La rentrée s'annonce houleuse dans le hockey mineur, alors que le réseau scolaire refuse d'appliquer les nouveaux règlements de Hockey Québec concernant la mise en échec. Devant cette fronde, la fédération demande au gouvernement d'intervenir pour forcer la main aux établissements d'enseignement.

«On ne part pas en guerre contre qui que ce soit. Nous, on ne fait qu'établir les principes de sécurité, c'est la responsabilité de toute fédération sportive», a expliqué le directeur de Hockey Québec, Sylvain Lalonde, en entrevue.

Au printemps, Hockey Québec a décidé de limiter la mise en échec dans les catégories civiles bantam CC et midget BB, ainsi que dans les quelque 110 équipes du réseau scolaire. La fédération, qui dit vouloir s'attaquer aux commotions cérébrales chez les jeunes, demandait aux écoles secondaires d'éliminer ou de mieux encadrer la mise en échec chez les hockeyeurs de 13 et 14 ans.

Mais les deux ligues du réseau scolaire ont confirmé à La Presse qu'elles refusaient de se plier aux directives de la fédération. Selon elles, les nouvelles règles visent surtout à freiner la croissance du hockey scolaire.

«On croit à la sécurité, on n'est pas en train de dire que ce n'est pas important», a dit le président de la Ligue de hockey préparatoire scolaire (LHPS), Martin Lavallée. Mais il confirme que les mises en échec seront toujours là à la rentrée.

La LHPS a notamment des équipes au collège Notre-Dame, au collège Jean-Eudes et au collège Sainte-Anne. La LHPS, qui s'était affiliée à Hockey Québec il y a un an, a décidé la semaine dernière de quitter la fédération justement à cause de la question de la mise en échec.

L'autre ligue scolaire, le Réseau du sport étudiant du Québec (RSEQ), maintient une ligne similaire: elle n'appliquera pas la nouvelle réglementation pour l'instant. «Est-ce que la rentrée va être problématique? Je vous dirais que oui. Il y a la LHPS qui se retire de Hockey Québec. De notre côté, on demande des explications sur la façon dont la décision de la fédération a été prise, a indiqué le directeur du RSEQ, Gustave Roel. On les demande et on les attend toujours.»

Le gouvernement invité à agir

Hockey Québec n'entend pas en rester là. La fédération a contacté le ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport (MEESR). Selon l'article 27 de la Loi sur la sécurité dans les sports, «un organisme sportif non affilié à une fédération doit faire approuver son règlement de sécurité par le ministre».

C'est donc dire que le Ministère pourrait obliger le RSEQ et la LHPS à appliquer les règles de la fédération en matière de mise en échec. C'est ce que demande Sylvain Lalonde.

«Ça va interpeller le ministre de l'Éducation, parce qu'on est à la croisée des chemins. Que la LHPS soit membre ou non membre, c'est un élément. Mais que la LHPS ne suive pas la réglementation au chapitre de la sécurité, je pense que ça nécessite des interventions du gouvernement», dit le directeur de la fédération .

Le différend qui oppose Hockey Québec au hockey scolaire ne date pas d'hier. La question des mises en échec n'en est que le dernier chapitre. Le coeur du problème est relativement simple: les écoles veulent avoir des équipes de hockey de niveau élite, alors que Hockey Québec estime que le réseau civil est le seul, dans les catégories AAA et AA, à relever de l'élite.

Selon les nouveaux règlements de Hockey Québec, la mise en échec chez les hockeyeurs bantam (13 et 14 ans) ne serait plus permise que dans les catégories AAA et AA. Le réseau scolaire craint donc de perdre des joueurs de grand talent au profit du réseau civil si elle respecte la nouvelle règlementation.

«Est-ce que ces nouveaux règlements sont mis en place pour protéger la sécurité des joueurs ou pour protéger des structures en place?», demande Gustave Roel, du RSEQ.

En d'autres termes, M. Roel se demande si la fédération n'est pas en train d'utiliser la question des commotions cérébrales pour limiter la croissance du réseau scolaire.

Sylvain Lalonde assure, quant à lui, que la sécurité des joueurs est la priorité. Selon lui, les hockeyeurs du réseau scolaire ne sont pas des joueurs d'élite et il ne sert à rien de mettre leur santé en péril alors «qu'ils ont très peu de chances de rejoindre les grandes ligues».

«Dans les dernières semaines, le hockey scolaire s'est mis à se comparer au AA et au AAA. C'est assez, il faut le dire, lance le directeur de Hockey Québec. On a toujours dit qu'on n'irait pas sur la place publique pour le dire, mais là, il faut le dire, car on attaque la crédibilité de notre décision.»

«On voit très mal que des jeunes dans le civil, dans le bantam CC ou le bantam A, évoluent sans mise en échec alors que le même genre de joueurs se retrouvent au niveau scolaire avec des mises en échec. Ce serait un non-sens», dit-il.

Par le biais d'un porte-parole, le MEESR a confirmé avoir été «mis au courant de cette situation».

«Pour le Ministère, l'organisme québécois de régie sportive qu'il reconnaît et soutient financièrement pour des mandats, dont celui de la sécurité, est Hockey Québec», a expliqué Pascal Ouellet.