On y a tous cru. Nouvel entraîneur-chef. Nouveau directeur général. Une ligne de centre qui semblait fort intéressante sur papier. Une prolongation de contrat de huit ans à Jack Eichel pour lancer la saison.

Finalement, le renouveau des Sabres de Buffalo aura été comme le règne d'Antonio Barrette comme premier ministre: éphémère.

Cinquante défaites plus tard, l'heure est - encore - au désenchantement à Buffalo.

Ce désenchantement s'est traduit par une défaite pas très chic de 4-1 aux mains des pauvres Coyotes de l'Arizona, mercredi, devant des partisans qui n'en finissaient plus de huer leur équipe, selon les collègues sur place.

Cette défaite a débouché sur un entraînement des plus ternes, hier matin, au KeyBank Center. Entraînement au cours duquel Phil Housley a dû rappeler tout le monde à l'ordre, quand il a senti que l'exécution n'y était pas. Le genre d'intervention que l'on voit généralement en septembre ou en octobre...

«Les entraîneurs sont là pour nous pousser, c'est leur travail. Mais personne n'était vraiment de bonne humeur aujourd'hui [hier], a admis l'attaquant Jack Eichel après la séance. On a tous des préoccupations.»

«Des journées comme ça, ce n'est jamais facile de venir à l'aréna. Tout le monde a le moral dans les talons. Ça craint. On continue à faire les mêmes erreurs très souvent. Je ne sais pas quoi ajouter »

Sept saisons sans séries éliminatoires

Les Sabres occupent le 31e et dernier rang de la LNH en vertu d'un dossier de 23-38-12. Ils sont donc assurés de rater les séries éliminatoires pour une septième année de suite. Pour la dernière fois où ils ont gagné une série, il faut remonter à 2007, à la glorieuse époque des Daniel Brière, Chris Drury, Maxim Afinogenov et Ryan Miller.

«Ce qui est dur, c'est que j'ai vécu le côté incroyable des partisans ici, rappelle Jason Pominville, de retour pour un deuxième séjour à Buffalo, après y avoir joué pendant huit saisons, entre 2005 et 2013. Mais si j'étais partisan, je ne serais pas content de notre effort certains matchs, de la façon qu'on se présente, de notre manque de constance. Quand tu gagnes, c'est une des meilleures places, mais quand tu perds, c'est un peu frustrant.»

L'euphorie d'il y a 10 ans a donc fait place à la morosité, qui se voit dans les nombreux sièges vides lors des matchs à domicile. Mercredi, on annonçait une foule de 17 000 spectateurs, mais les journalistes de Buffalo estiment que 7000 d'entre eux ont trouvé mieux à faire et ne se sont pas pointés. Et quand c'est plein, c'est par exemple pour ce match de la semaine dernière, contre Toronto, quand les partisans des Maple Leafs ont littéralement envahi l'aréna.

«Nos partisans ont une raison d'être aussi négatifs, a ajouté Eichel. Nous n'avons pas offert un bon produit sur la patinoire cette saison. On ne marque pas, donc on n'aide pas nos partisans à nous encourager. Peut-on vraiment les blâmer? Non.»

«C'est ma troisième saison ici, et nous ne formons toujours pas une équipe gagnante. Nos partisans sont loyaux et ils méritent mieux.»

Loterie maudite

Si la saison prenait fin aujourd'hui, les Sabres seraient donc favoris pour gagner la loterie du repêchage et mettre la main sur le défenseur prodige Rasmus Dahlin.

Mais voilà, la loterie n'a jamais souri aux Sabres. En 2013-2014 et 2014-2015, ils ont terminé au dernier rang du classement général, avant de voir les Panthers de la Floride et les Oilers d'Edmonton, dans l'ordre, passer devant eux. En 2014, l'équipe a donc sélectionné Sam Reinhart au deuxième rang, après avoir vu le défenseur Aaron Ekblad partir en Floride.

Et en 2015, ils ont réclamé Eichel au deuxième rang, mais les Oilers, eux, ont pu mettre la main sur Connor McDavid, qui est très bon au hockey, selon les échos en provenance d'Edmonton.

Et ça, c'était avant les nouvelles règles, qui font maintenant en sorte que l'équipe de dernière place peut glisser jusqu'au quatrième rang. Dans l'ancien régime, l'équipe de fond de classement était assurée d'un des deux premiers choix.

Malgré les nouvelles règles, les partisans sont nombreux à souhaiter voir les Sabres continuer à s'enfoncer au classement dans le but d'augmenter les chances de parler au premier rang en juin prochain. Ça donne un mot-clic amusant sur les réseaux sociaux (#AllinforDahlin), mais ça crée aussi un climat un brin malsain...

D'ailleurs, sur les ondes de WGR 550, une station de radio locale, un animateur suggérait que la LNH accorde plutôt le premier choix à l'équipe - parmi celles éliminées - qui présente la meilleure fiche dans les 10 derniers matchs de la saison.

«La loterie, c'est une chose, mais regarde Edmonton, rappelle Pominville. Ils ont souvent gagné la loterie, mais regarde où ils sont. Ils ont eu du succès l'an passé, mais les années précédentes, ils ont eu de bons choix et n'ont pas pu améliorer l'équipe. Tu ne peux pas seulement te fier à ça. Il doit aussi y avoir du développement. Mais le système actuel mène parfois à des fins de saison comme ce qu'on vit en ce moment. Je ne sais pas si ça doit changer, mais ce n'est pas super agréable comme atmosphère.»

> Mathias Brunet: Les Sabres s'enlisent encore et toujours...

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La fin pour Gorges?

S'il y en a un qui broie du noir chez les Sabres en cette saison misérable, c'est bien Josh Gorges. L'ancien du Canadien a été laissé de côté lors des quatre derniers matchs. Et depuis le 1er décembre, il n'a jamais disputé plus de trois matchs de suite avant d'être retiré de la formation. C'est la dure réalité d'un défenseur de 33 ans, en dernière année de contrat, qui n'a plus son efficacité d'antan.

Comme tout athlète fier, Gorges croit fermement qu'il peut encore jouer dans la LNH. Mais il reconnaît aussi la réalité d'une ligue qui rajeunit, et sait que le jour de la retraite approche.

«Ça me traverse l'esprit. Vu mon âge et ma situation contractuelle, c'est un scénario possible, car je n'ai pas la chance de jouer afin de prouver ma valeur. J'aurai ma réponse bientôt», a indiqué l'ancien numéro 26.

Gorges a beau être réaliste, il ne semble pas particulièrement chaud à l'idée d'une retraite forcée... «J'y pense, c'est évident. Si ce n'est pas cet été, ce sera l'été suivant ou plus tard, mais ça arrivera dans un avenir rapproché. Je pense beaucoup à mon avenir. Je ne sais pas ce que je vais faire. C'est stressant. Si c'est terminé, je suis encore jeune et je devrai me trouver un autre métier.»

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Photo Adrian Kraus, AP

Josh Gorges

Une autre rondelle sur le masque...

Les Sabres feront confiance à Linus Ullmark devant le filet. C'est que Chad Johnson n'est pas disponible puisqu'il est encore «sonné» après avoir reçu une rondelle sur le masque. Comme le Canadien avec Carey Price, les Sabres refusent de parler d'une commotion cérébrale. Robin Lehner, qui soigne lui aussi ses bobos, devrait toutefois être suffisamment rétabli pour agir comme auxiliaire à Ullmark. Ce dernier en sera seulement à un troisième départ en LNH cette saison, mais il a aussi disputé 42 matchs avec les Americans de Rochester, en Ligue américaine. À l'attaque, les Sabres devraient saluer le retour au jeu de Zemgus Girgensons, qui a raté les deux derniers matchs.