting Irish de Notre Dame semble pencher pour la loyauté à l'égard du CH.

«Je ne peux pas vraiment entrer dans les détails, mais j'ai vraiment une bonne relation avec l'organisation du Canadien, a indiqué Evans, en entrevue téléphonique avec La Presse. C'est l'équipe qui a parié en me repêchant, qui m'a donné ma chance. Je ne peux pas garantir que ça se matérialisera en un contrat, mais la relation est très bonne.»

Quand Evans parle d'une équipe qui lui a donné sa chance, il n'exagère pas. Evans suivait le repêchage de 2014 depuis la maison, sachant que ses chances d'être choisi étaient minces. Quand le septième et dernier tour s'est mis en branle, il est sorti marcher pour se changer les idées, ayant perdu tout espoir. Au 207e rang, le Canadien le réclamait. Trois choix plus tard, la séance était terminée...

Depuis ce temps, Evans a progressé d'année en année, et occupe actuellement le 1er rang de son équipe avec 40 points (11 buts, 29 passes) en 36 matchs. Au fil des années, le Tricolore a cultivé la relation avec le jeune homme de 21 ans, notamment par l'entremise de Rob Ramage, directeur du développement des joueurs.

«Je parle beaucoup à Rob. Il est souvent venu me voir jouer, et je l'ai vu la fin de semaine dernière, explique-t-il. On parle surtout de hockey, de ce qu'il voit dans mon jeu. Il me rappelle constamment de commencer à jouer comme un professionnel, afin de m'aider dans la transition qui s'en vient.

«Je ne peux pas trop penser à ce qui vient après. J'espère que tout tombera en place. Mais la relation avec l'organisation est très bonne.»

En audition dès cette saison?

Evans doit toutefois attendre la fin de sa carrière universitaire avant de signer un contrat professionnel.

Il amorce ce soir la dernière étape de son parcours collégial, puisque les Fighting Irish sont qualifiés pour le Championnat national de la NCAA. Le tournoi est à élimination directe (une équipe est éliminée après une défaite).

Notre Dame affronte Michigan Tech cet après-midi, à 15h, en huitième de finale. S'ils l'emportent, les Fighting Irish se frotteront ensuite au vainqueur du duel Clarkson-Providence, dès demain. Le gagnant de ce match sera qualifié pour le prestigieux Frozen Four, qui regroupera les quatre demi-finalistes. La finale aura lieu le 7 avril, date qui coïncide avec la fin de la saison du Canadien.

«Ce serait très spécial de gagner le tournoi, a admis Evans. Le programme n'a jamais gagné de championnat national, ce serait particulier d'écrire cette page d'histoire. J'aimerais finir ma carrière ici de façon mémorable.»

Par contre, si Notre Dame perd aujourd'hui ou demain, Evans aura alors l'option de s'entendre avec le Canadien dans les prochains jours et d'amorcer aussitôt sa carrière professionnelle. Il aura cependant jusqu'au 15 août pour le faire. Sans entente à cette date, il deviendra joueur autonome.



Un joueur plus complet

Si les Fighting Irish participent au tournoi, c'est beaucoup grâce à Evans, qui occupe le rôle de centre numéro 1.

Evans a d'ailleurs été au coeur de la spectaculaire victoire de 3-2 contre Ohio State en prolongation samedi dernier, victoire qui a donné à Notre Dame son billet pour le Championnat national. L'Ontarien a remporté une mise au jeu en zone défensive, avant de servir une longue passe transversale en zone neutre à Cam Morrison, qui a battu le gardien d'un tir précis.

«Sur le jeu précédent, il y avait eu une autre mise au jeu dans notre zone. Je l'ai perdue, et ils ont obtenu une bonne chance de marquer. Je ne voulais pas me faire prendre à nouveau. À mes yeux, la mise au jeu était bien plus importante que ma passe.

«À ma première année ici, je n'obtenais pas beaucoup de points, donc j'obtenais mes minutes de jeu en m'appliquant sur d'autres aspects. En vieillissant, tu dois vraiment te concentrer sur ces détails, car c'est ce qui peut faire ou défaire une carrière. Plus jeune, je regardais seulement les points. Mais avec le temps, j'ai réalisé que les points n'illustraient pas nécessairement comment je jouais.»

Reste à voir si Evans maîtrisera suffisamment bien ces détails pour s'établir dans la LNH. On notera toutefois qu'il a remporté 56% de ses mises au jeu cette saison. Voilà un détail qui ne passera sans doute pas inaperçu chez le Canadien, qui en arrache dans cette facette du jeu. Evans est aussi un centre droitier, une denrée rare dans l'organisation.

Evans ne deviendra pas le premier centre tant recherché à Montréal, mais il pourrait tout de même se trouver un rôle.

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Photo Dennis Wierzbicki, archives USA TODAY Sports

Au fil des années, le Tricolore a cultivé la relation avec Jake Evans, notamment par l'entremise de Rob Ramage, directeur du développement des joueurs.

Trois autres espoirs du CH au Championnat de la NCAA

Ryan Poehling

Trois autres espoirs du Canadien participent au Championnat national. Le premier choix de l'équipe au dernier repêchage, Ryan Poehling, sera de la partie avec les Huskies de St. Cloud State. Même s'il a à peine 19 ans, Poehling occupe le 4e rang de son équipe avec 31 points (14 buts, 17 passes) en 35 matchs. St. Cloud se mesure à Air Force Academy cet après-midi. Les Huskies sont techniquement l'équipe favorite du tournoi, puisqu'ils occupent le 1er rang du classement de la Division I de la NCAA.



Photo fournie par l'Université d'État de St. Cloud

Ryan Poehling

Hayden Hawkey

Hayden Hawkey, un autre lointain choix en 2014 (6e tour, 177e au total), défendra le filet des Friars de Providence College ce soir, contre l'Université Clarkson. Hawkey présente cette saison un dossier de 23-11-3, avec une moyenne de 2,10 et une efficacité de ,917. Hawkey a une autre année d'admissibilité à l'université.



Photo David Boily, archives La Presse

Hayden Hawkey

Cayden Primeau

Enfin, les Huskies (encore ce nom!) de l'Université Northeastern en découdront avec Michigan, samedi. Northeastern est également mené par un espoir du CH devant le filet en la personne de Cayden Primeau. Le fils de Keith Primeau a été repêché au 7etour (199e rang) l'an dernier. Cette saison, il fait partie des meilleurs gardiens recrues de la NCAA, avec une fiche de 19-7-5, une moyenne de 1,88 et une efficacité de ,932. Connor LaCouvee (1,76) est un des cinq gardiens à présenter une meilleure moyenne que lui au pays cette saison, mais c'est un joueur de quatrième année. Primeau fait partie des cinq finalistes au trophée Mike Richter, remis au gardien par excellence de la NCAA.

Photo André Pichette, archives La Presse

Cayden Primeau