Mikhail Sergachev deviendra-t-il le premier défenseur depuis Petr Svoboda en 1984 à décrocher un poste chez le Canadien à 18 ans ?

À écouter l'entraîneur en chef Michel Therrien, aucun scénario ne doit être exclu dans le cas du premier choix du Canadien en juin dernier.

Le point de presse de l'entraîneur du Canadien était terminé depuis plusieurs minutes. Therrien attendait son interlocuteur dans un bureau du Complexe sportif Bell. Il avait une vingtaine de minutes à consacrer à La Presse pour parler des meilleurs espoirs de l'organisation.

« Je me suis assuré d'aller m'asseoir avec [Sergachev], vendredi. Ça te donne un exemple, lance-t-il. L'équipe médicale a jugé qu'il n'était pas prêt à recevoir des contacts, mais je voulais être sûr qu'il ne se mette pas de pression inutile quand il reviendra au jeu la semaine prochaine. »

Même si huit défenseurs détiennent des contrats garantis de la LNH, même s'il est extrêmement difficile pour un défenseur de 18 ans de se faire valoir dans cette ligue, Michel Therrien entend lui donner la chance de se signaler.

« Il y a toujours cette perception que le Canadien va renvoyer automatiquement ses jeunes de 18 ans chez les juniors. Il faut que le jeune possède un talent exceptionnel pour monter dans la Ligue nationale à 18 ans, mais moi, je suis ouvert à ça », souligne Therrien.

« On a "monté" Galchenyuk à 18 ans, Gallagher à 20 ans. De la Rose jouait en séries avec nous à 19 ans. Ce ne sont pas des défenseurs, poursuit Therrien, mais j'ai donné une chance à Kristopher Letang à 19 ans à Pittsburgh. Ce sont des risques, mais des risques calculés. Mais je suis incapable d'affirmer en ce moment [que Sergachev] est prêt parce que je ne l'ai pas encore vu jouer des matchs hors concours. »

Therrien a eu un véritable « coup de foudre » pour Sergachev, 6 pieds 3 pouces, 215 livres, au tournoi des recrues à London, la semaine dernière.

« C'est un gars mature, c'est un gars qui joue dur, c'est un gars capable de "rentrer" dans le jeu. Il a une belle vision, un bon tir, c'est un bon kid. C'est un joueur de hockey, ce gars-là. Je dois maintenant le mettre dans une position où il pourra progresser. Pour lui, ça va être le septième match de la finale de la Coupe Stanley quand on va le mettre dans la formation la semaine prochaine. En étant all-in, est ce qu'il va être capable de maintenir le tempo ? Je sais qu'il n'y en a pas beaucoup, des Ekblad capables de réussir à 18 ans. On va le savoir en le voyant jouer. »

LEHKONEN DANS DE BONNES GRÂCES

Au tournoi des recrues, Michel Therrien a aussi eu un coup de coeur pour Artturi Lehkonen, qu'il a placé à la gauche d'Alex Galchenyuk et de Brendan Gallagher, ce week-end.

Lehkonen a obtenu une passe en début de match sur le seul but de son équipe, samedi, celui de Zach Redmond, en interceptant une passe de l'adversaire en zone offensive. Son anticipation lui a d'ailleurs permis d'intercepter plusieurs passes.

« La première chose que j'ai remarquée chez lui, à London, c'est à quel point il avait un bon bâton, confie Therrien. Dans le hockey d'aujourd'hui, la robustesse est encore importante, mais le jeu est tellement rapide que ça prend un bon sens du hockey, et l'une des premières choses qu'on apprend à nos joueurs, c'est d'avoir un bon bâton. Tu dois être capable de "tuer" des jeux. Un gars qui n'est jamais capable de tuer des jeux est toujours en retard. Et quand tu as la rondelle, tu dois prendre les bonnes décisions. »

Lehkonen, 21 ans, 19 points en 16 matchs de séries éliminatoires dans la Ligue d'élite de Suède, le printemps dernier, devra être rendu à Frölunda s'il ne décroche pas un poste à Montréal.

« On va lui donner la chance de se faire valoir, poursuit Therrien. C'est pour ça que je l'ai mis avec Galchenyuk et Gallagher. Je voulais voir s'il pouvait suivre leur tempo, s'il pouvait lire le jeu. Jusqu'ici, il nous prouve qu'il en est capable. Il est capable de faire des jeux dans des zones restreintes. Ce n'est pas donné à tout le monde d'aller dans les espaces où va Gallagher. Mais 75 % des buts de la Ligue nationale se marquent devant le filet et [Lehkonen] est souvent là. Patch [Max Pacioretty] va revenir mardi, mais encore là, on va le mettre dans une position favorable pour voir s'il est capable de continuer à performer. »

Alex Galchenyuk a lui aussi été impressionné par l'aplomb de Lehkonen, choix de deuxième ronde en 2013.

« Ce qui m'impressionne le plus pour son jeune âge, c'est sa capacité à faire des jeux. Le niveau de compétition est élevé dans ces matchs simulés, c'est souvent brouillon parce que les gars n'ont pas joué depuis longtemps, il n'y a pas beaucoup d'espace, mais il ne craint pas de ralentir le jeu pour nous repérer, "Gally" ou moi. Il joue avec nous depuis quelques jours seulement et il est à sa place. »

Gallagher est du même avis. « C'est un joueur intelligent, tu le vois immédiatement. Il est toujours bien placé, il ne triche pas, c'est facile de jouer avec lui, il comprend le système. Le sens du jeu, ça ne s'enseigne pas. Je ne sais pas s'il va rester, mais il est impressionnant. Si tu prouves que tu contribues, on va te faire de la place. »

Pour la petite histoire, on rappelle que le match simulé de samedi s'est terminé 1-1, grâce au but égalisateur du défenseur Philip Samuelsson, bien servi par Alexander Radulov, parfaitement positionné devant Mike Condon pour lui obstruer la vue.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Artturi Lehkonen (à gauche) a été jumelé à Brendan Gallagher (au centre) et Alex Galchenyuk, ce week-end.