Dans les minutes qui ont suivi la défaite de 4-1 aux mains des Bruins de Boston le 19 janvier, un Michel Therrien émotif s'était présenté à sa conférence de presse et s'était vigoureusement porté à la défense de ses joueurs et de leur effort. Quelque deux semaines plus tard, un intervalle qui correspond aussi au mea culpa et au vote de confiance généralisé du directeur général Marc Bergevin, le discours et le ton de l'entraîneur-chef du Canadien ont changé.

Après le revers face aux Sabres de Buffalo, mercredi, Therrien s'est notamment offusqué après une question d'un journaliste sur son utilisation de son quatrième trio alors qu'il restait moins de cinq minutes à la troisième période et que le Canadien accusait un retard d'un but. Pour Therrien, il s'agissait rien de moins que d'une remise en question de ses décisions.

Il a fallu une reformulation de la question à la toute fin du point de presse pour que l'entraîneur-chef du Tricolore ne fournisse une réponse clarifiant un tant soit peu sa décision.

Également mercredi, Therrien a critiqué le jeu défensif de ses joueurs sur les premier et troisième buts des Sabres. Il n'a identifié personne, mais tous les journalistes savaient que ces propos visaient tout particulièrement Jeff Petry et Alexei Emelin sur le premier but, et Nathan Beaulieu et Tom Gilbert sur le filet victorieux.

«Si tu es incapable de défendre autour du filet, tu n'as aucune chance», a-t-il lancé.

Surtout, à l'aide de seulement 14 mots, Therrien a carrément avoué que le Canadien aura de la difficulté à se tailler une place en vue des séries éliminatoires. Même si - mathématiquement - tout est encore possible puisqu'il reste 30 matchs à jouer et que le recul sur le huitième rang de l'Association Est est de cinq points.

Soit, le Canadien a joué trois matchs de plus que les Penguins de Pittsburgh, et il devra doubler quatre équipes pour espérer prolonger sa saison au-delà du samedi 9 avril. Mais s'il est vrai que bon nombre d'amateurs - qui sont toujours plus émotifs que les dirigeants d'équipes - ont fait une croix sur la saison, l'affirmation de Therrien, sur laquelle il n'a pas élaboré, a étonné les journalistes qui ne s'attendaient sans doute pas à un tel aveu.

Reste à savoir comment Bergevin et le propriétaire Geoff Molson ont accueilli cette déclaration, et comment ils y réagiront, s'ils y réagissent. Partagent-ils l'opinion de leur entraîneur-chef? Pour le moment, eux seuls le savent.

Et la même question se pose pour les joueurs, chez qui on pouvait sentir tout le désarroi dans le vestiaire après la défaite. Personne n'était plus désemparé que Brendan Gallagher, qui cherchait à trouver des explications à cette accumulation de revers.

«Tout le monde dit les bonnes choses et tout le monde sait quoi faire pour gagner un match de hockey quand vous détenez l'avance. Mais on n'arrive pas à faire les petites choses nécessaires pour gagner. D'un soir à l'autre, c'est quelque chose de différent, et c'est ce qui rend la situation si frustrante. Il ne s'agit pas d'un aspect unique que l'on peut identifier et corriger. Ce sont de mauvaises exécutions, des choses simples que nous faisons habituellement si bien, qui nous coulent. C'est difficile d'être assis ici et répéter les mêmes choses soir après soir, mais on ne trouve pas les réponses.»

Si les solutions tardent à arriver, Gallagher conserve la foi.

«Il faut avoir confiance en soi et il faut avoir confiance en ses coéquipiers, sinon la chute sera rapide, a également observé Gallagher. Peu importe ce que nous vivons, nous devons demeurer confiants. Nous vivons des moments très, très difficiles et nous n'obtenons pas les résultats désirés. Mais on ne peut perdre cette confiance en nous et ce que chacun de nos coéquipiers peut accomplir.»