Il fallait voir la mine émotive du paternel Condon quand on lui a fait remarquer au début de l'entrevue que la vie de son fils Mike est loin d'être un long fleuve tranquille depuis quelques mois.

Après avoir retrouvé ses sens, Ted Condon a commencé par dire: «Si quelqu'un avait écrit le script de cette histoire, on n'aurait tout simplement pas cru qu'elle pouvait se produire. Il n'a pas perdu encore, ah oui il a subi une défaite, s'est-il repris, en se rendant compte de son lapsus. Mais on se pince pour y croire. C'est un rêve. Mon fils porte les couleurs de la plus formidable organisation sportive au monde, et il a du succès. À un moment donné, il va tomber de son piédestal. On se prépare pour ça. En attendant, on ne peut simplement pas le croire.»

M. Condon, un Américain du Massachusetts, y est allé d'une pointe d'humour quand on lui a souligné que son fils avait même battu les Bruins de Boston, qui étaient jusqu'à dernièrement son équipe favorite.

«Les qui? Quelle équipe, vous dites?», a-t-il lancé en éclatant de rire.

Redevenant émotif, M. Condon a parlé du parcours sinueux qui a conduit son fils jusqu'à la LNH, à l'âge de 25 ans.

«Ça n'a pas été facile. Nous avons tous mis l'épaule à la roue. Son frère aîné (Zachary) l'a aidé. Mike a survécu à toutes ces années d'études à l'école secondaire et à l'université dans des institutions réputées, à tous ces voyages en autobus dans la Ligue de la Côte Est et la Ligue américaine. Nous apprécions grandement la chance qu'il se voit offrir. Il est la preuve que mettre les bouchées doubles rapporte des dividendes. Mais il reste que j'ai de la difficulté à croire ce qui arrive parce que ça n'existe plus des contes de fées semblables.»

Papa Condon, un colosse à la bouille sympathique, occupe un emploi de sergent au sein de la police du Massachusetts, au département des arrestations des fugitifs dangereux.

Il a dit que son fils était un sportif plutôt doué pour la crosse et le soccer dans son enfance, mais qu'il s'intéressait peu au football.

«L'important pour nous, c'était qu'il soit actif, qu'il se tienne occupé et éloigné des mauvaises tentations. On privilégiait les études et l'effort. On voulait qu'il soit fatigué à son retour à la maison et qu'il s'alimente bien. C'est l'éducation qu'on lui a donnée.»

Il a relaté que Mike s'est initié au hockey, particulièrement à la position de gardien, grâce à son frère aîné de cinq ans qui s'est mis à le mitrailler de balles de tennis dans la cour de la résidence familiale de la région de Boston.

«Il s'est endurci la couenne parce qu'il ne faisait pas le poids contre son frère. C'était frustrant pour lui, il était très compétitif. C'est un rouquin qui a un caractère plutôt bouillant.»

Une histoire de famille

C'est la troisième année de suite que le Canadien poursuit la tradition des périples familiaux.

Après les pères en 2013 et les mères l'an dernier, les pères sont de retour cette année. En 2008, le Tricolore avait invité les pères au cours d'un voyage en Arizona, entre autres.

Jerry Price pourra passer beaucoup de temps avec son illustre fils Carey, qui est actuellement sur le carreau.

«C'est une superbe activité, très agréable. Nous avons beaucoup de plaisir et nous mangeons beaucoup. C'est l'occasion de côtoyer d'autres parents et de mieux connaître les jeunes hommes de l'équipe.»

M. Price s'est dit très fier de l'homme qu'est devenu le gardien vedette du Canadien.

«Il est passé au travers de périodes difficiles. Mais Carey possède une grande force de caractère, une belle résilience. Il ne déprime jamais trop quand les choses vont moins bien et il ne s'emballe pas quand ça va très bien. Il est animé d'une confiance inébranlable qui lui fait croire qu'il peut toujours bien faire.

«Sur le plan personnel, ça l'a affecté quand ça allait moins bien ou que les amateurs le huaient, a repris Jerry Price. Mais il ne s'attardait pas à ça, il ne jouait jamais à la victime. Il pensait continuellement à devenir meilleur ou à des éléments de solution qui lui permettraient de surmonter les obstacles.

«Je peux vous dire qu'il est très attaché aux gens de Montréal, à la ville, aux partisans de l'équipe et à ses coéquipiers. Carey aime les gens», a conclu le paternel Price.

Orphelin de père, l'entraîneur Michel Therrien a lancé une invitation de dernière minute à Jean-Claude Morissette, membre du célèbre clan grâce auquel il a fait ses débuts comme entraîneur dans les rangs juniors, en 1990. Therrien et Morissette ont gagné la Coupe Memorial ensemble avec les Prédateurs de Granby, le 19 mai 1996.

«Je suis très proche de la famille Morissette, particulièrement de Jean-Claude que je considère comme un père spirituel, a dit Therrien. Mon garçon ne peut pas venir parce qu'il s'est fait extraire quatre dents de sagesse, lundi. J'ai immédiatement contacté Jean-Claude qui était très heureux de prendre la relève. Nous allons passer de bons moments ensemble.»