Bon ami de Carey Price, ancien partenaire à la ligne bleue de P.K. Subban, ancien coéquipier de Shea Weber dans les rangs juniors à Kelowna... Josh Gorges est bien placé pour parler du changement d'identité opéré par le Canadien cet été.

Mieux encore: les familles Gorges et Weber étaient en bateau ensemble quand la transaction Subban-Weber a été annoncée!

«On était sur le bateau avec nos enfants. On avait rangé nos téléphones, se souvient Gorges, rencontré vendredi dernier après un entraînement. Tout le monde l'appelait. On a les mêmes agents et comme ils étaient incapables de le joindre, ils m'appelaient en se disant que je pouvais être avec lui!

«Quand on a repris nos téléphones, on avait 20-30 messages, des appels de gens qui n'ont pas l'habitude de nous appeler. On s'est regardés, il a blagué qu'il venait d'être échangé. Je lui ai demandé: "Vraiment, tu crois?" Cinq minutes plus tard, on savait que c'était vrai.»

Être aux premières loges pour une telle nouvelle doit forcément être étrange. La personne apprend en un appel, un message texte, que sa vie change complètement. Dans le cas de Weber, en plus, il n'y avait aucun signe annonciateur.

«Je ne sais pas si c'était bon ou mauvais que je sois avec lui à ce moment-là, poursuit l'ancien numéro 26 du Canadien. Mais j'avais déjà été échangé, je savais ce que c'était que de recevoir cet appel. Ta vie change. Et en même temps, j'avais passé sept ans à Montréal, je pouvais lui dire comment c'était, à quoi s'attendre des conférences téléphoniques.»

Gorges a également pu mettre en garde son bon ami quant à la réaction de Montréal à cette transaction. Car, doit-on le rappeler, Subban était un brin populaire dans la métropole. Plus populaire que Mike Lalor dans ses bonnes années, imaginez.

«Une des premières choses que je lui ai dites, c'est de ne pas regarder la télévision et de ne pas écouter la radio. Car c'est ça, Montréal, et c'est ce qui est formidable: tout le monde est passionné et a son opinion.»

«Mais en tant que joueur, tu ne peux pas t'en faire avec ça, a poursuivi Gorges. Par contre, à ton premier match à Montréal, les partisans vont voir ce que tu fais, ils vont oublier le reste. C'est un joueur assez unique. Les partisans vont l'aimer.»

Avis favorables... mais biaisés!

Réglons tout de suite une chose: le vestiaire des Sabres n'est pas l'endroit tout indiqué pour présenter un point de vue équilibré sur Weber. On y retrouve deux des meilleurs amis du nouveau défenseur du CH, soit Gorges et Cody Franson. Cela dit, leurs propos ne sont pas dénués de valeur pour autant.

Gorges, reconnu comme un spécialiste des tirs bloqués, devra mettre à profit son talent contre celui qui détient le tir le plus puissant de la LNH.

«J'essaie de ne pas trop y penser! répond Gorges, en riant jaune. Je me suis mis dans la trajectoire de ses tirs et ce n'est pas plaisant. J'ai été chanceux, les fois qu'il m'a atteint, j'étais protégé.»

Comme Gorges, Franson a lui aussi évité le pire les quelques fois qu'il a bloqué des tirs de son ami d'enfance. «Mais il a toute une liste de fractures qu'il a causées.»

Pour Gorges et Franson, les observateurs qui soutiennent que Weber a ralenti sont dans le tort. 

«Tu ne peux pas perdre une transaction dans laquelle tu obtiens un joueur comme Shea Weber», soutient Franson.

«Je n'écoute pas ce que dit la communauté des statistiques avancées. Je regarde les matchs», martèle Gorges.

«Il y a sûrement une raison pour laquelle il jouait au sein du premier duo défensif d'Équipe Canada, la meilleure équipe du monde. Et lui, il est le défenseur défensif numéro 1. Il porte un A. Ce n'est pas comme s'il s'était tout juste faufilé dans la formation. Il est un pilier d'une des meilleures équipes du hockey. Il a 31 ans, pas 41. Je m'entraîne avec lui depuis 8-10 ans. Il a des gènes puissants, il patine et ne se fatigue jamais. C'est une anomalie de la nature.»

Quant à la nouvelle dynamique au sein du groupe de leadership avec le départ de Subban et l'arrivée de Weber, Gorges est catégorique.

«Ils se sont grandement améliorés avec Shea. J'ai joué avec lui, je l'ai côtoyé dans le vestiaire, il a ce feu en lui. Il n'a pas besoin de parler, il peut simplement te lancer un regard qui te transperce, et tu travailles fort. Il a cette façon de rallier les gars pour qu'ils jouent à sa façon. Il va grandement aider cette équipe sur la glace et, plus important, hors glace. C'est un joueur d'équipe qui va rassembler les joueurs.»

Qualités de meneur, efficacité défensive, rejet des analyses statistiques... S'il y a deux joueurs qui illustrent bien le fossé qui sépare les spécialistes des statistiques avancées et les observateurs plus «traditionnels» du hockey, ce sont bien Weber et Subban.